LA BCE DONNE SON FEU VERT À LA PROCHAINE ÉTAPE DU PROJET D'EURO NUMÉRIQUE
Paris / La Gazette
La Banque centrale européenne (BCE) s'est rapprochée de la création d'un "euro numérique" en donnant son feu vert à la prochaine étape du projet, même si des questions persistent quant aux avantages et aux risques potentiels.
Le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de lancer une "phase de préparation" de deux ans à partir de novembre, a déclaré la banque dans un communiqué le 18 octobre.
La décision finale concernant le lancement d'une monnaie virtuelle n'a pas encore été prise, a-t-elle souligné.
"Nous devons préparer notre monnaie pour l'avenir", a exhorté Christine Lagarde, présidente de la BCE.
Un euro numérique, a-t-elle ajouté, "coexisterait avec l'argent liquide, qui sera toujours disponible et ne laissera personne de côté".
De la Chine aux États-Unis, de la Jamaïque au Japon, plus d'une centaine de banques centrales dans le monde étudient ou se préparent à mettre en place des monnaies numériques à mesure que les paiements électroniques se développent et modifient la façon dont les gens dépensent leur argent.
Un euro numérique serait une version électronique des billets et des pièces en euros émis par la BCE. Les paiements pourraient être effectués en ligne ou hors ligne au moyen d'une application pour smartphone ou d'une carte.
"Nous envisageons l'euro numérique comme une forme numérique d'argent liquide qui peut être utilisée pour tous les paiements numériques, sans frais, et qui répond aux normes de confidentialité les plus élevées", a indiqué Mme Lagarde dans le communiqué.
Les monnaies numériques soutenues par les banques centrales (CBDC) ont été présentées comme une alternative sans risque aux crypto-monnaies privées, très volatiles, comme le bitcoin, qui ont connu un regain de popularité ces dernières années.
Un euro numérique offrirait également une solution de paiement "paneuropéenne", a estimé la BCE, contrant la domination des géants du paiement étrangers comme MasterCard, Visa ou PayPal dans la zone euro qui compte 20 pays.
Pour éviter une fuite des dépôts, certains responsables de la BCE ont proposé de plafonner le nombre d'euros numériques qu'un citoyen peut détenir, mais la déclaration du 18 octobre n'en fait pas mention.
Erick Lacourrège, directeur général des moyens de paiement de la Banque de France, a fait part de son scepticisme lors d'une réunion avec des journalistes à Paris.
Mais dans un monde déjà "hyper bancarisé" où chaque citoyen dispose de quantité de moyens de paiements, "l'idée de lancer un moyen de paiement supplémentaire n'est pas spontanément naturelle", a reconnu M. Lacourrège.
Mais il a cité le déclin rapide de l'utilisation de l'argent liquide, ainsi que les inquiétudes concernant la "souveraineté" des paiements dans la zone euro, comme autant de raisons de poursuivre le développement du projet.
