Pour la première fois en Azerbaïdjan, une exposition d'œuvres du célèbre photographe français Paul Nadar
Paris / La Gazette
Le Musée national des Beaux-arts d'Azerbaïdjan à Bakou accueille une exposition d'œuvres du célèbre photographe français Paul Nadar (1856-1939). Paul Nadar est entré dans l'histoire de la photographie comme un remarquable photographe de rue.
C'est la première fois que ces 70 photographies sont exposées en Azerbaïdjan. L'exposition est organisée par l'ambassade de France en Azerbaïdjan et l'Institut français d'Azerbaïdjan, en coopération avec le ministère de la Culture et le Musée national des Beaux-arts d'Azerbaïdjan. Cette exposition bénéficie du soutien de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine rattachée au Ministère de la Culture (France). La commissaire d’exposition est Mme Konul Rafiyeva.
Lors de la cérémonie d'ouverture, la vice-ministre de la Culture d'Azerbaïdjan, Sevda Mammadaliyeva, a noté que l'exposition s'inscrivait dans le cadre des relations culturelles entre l'Azerbaïdjan et la France.
« Le riche patrimoine historique et culturel de l'Azerbaïdjan a toujours suscité l'intérêt et l'attention des voyageurs et des représentants des arts étrangers. La visite de Paul Nadar à Bakou permet de l'affirmer », a-t-elle assuré.
Il a été souligné que Paul Nadar était l'un des photographes les plus connus et les plus talentueux de son époque, et que les photographies prises en Azerbaïdjan étaient d'une grande importance en tant que preuves documentaires de la fin du XIXe siècle à Bakou. Lors de son voyage à Bakou, Paul Nadar a capturé des spécimens architecturaux uniques de la Vieille ville, le palais des Chirvanchahs, ainsi que des représentants de la population locale.
L'ambassadeur de France en Azerbaïdjan, Zacharie Gross, a rappelé que des milliers de photos avaient été prises au cours de son voyage, ces photos avaient ensuite été présentées lors d'expositions et de conférences internationales, et étaient désormais conservées en France dans les archives photographiques de la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine du ministère français de la Culture.
« Ces photographies prises il y a 130 ans nous permettent de jeter un regard sur Bakou de cette époque à travers les yeux d'un photographe français. Je pense que l'exposition contribuera au développement et à l'élargissement des relations France-Azerbaïdjan dans le domaine de la culture », a estimé le diplomate français.
Paul Nadar, photographe français
Paul Nadar (1856-1939), fils et héritier du célèbre photographe Félix Nadar, exerce son art dans le domaine du portrait. Toutes les personnalités de la seconde moitié du 19e siècle défilent dans son atelier, suivies de la bourgeoisie parisienne. Loin du confort de son atelier, il saisit avec bonheur la foule vivante et colorée des bazars et des marchés de Samarcande, Tilfis, Tachkent ou Boukhara, les chasses au faucon et à l'aigle, les grands espaces sablonneux du désert de Kara-Koum, le dépouillement des vestiges majestueux aux formes brisées habités par le silence.
Paul Nadar n'est ni un explorateur, ni un aventurier, mais simplement un photographe parisien en quête de paysages insolites et dont la curiosité est comblée, comme l'atteste la correspondance adressée à sa mère : « Ta chère pensée ne me quitte pas, petite mère, et j'ai le regret infini que ni toi ni papa ne connaissiez tout ce que je vois d'extraordinaire. J'en suis étourdi et il me semble que je suis transporté dans un pays de féeries où tout est imaginaire tellement ce qui s'est déroulé devant notre train et ce que j'ai vu depuis mon arrivée est tellement différent et en dehors de tout ce que l'on peut supposer ».
Son voyage suit les rares voies de communications alors en service entre l'Europe et l'Asie. Parti de Paris par l'Orient-Express, il arrive à Constantinople le 18 août 1890. Du port de Batoum sur la mer Noire, il rejoint Bakou en faisant étape à Tiflis. Enfin, la traversée de la mer Caspienne le mène au tout récent port russe d'Ouzoun-Ada, tête de ligne du Transcaspien. D'Ouzoun-Ada à Samarcande, il visite ce pays de déserts en utilisant cette unique voie de chemin de fer, puis en voiture à cheval, il poursuit son voyage jusqu'à Tachkent où il participe par une présentation de photographies à une exposition universelle.
Dans ces étendues désertiques où seules quelques oasis ont permis depuis la plus haute antiquité l'implantation de villes comme Merv, Boukhara, ou Samarcande, le chemin de fer, seule voie de communication, suit les anciennes étapes de la route de la soie. En 1890, le Transcaspien est encore en voie militaire, construite et administrée par les soldats russes. Français, photographe de renom, Paul Nadar obtient aisément un laissez-passer pour visiter cette province contrôlée militairement par l'armée tsariste. Recommandé par le général Komarov, gouverneur du Turkestan russe et le général Annenkov, ingénieur chargé de la construction du Transcaspien, il est reçu et même fêté à chaque étape par les officiers, les émirs, les beys.
Outre le classique matériel permettant d'effectuer des photographies sur plaques de verre 30x40 cm, difficiles à transporter sans dommage dans ce genre de reportage, il utilise de tous nouveaux appareils, mis au point par Eastman. Ces Kodak fonctionnent avec des pellicules souples, d'un transport et d'une utilisation beaucoup plus simples. Ils lui permettent de ramener des centaines de clichés qui représentent aujourd'hui un témoignage précieux sur un pays qui, en un siècle, a complètement changé d'aspect. Désertique en 1890, le Turkestan devient une importante région agricole. Les architectures islamiques, en particulier les mosquées de Samarcande, sont restaurées. Ces photographies nous invitent aujourd'hui à un double voyage : voyage en Asie centrale où les seuls noms d'Amou-Daria, Boukhara, Samarcande nous invitent aux rêves orientalistes, mais aussi voyage dans le temps quand les Turkmènes des steppes rencontrent l'Occident.
Le Voyage à Bakou de Paul Nadar
Paul Nadar a capturé lors de son séjour à Bakou de nombreuses photos qui racontent le quotidien de la ville un jour de l’année 1890. A travers ses clichés en noir et blanc, on redécouvre le minaret de la mosquée, les double-portes de la vieille ville, la façade de la gare mais également – et surtout ! – les visages des Bakinois de l’époque. Ce voyage à Bakou a lieu dans le cadre d’une expédition au long cours organisée par la « Société internationale de wagons-lits et des grands express européens » à travers le Caucase et la région du « Turkestan » russe de l’époque. Paul Nadar ramènera plus de 1800 négatifs de ce voyage de plusieurs mois.
L'exposition durera jusqu'au 15 février prochain.
