COUP D'ÉTAT AU NIGER : LE CHEF DES PUTSCHISTES PROMET UNE TRANSITION DU POUVOIR EN TROIS ANS
Paris / La Gazette
Le chef du coup d'État nigérien a promis de ramener la nation ouest-africaine à un régime civil dans un délai de trois ans.
Le général Abdourahamane Tchiani a fait cette annonce après avoir rencontré les médiateurs de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dans la capitale, Niamey.
La Cedeao a menacé d'intervenir militairement contre le renversement du président Mohamed Bazoum le mois dernier si les pourparlers échouaient.
Le chef de la junte a déclaré que le Niger ne voulait pas d'une guerre, mais qu'il se défendrait contre toute intervention étrangère.
« Si une attaque devait être entreprise contre nous, ce ne serait pas une promenade de santé comme certains semblent le croire », a-t-il averti dans son allocution télévisée de samedi soir.
Le général Tchiani a également réitéré ses critiques à l'égard de ce qu'il a appelé les sanctions « illégales et inhumaines » imposées par la Cedeao à ce pays enclavé.
Ces sanctions ont notamment consisté à couper l'électricité, ce qui a entraîné des pannes à Niamey et dans d'autres grandes villes, ainsi qu'à bloquer des importations cruciales.
Les chauffeurs de camions ont été bloqués pendant des semaines dans l'attente d'un approvisionnement, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires.
« Les sanctions ne sont pas conçues dans le but de trouver une solution, mais pour nous mettre à genoux et nous humilier », a estimé le général Tchiani.
Les efforts régionaux visant à renverser le coup d'État ont été soutenus par les États-Unis et la France, qui ont tous deux des bases militaires au Niger. Ces bases s'inscrivent dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes dans la région du Sahel.
Le chef de la junte, qui dirigeait la garde présidentielle avant de prendre le pouvoir le 26 juillet, a mis en garde qu'une intervention militaire pourrait aggraver les insurrections islamistes liées à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Le coup d'État fait écho à des prises de pouvoir similaires dans les pays voisins, le Burkina Faso et le Mali.
L'influence de la Russie dans la région du Sahel s'accroît également par l'intermédiaire de son groupe de mercenaires Wagner.
Le général Tchiani n'a pas donné de détails sur la passation du pouvoir, mais a indiqué que les principes de la transition seraient décidés dans les 30 jours lors d'un « dialogue » organisé par les putschistes.
La Cedeao n'a pas encore commenté l'annonce, si ce n'est qu'au cours de la visite de samedi, les médiateurs ont également rencontré M. Bazoum, qui est détenu avec sa femme et son fils depuis le coup d'État.
La délégation était conduite par l'ancien chef militaire nigérian, le général Abdulsalami Abubakar, et comprenait également le plus haut dirigeant musulman du Nigeria, le sultan de Sokoto, Muhammadu Sa'adu Abubakar III.
La réunion de samedi était la première entre les dirigeants de la junte et la CEDEAO.
