GUERRE EN UKRAINE: LES ÉTATS-UNIS AFFIRMENT QUE LA CHINE ENVISAGE D'ARMER LA RUSSIE
Paris / La Gazette
Les États-Unis ont accusé dimanche la Chine d'envisager d'armer la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, faisant monter les tensions alors que la guerre atteint son premier anniversaire cette semaine.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a lancé ces allégations alors que les relations entre les États-Unis et la Chine ont été mises à rude épreuve par l'abattage par Washington, ce mois-ci, de ce qu'il considère comme un grand ballon espion chinois.
L'Union européenne a également tiré la sonnette d'alarme au sujet des munitions dans le conflit ukrainien, affirmant que les graves pénuries de munitions auxquelles sont confrontées les forces ukrainiennes devaient être surmontées en quelques semaines.
M. Blinken a indiqué à CBS que la Chine « envisageait désormais de fournir un soutien létal » à Moscou, allant « des munitions aux armes elles-mêmes ».
« Nous leur avons fait comprendre très clairement que cela poserait un sérieux problème pour nous et dans nos relations », a-t-il ajouté.
Il a fait des commentaires similaires dans une série d'interviews depuis l'Allemagne, où il a assisté samedi à la Conférence de Munich sur la sécurité et rencontré son homologue chinois, Wang Yi.
Lors de la Conférence de Munich, le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a également lancé un avertissement sévère concernant la diminution des stocks de balles et autres munitions de l'Ukraine, qui se bat contre l'invasion russe.
« (Accélérons) notre soutien militaire à l'Ukraine car l'Ukraine se trouve dans une situation critique du point de vue des munitions disponibles », a exhorté M. Borrell.
« Cette pénurie de munitions doit être résolue rapidement, c'est une question de semaines », a-t-il ajouté.
Certains se sont inquiétés de voir la Chine resserrer ses liens avec la Russie malgré la guerre, mais M. Wang a insisté sur le fait que Pékin jouait un rôle constructif et soutiendrait le dialogue et d'éventuels pourparlers de paix.
Lors de son interview dimanche avec ABC, M. Blinken a souligné que le président américain Joe Biden avait mis en garde son homologue chinois, Xi Jinping, dès mars dernier, contre la livraison d'armes à la Russie.
Depuis lors, « la Chine a veillé à ne pas franchir cette ligne, notamment en s'abstenant de vendre des systèmes d'armes létaux destinés à être utilisés sur le champ de bataille », selon une source de l'administration familière de la question.
Un sénateur républicain américain de premier plan, Lindsey Graham, qui a également participé à la Conférence de Munich, a déclaré que la Chine commettrait une grave erreur en fournissant des armes à la Russie.
Le faire maintenant, a-t-il dit, serait « plus bête que nature ». « Ce serait comme acheter un billet sur le Titanic après avoir vu le film », a-t-il comparé.
M. Graham, connu pour être un faucon bien informé en matière de politique étrangère, a également fait savior qu'il avait de fortes raisons de penser que les États-Unis allaient bientôt annoncer leur intention de former des pilotes de chasse ukrainiens, ce qui représenterait une nouvelle étape dans les efforts progressivement croissants de l'Occident pour armer l'Ukraine.
M. Graham a également exprimé sa conviction que les États-Unis devraient déclarer la Russie comme un État soutenant le terrorisme pour ses actions en Ukraine, ce qui signifierait que la Chine ou tout autre pays lui fournissant des armes s'exposerait à des sanctions.
La réunion de M. Blinken avec M. Wang - la rencontre au plus haut niveau entre les deux pays depuis que les avions américains ont abattu le ballon chinois le 4 février dernier - n'a pas semblé aplanir les récentes frictions.
« Je lui ai dit tout simplement que c'était inacceptable et que cela ne devait plus jamais se reproduire », a laissé entendre M. Blinken à CBS au sujet de l'incident du ballon.
Samedi, M. Wang a rejeté les allégations américaines d'espionnage à haute altitude dans un langage inhabituellement fort, les qualifiant d'« hystériques et absurdes ».
M. Blinken a affirmé que son homologue ne lui avait présenté « aucune excuse ».
Ces échanges musclés interviennent un jour après que la vice-présidente américaine Kamala Harris a affiirmé à Munich que la Russie avait commis des « crimes contre l'humanité » en Ukraine par des attaques « généralisées et systémiques » contre la population civile du pays.
M. Biden prendra la parole à Varsovie mardi pour saluer l'effort sans précédent de l'OTAN pour aider les Ukrainiens à sauver leur pays, alors qu'il marque la première année de la guerre.
Le même jour, le président Vladimir Poutine prononcera son propre discours à Moscou, à trois jours du 24 février, date anniversaire de l'entrée des chars russes en Ukraine.
