LE RESPONSABLE DES DROITS DE L'HOMME DE L'ONU EXHORTE L'IRAN À METTRE FIN À LA REPRESSION VIOLENTE DES MANIFESTATIONS

Paris / La Gazette
L'Iran a été confronté à la perspective d'une enquête internationale jeudi, alors que le responsable des droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk, a exhorté le pays à mettre immédiatement un terme à sa violente répression des manifestants.
M. Turk a ouvert une session d'urgence du Conseil des droits de l'homme (CDH) des Nations unies, au cours de laquelle les pays ont été appelés à discuter de la « détérioration de la situation des droits de l'homme » en Iran et à déterminer si une enquête internationale de haut niveau est justifiée.
Cette réunion, demandée par l'Allemagne et l'Islande avec le soutien de plus de 50 pays, fait suite à deux mois de manifestations en Iran, déclenchées par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes par la charia.
« J'appelle les autorités à cesser immédiatement de recourir à la violence et au harcèlement contre les manifestants pacifiques », a déclaré M. Turk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.
« L'usage inutile et disproportionné de la force doit cesser », a-t-il ajouté, prévenant que l'Iran se trouvait dans « une crise des droits de l'homme à part entière ».
« L'obligation de rendre des comptes est un ingrédient essentiel de la recherche de la justice pour les violations des droits de l'homme », a-t-il indiqué aux 47 membres du Conseil, exhortant l'organe à voter en faveur d'une enquête.
Les autorités iraniennes ont réagi de manière de plus en plus musclée, alors que les manifestations se sont étendues à tout le pays et se sont transformées en un vaste mouvement contre la théocratie qui dirige l'Iran depuis 1979.
M. Turk a affirmé que plus de 300 personnes avaient été tuées depuis la mort d'Amini. Le groupe Iran Human Rights, basé en Norvège, a estimé le nombre de victimes à plus de 400, dont plus de 50 enfants.
« Les forces de sécurité (...) ont utilisé des balles réelles, des plombs de chasse et d'autres plombs métalliques, des gaz lacrymogènes et des matraques », a souligné le Haut-Commissaire de l'ONU.
Il a également indiqué qu'environ 14 000 personnes, dont des enfants, ont été arrêtées dans le cadre des manifestations, qualifiant ce chiffre de « stupéfiant. »
À ce jour, au moins six personnes ont été condamnées à mort dans le cadre des manifestations.
Pas de « crédibilité morale ».
Dans sa réaction, Téhéran a critiqué les pays occidentaux qui ont demandé cette session d'urgence, affirmant qu'ils manquaient de « crédibilité morale ».
Les États-Unis et les pays européens qui ont poussé à la réunion de jeudi « n'ont pas la crédibilité morale de prêcher les autres sur les droits de l'homme et de demander une session spéciale sur l'Iran », a déclaré Khadijeh Karimi, vice-présidente iranienne chargée des affaires féminines et familiales, au Conseil à Genève.
L'Allemagne et l'Islande ont toutefois reçu un large soutien pour leur demande de tenir la session de jeudi, notamment de la part de plus d'un tiers des 47 membres du Conseil.
Les diplomates occidentaux ont exprimé un optimisme prudent quant à l'adoption de la résolution, tout en reconnaissant qu'elle pourrait être serrée.
50 policiers tués
Jeudi également, les autorités iraniennes ont déclaré qu'une cinquantaine de policiers avaient été tués dans les manifestations depuis septembre.
« Une cinquantaine de policiers ont été tués au cours des manifestations et des centaines ont été blessé », a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Bagheri Kani, qui est également le principal négociateur nucléaire iranien, dans une interview à la télévision indienne.
Il n'a pas donné de chiffre sur le nombre de manifestants tués, mais a indiqué que le ministère de l'Intérieur avait constitué un groupe chargé d'enquêter sur ces décès. Les médias d'État iraniens ont rapporté le mois dernier que 46 membres des forces de sécurité avaient été tués, mais sans citer de responsables