Lagazette

LA FRANCE ET L'ALGÉRIE AU BORD DE LA RUPTURE

20 Mars 2025 19:31 (UTC+01:00)
LA FRANCE ET L'ALGÉRIE AU BORD DE LA RUPTURE
LA FRANCE ET L'ALGÉRIE AU BORD DE LA RUPTURE

Paris / La Gazette

Les relations entre la France et l'Algérie ont atteint un niveau historiquement bas, avec une escalade des tensions concernant les politiques d'immigration, les différends diplomatiques et les préoccupations en matière de sécurité.

Autrefois considérée comme une relation délicate mais gérable, les deux nations se trouvent désormais au bord d'une rupture diplomatique, marquant la détérioration la plus grave depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962.

Les deux pays préparent des mesures de représailles alors que l'impasse s'intensifie.

La France a accusé l'Algérie de refuser de réadmettre 60 de ses ressortissants sous le coup d'une expulsion, incitant le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, à annoncer une « réponse graduelle » qui pourrait dégénérer en une véritable crise diplomatique.

Les tensions se sont intensifiées ces derniers mois, notamment après l'arrestation de l'écrivain algérien Boualem Sansal et l'attaque du 22 février à Mulhouse, en France, perpétrée par un ressortissant algérien que les autorités françaises avaient tenté en vain de déporter.

En réponse, les responsables français ont commencé à envisager une série de mesures, y compris la révocation des exemptions de visa pour les diplomates algériens et la restriction de l'émission de visas pour les hauts fonctionnaires.

Un mémo interne du ministère français de l'Intérieur, divulgué par La Tribune Dimanche, décrit des mesures de représailles potentielles, y compris le refus d'entrée à certaines personnalités algériennes, la suspension des opérations aériennes et maritimes algériennes en France, et le renforcement des contrôles aux frontières – en particulier sur les ferries arrivant au port de Sète.

En Algérie, les responsables ont averti que toute sanction française sera suivie de mesures réciproques. Parmi les réponses potentielles figure la réévaluation des contrats de location pour 61 propriétés occupées par des bureaux diplomatiques français, y compris l'ambassade de France à Alger, qui fonctionne actuellement sous un bail symbolique bien en dessous de la valeur du marché.

L'Algérie pourrait également imposer des restrictions économiques aux entreprises françaises opérant dans le pays, y compris les compagnies aériennes et maritimes telles qu'Air France et CMA CGM.

L'une des contre-mesures les plus efficaces de l'Algérie, selon les experts, serait d'interdire aux avions civils français d'utiliser l'espace aérien algérien. Une telle mesure augmenterait considérablement les coûts d'exploitation des compagnies aériennes françaises desservant des routes lucratives vers l'Afrique.

Cependant, il est peu probable que l'Algérie cible des géants énergétiques français comme TotalEnergies et Engie, car de telles actions pourraient dissuader les investissements étrangers.

La France a exporté des biens d'une valeur de 4,8 milliards d'euros (5,21 milliards de dollars) vers l'Algérie en 2024, soit une augmentation de 6,6 % par rapport à l'année précédente. Les responsables algériens ont laissé entendre qu'ils pourraient exposer les anciens dirigeants algériens ayant des actifs en France, ce qui pourrait potentiellement conduire à la récupération des fonds détournés sous les régimes précédents.

Le président français Emmanuel Macron a adopté une approche prudente, cherchant à éviter une rupture publique avec l'Algérie. Cependant, son ministre de l'Intérieur a plaidé pour une position plus ferme, arguant que les intérêts français doivent être protégés.

Au cœur du différend se trouve le changement de position diplomatique de la France sur le Sahara occidental. La décision du président Macron de reconnaître la souveraineté du Maroc sur la région en 2024 a gravement tendu les relations avec l'Algérie, qui a longtemps soutenu le mouvement d'indépendance sahraoui.

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus