LA RUSSIE ET LA TURQUIE UTILISERONT LE ROUBLE POUR LEURS APPROVISIONNEMENTS EN GAZ, EN REMPLACEMENT DU DOLLAR AMÉRICAIN
Paris / La Gazette
Moscou et Ankara ont convenu de commencer progressivement à payer les livraisons de gaz en roubles russes.
À l'issue d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan vendredi, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a révélé que les parties ont discuté des livraisons de gaz et se sont mises d'accord sur son paiement partiel en roubles.
« Il y avait un élément important ; on a discuté des livraisons de gaz à la République de Turquie, qui est fournie dans un volume assez énorme - 26 milliards de mètres cubes par an », a déclaré M. Novak aux journalistes. « Les présidents sont convenus au cours des discussions que nous commencerons les livraisons partielles de gaz et le paiement en roubles. »
Le vice-Premier ministre russe a poursuivi en disant que la discussion entre les deux parties n'en était qu'à ses débuts, ajoutant qu'une partie des fournitures serait payée en roubles russes.
« Il s'agit d'une nouvelle étape, de nouvelles opportunités, y compris pour le développement de nos relations monétaires et financières », a ajouté M. Novak.
La Russie, premier exportateur mondial de gaz naturel, reste le principal fournisseur de gaz de la Turquie, malgré une baisse de l'offre globale d'une année sur l'autre. Les deux pays font du commerce de gaz par le biais de deux grands gazoducs - le Blue Stream et le TurkStream. La capacité de transport annuelle du Blue Stream est de 16 milliards de m3, tandis que le TurkStream fournit deux fois plus, soit 31 milliards de m3 par an.
Au cours des entretiens menés à Sotchi, ville de la mer Noire, M. Poutine a fait l'éloge du projet de gazoduc TurkStream, déclarant que l'Europe devait être reconnaissante à la Turquie pour ses approvisionnements ininterrompus en gaz russe.
Les deux dirigeants ont également discuté de la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu, dans le sud de la Turquie. Ce projet de 20 milliards de dollars, financé par la société d'État russe Rosatom pour l'énergie atomique, sera la première centrale nucléaire construite en Turquie. L'installation devrait être opérationnelle à la mi-2023. En vertu d'un accord conclu en 2010, la Russie est responsable de la conception, de la construction, de la maintenance, de l'exploitation et du démantèlement de la centrale à l'issue de sa durée de vie de 60 ans.
La Russie a fourni 26,34 milliards de m3 de gaz naturel à la Turquie, représentant 40 % des importations totales de gaz de cette dernière en 2021, et marquant une baisse par rapport à la part de marché de 51 % en 2018.
Les discussions sur les transactions entre la lire et le rouble ont commencé lorsque les tensions entre la Russie et les États-Unis ont grimpé en flèche à la suite de la crise en Ukraine en 2014. Les relations entre les deux pays se sont encore détériorées lorsque Moscou a lancé ce qu'il appelle une « opération militaire spéciale » en Ukraine plus tôt cette année. Le 31 mars, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les pays « inamicaux », notamment ceux responsables des sanctions contre la Russie, devraient payer le gaz naturel russe en roubles plutôt qu'en dollars ou en euros. Pour pouvoir effectuer ces paiements, l'acheteur du gaz doit ouvrir un compte en euros et un compte en roubles auprès de la Gazprombank à Moscou.
La Russie a adopté diverses mesures dans le cadre de ses efforts pour réduire sa dépendance à l'égard du dollar américain. Le Kremlin s'efforcerait délibérément de convaincre les autres pays de cesser d'effectuer des paiements en dollars et de commencer à effectuer des transactions dans leurs monnaies nationales respectives.
