LA HONGRIE CONCLUT UN ACCORD D'ACHAT DE GAZ AVEC L'AZERBAÏDJAN
Paris / La Gazette
L'Azerbaïdjan pénètre de nouveaux marchés énergétiques en Europe en concluant des accords avec de nouveaux acheteurs, ce qui lui permet à la fois de consolider ses exportations d'énergie et d'atténuer les préoccupations de l'Europe en matière de sécurité énergétique.
L'accord le plus récent sur la fourniture de gaz naturel azerbaïdjanais au « vieux continent » a été conclu la semaine dernière, lors de la visite du président Ilham Aliyev en Hongrie.
Les autorités hongroises, dont le Premier ministre Viktor Orban, ont pesé de manière significative sur l'achat de gaz à l'Azerbaïdjan lors des discussions qui ont eu lieu à Budapest le 20 août.
Les négociations ont abouti à un accord qui a officiellement confirmé le montant et le calendrier des livraisons d'« énergie bleue » aux consommateurs hongrois.
Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjártó, l'accord politique porte sur l'exportation d'un milliard de mètres cubes de gaz de l'Azerbaïdjan vers la Hongrie, qui recevra le premier lot de livraisons commerciales de 100 millions de mètres cubes au cours du dernier trimestre de 2023.
En outre, les deux pays se sont également serré la main sur le stockage de 50 milliards de m3 de gaz azerbaïdjanais dans les réservoirs de Hongrie.
L'accord de la semaine dernière s'inscrit dans le cadre d'un accord précédent signé en juin de cette année entre le conglomérat énergétique azerbaïdjanais SOCAR et la société hongroise MVM CEEnergy. À l'époque, les deux entreprises s'étaient entendues sur la livraison de 100 millions de mètres cubes de gaz d'ici à la fin de 2023.
La Hongrie est en pourparlers avec l'Azerbaïdjan pour l'achat de gaz depuis le début de l'année dernière. Lors d'une réunion avec le ministre azerbaïdjanais de l'économie, Mikayil Jabbarov, en janvier 2023, le ministre Szijjártó a réaffirmé l'intention de Budapest de compter sur les approvisionnements azerbaïdjanais dès que possible, tout en ajoutant que d'importants développements infrastructurels en Europe centrale et du Sud-Est devraient être mis en place pour que cela soit possible.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec le président Aliyev en janvier, le premier ministre Orban a insisté que l'Europe envisageait un scénario de transport d'énergie depuis l'Azerbaïdjan, suite à l'échec de la mise en œuvre du projet NABUCCO il y a 10 ans.
« En regardant la carte, vous verrez que ces volumes d'énergie en provenance d'Azerbaïdjan, en termes de gaz naturel et d'électricité, passeront par la Hongrie. Par conséquent, la Hongrie souhaite également se trouver dans une situation gagnant-gagnant dans ce domaine. De plus, comme nous sommes situés sur la voie de transport, le rôle de la Hongrie augmentera », a fait valoir M. Orban.
La Russie est depuis longtemps un fournisseur de gaz dominant sur le marché hongrois de l'énergie. La Hongrie a obtenu de la Russie 4,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an dans le cadre d'un accord de 15 ans qui entrera en vigueur en 2021. Il existe un accord supplémentaire entre Budapest et Moscou pour modifier les quantités achetées après 10 ans.
Cependant, la Hongrie cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie, notamment en gaz et en pétrole, dans un contexte de pression mondiale sur la Russie en raison de son invasion de l'Ukraine. La guerre en cours en Ukraine a eu des répercussions sur la sécurité énergétique européenne, la Russie ayant revu sa stratégie d'exportation et les acheteurs européens ayant abandonné leur coopération énergétique avec Moscou.
Outre l'Azerbaïdjan, la Hongrie a également conclu la semaine dernière un accord d'importation de gaz naturel en provenance de Turquie. Les discussions entre le premier ministre Orban et le président turc Recep Tayyip Erdogan à Budapest ont abouti à un accord pour la fourniture de 275 millions de mètres cubes de gaz en provenance de Turquie au printemps et à l'été de l'année prochaine.
La semaine dernière, la Hongrie a également conclu un accord avec le Turkménistan pour importer du gaz naturel de ce pays d'Asie centrale.
Budapest envisage également d'importer du GNL via la Croatie et de développer un gisement de gaz en Roumanie. Des négociations sont également en cours avec le Qatar et Oman pour l'approvisionnement en gaz naturel liquéfié.
Les autorités hongroises affirment que les nouveaux accords de coopération énergétique ne doivent pas être considérés comme un rejet des contrats avec la Russie, mais qu'ils visent à diversifier les approvisionnements.
