LE CHEF DE L'ÉNERGIE DU QATAR QUALIFIE LES RÈGLES DE L'UE EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE D'"IMPRATICABLES"
Paris / La Gazette
Saad Sherida Al-Kaabi, ministre des Affaires de l'énergie du Qatar et président-directeur général de QatarEnergy, a exprimé de vives inquiétudes concernant la directive de diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises (CS3D) de l'Union européenne lors du Forum de Doha 2024.
Tout en exprimant son soutien à l'engagement de l'UE en faveur de la durabilité et des droits de l'homme, il a décrit la directive comme impraticable et contre-productive.
"Cette directive concerne toute entreprise opérant en Europe avec plus de 450 millions d'euros de chiffre d'affaires généré sur place. Des entreprises comme QatarEnergy, Shell, ou même les fabricants de voitures devront s'engager à atteindre le zéro net, ce qui est irréalisable pour nous compte tenu de nos expansions", a déclaré M. Al-Kaabi.
Il a en outre critiqué l'exigence pour les entreprises de surveiller toutes les filiales et les fournisseurs pour assurer la conformité, qualifiant cela de "cauchemar administratif" qui nécessiterait une main-d'œuvre importante et entraînerait des pénalités exorbitantes. "Vous nous dites que vous ne voulez pas de notre GNL dans l'UE ?"Parce que je ne vais pas fournir du GNL tout en faisant face à des pénalités sur nos revenus mondiaux", a-t-il averti.
M. Al-Kaabi a également souligné l'impact potentiel sur les investissements mondiaux, en avertissant que de telles réglementations pourraient dissuader les fonds souverains, comme l'Autorité d'Investissement du Qatar, d'investir dans l'UE. "Cela nuira finalement aux entreprises et aux clients européens, qui supporteront les coûts accrus" a-t-il ajouté.
Concernant la transition énergétique, M. Al-Kaabi a insisté sur le rôle crucial du gaz naturel pour résoudre les problèmes d'intermittence des sources d'énergie renouvelable. Il a également souligné la nécessité d'un accès équitable à l'énergie, en citant le fait que plus d'un milliard de personnes n'ont toujours pas accès à l'électricité de base.
En évoquant les contributions du Qatar, le ministre a noté son leadership dans les exportations d'engrais et la production de GNL, avec des projets en cours qui devraient doubler sa capacité de GNL à 142 millions de tonnes par an. Il a également affirmé la solidité des relations énergétiques entre les États-Unis et le Qatar, en soulignant leur résilience à travers les administrations.
"QatarEnergy s'engage en faveur de la durabilité, mais l'approche de l'UE risque de saper la coopération énergétique mondiale et de nuire à leurs propres intérêts", a conclu M. Al-Kaabi.
