MOSCOU REJETTE LES ALLÉGATIONS DU PREMIER MINISTRE ARMÉNIEN SELON LESQUELLES LA RUSSIE EST RESPONSABLE DES RÉCENTES TENSIONS AU KARABAKH

Paris / La Gazette
La Russie espère que la rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue azéri Ilham Aliyev contribuera à assurer la normalisation et la sécurité au Karabakh, a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
"Nous espérons à chaque fois que toutes les réunions tenues par le président de l'Azerbaïdjan, y compris avec le président de la Turquie, contribueront à la sécurité dans la région, à la normalisation de la vie au Karabakh", a déclaré M. Peskov lors d'un point de presse à Moscou.
La Russie salue tous les efforts visant à résoudre le dossier du Karabakh, a insisté M. Peskov.
Le porte-parole de la présidence russe a évoqué que toute personne pouvant contribuer à réduire les tensions et aider à "l'intégration de la population arménienne du Karabakh dans la nouvelle réalité ne peut qu'être accueillie favorablement".
M. Peskov a rejeté les allégations du premier ministre arménien, Nikol Pachinyan, selon lesquelles la Russie est "en partie responsable" des récentes tensions dans la région.
"Nous comprenons l'intensité émotionnelle de ce moment, mais nous sommes catégoriquement en désaccord avec la tentative d'imposer la responsabilité à la partie russe, et encore plus aux soldats de la paix russes, qui font preuve d'un véritable héroïsme, remplissant leurs fonctions conformément au mandat qui leur a été confié", a souligné M. Peskov.
"Personne ne peut reprocher aux soldats de la paix d'avoir mal agi. Nous n'accepterons jamais de tels reproches", a-t-il averti.
Moscou poursuit le dialogue avec les parties à différents niveaux, mais pour l'instant il n'y a pas d'accord sur une réunion des dirigeants, a-t-il dit.
Selon lui, les soldats de la paix russes continueront à œuvrer au Karabakh, mais il est trop tôt pour parler de la durée de leur présence dans la région.
"Ils sont maintenant sur le territoire de l'Azerbaïdjan. Nous poursuivons nos contacts avec Bakou, et les soldats de la paix fournissent une assistance et assistent aux négociations qui ont déjà commencé entre les Arméniens du Karabakh et les autorités azerbaïdjanaises. Jusqu'à présent, ce travail se poursuit", a-t-il précisé.
Dans le même temps, Moscou a accusé lundi l'Arménie d'essayer de rompre ses liens avec la Russie après qu'Erevan a accusé les forces de maintien de la paix russes de ne pas avoir arrêté l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes arméniens au Karabakh la semaine dernière.
"Les dirigeants d'Erevan commettent une grave erreur en essayant délibérément de détruire les liens multiformes et séculaires de l'Arménie avec la Russie et en prenant le pays en otage des jeux géopolitiques de l'Occident", a mis en garde le ministère russe des Affaires étrangères.
Dimanche, M. Pachinyan, a critiqué Moscou pour son refus d'intervenir dans le conflit, qui s'est terminé par l'acceptation par les séparatistes soutenus par l'Arménie de déposer les armes.
M. Pachinyan s'est lamenté que les alliances étrangères actuelles de l'Arménie en matière de sécurité étaient "inefficaces" et "insuffisantes".
Moscou a fait valoir que la déclaration de M. Pachinyan contenait des "attaques inacceptables contre la Russie".
"Il s'agit d'une tentative de se décharger de la responsabilité des échecs en matière de politique intérieure et étrangère", a asséné la diplomatie russe.
"La Russie a toujours respecté le statut d'État de l'Arménie", a assuré le ministère russe, accusant qu'Erevan "préférait courir vers l'Occident plutôt que de travailler avec la Russie et l'Azerbaïdjan".
L'Arménie est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), un groupe dominé par la Russie et composé de six États post-soviétiques.
Le groupe s'engage à protéger les autres membres qui sont attaqués.
L'Azerbaïdjan a suspendu ses mesures antiterroristes le 13 septembre, un jour après qu'elles aient été lancées pour désarmer les forces arméniennes au Karabakh et faire respecter l'accord de paix trilatéral de 2020.
Les relations entre Bakou et Erevan sont tendues depuis 1991, date à laquelle l'armée arménienne a occupé le Karabakh, territoire internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, et sept régions adjacentes.
À l'automne 2020, l'Azerbaïdjan a libéré plusieurs villes, villages et localités de l'occupation arménienne au cours de 44 jours d'affrontements. La guerre s'est terminée par un cessez-le-feu négocié par la Russie et des pourparlers en vue d'une normalisation des relations ont été entamés.