JENS STOLTENBERG CONSTATE DES PROGRÈS DANS LA DEMANDE D'ADHÉSION DE LA SUÈDE À L'OTAN AVANT LES POURPARLERS DE MARS
Paris / La Gazette
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré jeudi qu'il voyait des progrès dans les pourparlers bloqués avec la Turquie sur l'adhésion de la Suède, après que les deux pays ont traversé une période de fortes tensions dues à des manifestations anti-Turquie et anti-islam à Stockholm récemment.
M. Stoltenberg a déclaré à Reuters qu'il avait convenu avec le président Recep Tayyip Erdogan que la Turquie, la Finlande et la Suède se réuniraient au siège de l'OTAN à la mi-mars « pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés en ce qui concerne la ratification par la Turquie du protocole d'adhésion de la Suède ».
M. Stoltenberg, qui a rencontré le président Erdogan la semaine dernière à Ankara, a semblé plus optimiste sur le sujet que ces derniers mois.
« Je vois des progrès », a-t-il souligné dans une interview. « Mon objectif est d'avoir la Finlande et la Suède comme membres à part entière d'ici le sommet de l'OTAN », qui doit se tenir en Lituanie du 11 au 12 juillet.
La Suède et la Finlande voisine ont abandonné des décennies de non-alignement et ont demandé à rejoindre l'OTAN à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Tous les membres de l'OTAN, à l'exception de la Turquie et de la Hongrie, ont ratifié leur adhésion, mais l'unanimité est requise.
Ankara accuse Stockholm d'héberger des membres de groupes terroristes et a exigé leur extradition comme étape vers le feu vert à l'adhésion de la Suède à l'OTAN.
Les pourparlers entre la Finlande, la Suède et la Turquie sont au point mort depuis janvier, après qu'un exemplaire du Coran a été brûlé devant l'ambassade de Turquie à Stockholm par Rasmus Paludan, chef du parti politique d'extrême droite danois Hard Line.
La Turquie et la Hongrie sont les seuls alliés de l'OTAN qui n'ont pas encore ratifié l'adhésion de la Finlande et de la Suède, bien que Budapest ait déclaré vouloir franchir cette étape pour ces deux pays au début du mois de mars.
M. Stoltenberg a fait remarquer que, indépendamment de la ratification en suspens, les deux États nordiques étaient plus en sécurité qu'avant leur adhésion à l'OTAN.
« Dans le cadre du processus d'adhésion, plusieurs alliés de l'OTAN, dont les États-Unis, ont émis des garanties de sécurité bilatérales », a-t-il renchéri.
« Il est donc inconcevable que la Finlande ou la Suède soient confrontées à des menaces militaires de la part de la Russie sans que l'OTAN ne réagisse », a-t-il averti.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'il n'y aurait aucune menace pour la Russie si la Suède et la Finlande rejoignaient l'OTAN, mais que Moscou réagirait si l'alliance dirigée par les États-Unis renforçait l'infrastructure militaire dans les deux pays nordiques.
Il a cité à plusieurs reprises l'élargissement post-soviétique de l'alliance de l'OTAN vers l'est, vers ses frontières, pour justifier ce qu'il a appelé « l'opération militaire spéciale » de la Russie en Ukraine.
La Turquie a souvent fait savoir qu'elle ne s'opposait pas à l'élargissement de l'OTAN, mais elle reproche à Stockholm de ne pas prendre de mesures contre les éléments qui constituent une menace pour la sécurité d'Ankara.
En juin dernier, la Turquie et les deux pays nordiques ont signé un mémorandum pour répondre aux préoccupations légitimes d'Ankara en matière de sécurité, ouvrant ainsi la voie à leur adhésion éventuelle à l'alliance.
Mais les récentes manifestations de personnalités islamophobes à Stockholm ont conduit les dirigeants turcs à remettre en question l'engagement de la Suède à prendre les mesures nécessaires pour obtenir l'adhésion à l'OTAN.
Entre-temps, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé vendredi que si les inquiétudes de la Turquie concernant l'adhésion de la Suède ne sont pas apaisées, l'expansion de l'OTAN pourrait échouer.
La Hongrie prévoit d'envoyer une délégation en Suède et en Finlande pour résoudre les « différends politiques » qui ont fait naître des doutes chez certains législateurs hongrois quant au soutien à apporter aux demandes d'adhésion des deux pays nordiques, a déclaré jeudi un législateur hongrois de haut rang.
Mate Kocsis, chef du groupe parlementaire du parti nationaliste Fidesz, a déclaré lors d'un point de presse qu'un « débat sérieux » avait émergé au sein du groupe sur l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, selon l'agence de presse nationale MTI.
Une délégation parlementaire se rendra en Suède et en Finlande pour tenter de clarifier leurs positions, a prrécisé M. Kocsis. Cet déplacement ne devrait pas retarder le débat du parlement hongrois, qui doit commencer la semaine prochaine, sur la ratification des applications de l'OTAN, a-t-il ajouté.
