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GUERRE EN UKRAINE, CRISE ÉNERGÉTIQUE EN EUROPE... LA TURQUIE JOUE UN RÔLE INCONTOURNABLE

26 Janvier 2023 19:30 (UTC+01:00)
GUERRE EN UKRAINE, CRISE ÉNERGÉTIQUE EN EUROPE... LA TURQUIE JOUE UN RÔLE INCONTOURNABLE
GUERRE EN UKRAINE, CRISE ÉNERGÉTIQUE EN EUROPE... LA TURQUIE JOUE UN RÔLE INCONTOURNABLE

Paris / La Gazette

Située au carrefour de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et dans une région affectée par des conflits actifs, gelés ou potentiels, la Turquie joue un rôle majeur dans les efforts de médiation, comme l'ont démontré récemment les démarches entreprises pour négocier la paix entre l'Ukraine et la Russie.

Dans cette guerre, la Turquie, membre de l'OTAN, qui entretient des relations étroites avec les deux pays de la mer Noire, a souhaité se positionner en arbitre de paix en 2022, avec l'intention de continuer à l'être en 2023.

Malgré ses efforts pour organiser des pourparlers de paix entre Kiev et Moscou, la Turquie sit, et l'a souvent déclaré, que la guerre de la Russie contre l'Ukraine « ne se terminera pas facilement ». Ce qui vise Ankara dans un premier temps et de négocier un cessez-le-feu humanitaire, qui serait suivi d'un cessez-le-feu permanent et de pourparlers de paix ultérieurs.

Ankara exhorte par ailleurs l'Occident à ne pas interrompre complètement le dialogue avec la Russie afin de rester un acteur du processus de paix, ce qui a provoqué les critiques des États-Unis et l'Union européenne qui, malgré les efforts de la Turquie pour mettre fin à la guerre, ont critiqué Ankara pour avoir maintenu des liens avec Moscou.

Pourtant, depuis le début de la guerre, la Turquie s'est efforcée de maintenir un équilibre entre l'Ukraine et la Russie. La Turquie a fermé ses détroits aux navires militaires quelques jours après le début de la guerre, empêchant Moscou de renforcer sa flotte. En revanche, le président turc a continué à avoir des contacts réguliers avec le président russe Vladimir Poutine et a refusé de se joindre aux sanctions occidentales. Elle a également favorisé un échange de prisonniers entre les pays belligérants, et sa médiation a été déterminante dans la signature d'un accord entre la Turquie, les Nations unies, la Russie et l'Ukraine, à Istanbul, concernant la réouverture de certains ports ukrainiens et le déblocage du transport des céréales, une décision cruciale pour répondre à une crise alimentaire mondiale croissante.

C'est la Turquie encore qui, en maintenant ouverts les canaux de communication avec les deux parties belligérantes assure la continuité des échanges diplomatiques visant à trouver une solution et à instaurer la paix dans la crise ukrainienne. Ce rôle de médiation a d'ailleurs été , paradoxalement en regard des critiques portées en même temps, saluée par l’Europe.

L'Union européenne prévoit d'organiser un grand événement à Istanbul le 22 février à l'occasion de la première année du déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, a déclaré lundi le chef de la délégation de l'UE en Turquie, Nikolaus Meyer-Landrut. Un représentant du gouvernement ukrainien serait présent tandis qu'un représentant turc serait également présent à cette rencontre où seront abordées les conséquences géopolitiques et économiques de la guerre.

« Les gens disent souvent que le 11 septembre a été un moment de changement pour l'histoire de la sécurité américaine. Je dirais qu'il y a une situation similaire importante pour la sécurité européenne le 24 février 2022. Nous avons une guerre sur notre continent, une grande guerre brutale, une guerre dont les conséquences dépassent largement le continent européen », a estimé M. Meyer-Landrut.

Contribution à la crise énergétique de l'Europe

La Turquie a par ailleurs pris des dispositions pour contribuer à écarter le risque de pénurie énergétique en Europe. Le ministre turc de l'Energie, Fatih Donmez, a annoncé eu début du moins que le gazoduc transanatolien (Tanap), qui achemine le gaz de l'Azerbaïdjan vers la Turquie et l'Europe, doublerait sa capacité pour atteindre 32 milliards de mètres cubes dans les années à venir (selon les estimations, la réalisation du projet est prévue pour 2027).

La Turquie importe 6 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le Tanap, dont la capacité de transport annuelle totale est actuellement de 16 milliards de mètres cubes. En juin dernier, la Turquie a fourni du gaz à la Bulgarie par le biais des terminaux de gaz naturel liquéfié établis d'Ankara.

Le terminal GNL de Marmara Ereglisi et l'unité flottante de stockage et de regazéification du golfe de Saros de la société publique turque Botas, qui devraient être achevés et opérationnels cette année, contribueront non seulement à la sécurité de l'approvisionnement d'Istanbul et de la région de Marmara, mais aussi à la fourniture de gaz à la Bulgarie, à la Roumanie, à l'Ukraine et à d'autres pays d'Europe du Sud-Est via la Thrace.

Il existe également des alternatives qui nécessiteraient un changement fondamental dans la politique régionale, comme la livraison de gaz turkmène et irakien à l'Europe via la Turquie. Ce ne serait pas impossible, mais pas facile non plus, car il faudrait l'assentiment de l'Iran pour construire un gazoduc transcaspien, la Russie bloquant probablement les négociations puisqu'elle est l'arbitre traditionnel dans la région.

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