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ÉNERGIE: EDF DE FRANCE EST PRETE A SOUTENIR LE KAZAKHSTAN DANS LA CONSTRUCTION ET L'EXPLOITATION DE REACTEURS NUCLEAIRES CIVILS

18 Février 2023 19:45 (UTC+01:00)
ÉNERGIE: EDF DE FRANCE EST PRETE A SOUTENIR LE KAZAKHSTAN DANS LA CONSTRUCTION ET L'EXPLOITATION DE REACTEURS NUCLEAIRES CIVILS
ÉNERGIE: EDF DE FRANCE EST PRETE A SOUTENIR LE KAZAKHSTAN DANS LA CONSTRUCTION ET L'EXPLOITATION DE REACTEURS NUCLEAIRES CIVILS

Paris / La Gazette

Le Kazakhstan et la France ont une très longue histoire de partenariat et de coopération dans le secteur de l'énergie nucléaire au sens large, en particulier dans le commerce de l'uranium.

Il n'y a pas que le pétrole et le gaz russes que l'Union européenne s'efforce d'éviter, alors que le vieux continent tente de se libérer de ses liens énergétiques avec le Kremlin. Certains efforts essentiels, par exemple, visent à mettre fin à l'utilisation d'uranium russe par les États membres de l'Union européenne dans le domaine de l'énergie nucléaire.

L'attention se tourne vers le Kazakhstan. À ce jour, le Kazakhstan fournit plus de 41 % de l'approvisionnement mondial en uranium, suivi de l'Australie (13 %) et du Canada (8 %). Et les Kazakhs disposent d'énormes ressources d'uranium inexploitées qui pourraient faire augmenter cette part de marché déjà importante.

La réalité est que l'extraction de l'uranium n'est qu'une facette du processus de production de l'énergie nucléaire. Le minerai d'uranium non traité ne peut être utilisé comme combustible de réacteur nucléaire. Le minerai doit être raffiné pour produire un concentré du métal lourd, ou yellowcake, puis converti en hexafluorure d'uranium gazeux. C'est là que la Russie brille.

Les données jusqu'en 2020 montrent que seules quatre installations de conversion d'uranium pour la production d'hexafluorure d'uranium gazeux - une en Russie, une en Chine, une en France et une au Canada - étaient en exploitation commerciale. En fait, la Russie possède environ 40 % des infrastructures de conversion de l'uranium dans le monde et fournit au marché mondial environ un tiers de l'hexafluorure d'uranium gazeux utilisé.

La conversion, bien sûr, est indispensable. Ce n'est qu'après la conversion que l'enrichissement et la fabrication du combustible nucléaire peuvent avoir lieu.

En 2020, les compagnies d'électricité de l'UE ont acheté environ 20 % de leur uranium et 26 % de leurs services d'enrichissement de l'uranium à la Russie, tandis que les pourcentages américains (tirés des données de 2021) étaient respectivement d'environ 14 % et 28 %. Remplacer de telles fournitures ne sera pas une mince affaire, mais l'objectif est tout à fait atteignable, et souhaitable, étant donné que la Russie en guerre, pour l'Europe, n'a plus les références d'un fournisseur d'énergie fiable.

Aux États-Unis, l'accent est mis sur la mise en place d'un financement et d'efforts urgents pour exploiter et enrichir des ressources nationales d'uranium beaucoup plus importantes, mais, compte tenu de sa proximité avec l'Europe, les yeux de l'UE sont fixés sur le Kazakhstan dans le but d'exclure la Russie du processus de fabrication du combustible nucléaire.

« Nous ne pouvons tout simplement pas nous fier à un fournisseur qui nous menace explicitement », avait déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en mars dernier, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie depuis fin février 2020.

Principaux producteurs d'uranium en 2021, selon les données statistiques de l'Association nucléaire mondiale

Au total, 15 nations répondent à 75 % de la demande mondiale d'uranium, le Kazakhstan étant le principal exportateur depuis 2009, selon l'Association nucléaire mondiale. De plus, le Kazakhstan dispose d'importantes ressources d'uranium proches de la surface, qui peuvent être exploitées à faible coût.

Pourtant, si les multiples obstacles liés au transport, à la conversion logistique et - sans oublier - à la politique peuvent être surmontés, le Kazakhstan, compte tenu de ses richesses en uranium, serait dans une situation idéale pour devenir le fournisseur d'uranium prééminent et fiable de l'Europe pour les décennies à venir.

Au Kazakhstan, la compagnie Kazatomprom contrôle toutes les activités de prospection et d'extraction de l'uranium et les autres activités liées au nucléaire, y compris l'importation et l'exportation de matières nucléaires.

En tant que société atomique nationale du pays, Kazatomprom bénéficie d'un accès prioritaire à tous les gisements d'uranium du Kazakhstan, le plus grand pays producteur d'uranium à faible coût au monde.

Le producteur d'uranium a déclaré dans son rapport financier semestriel qu'il est confiant de viser une production d'uranium en 2024 qui sera de 2000 à 3000 tU (tonnes d'uranium élémentaire) supérieure au niveau prévu en 2023, grâce à des contrats à moyen et long terme.

La route principale pour l'exportation de l'uranium du Kazakhstan reste via Saint-Pétersbourg, en Russie. La société prévoit d'utiliser un itinéraire alternatif qui évite le territoire russe et de faire passer les expéditions par la mer Caspienne au moins une fois pendant le reste de l'année, même si, selon le directeur commercial de Kazatomprom, Askar Batyrbayev, l'option de Saint-Pétersbourg est restée ininterrompue malgré les perturbations économiques et les incertitudes causées par les conséquences de la guerre en Ukraine.

Le coût de l'expédition des produits du Kazatomprom via l'option de la mer Caspienne sera « un peu plus élevé », selon les prévisions des responsables du producteur d'uranium du pays.

La compagnie Kazatomprom et des sociétés françaises ont signé des mémorandums de coopération dans l'industrie atomique au cours de la visite officielle du président kazakh Kassym-Jomart Tokayev effectuée en France fin novembre 2020.

Le PDG de Kazatomprom, Yerzhan Mukanov, et le premier vice-président exécutif d'Orano Mining, Nicolas Maes, ont signé un mémorandum de compréhension mutuelle et de coopération dans l'industrie de l'uranium.

Les parties se sont engagées à maintenir et à renforcer la coopération dans l'industrie minière de l'uranium, à élargir l'interaction dans la mise en œuvre de futurs projets d'intérêt mutuel, et à définir le développement futur du partenariat entre Orano Mining et Kazatomprom dans le cadre des relations stratégiques à long terme entre la France et le Kazakhstan.

Le Kazakhstan et la France ont une très longue histoire de partenariat et de coopération dans le secteur de l'énergie nucléaire au sens large, en particulier dans le commerce de l'uranium, a déclaré une source chez Électricité de France (EDF).

« Ce que nous pouvons offrir et apporter sur la table, ce sont de nombreuses années d'expérience basées sur la conception, la construction et l'exploitation de grands réacteurs », a indiqué la source.

Le représentant d'EDF a également révélé que les discussions entre Vakis Ramany, Vice-Président, chargé du développement nucléaire chez EDF, Bulat Akchulakov, ministre de l'Énergie du Kazakhstan, et Zhandos Nurmaganbetov, vice-ministre de l'Énergie du Kazakhstan, ont porté sur les perspectives de coopération dans le domaine du nucléaire civil entre le Kazakhstan et la France.

« Électricité de France étudie toutes les conditions nécessaires pour faciliter la mise en œuvre de la technologie EPR1200, qui est très adaptée au système électrique du Kazakhstan », a ajouté le représentant d'EDF.

En outre, jusqu'ici, le français EDF, le gouvernement du Kazakhstan et le Kazakhstan Nuclear Power Plants (KNPP) spécialisé dans la construction de centrales nucléaires ont déjà eu plusieurs discussions pour analyser les différents aspects d'une coopération potentielle.

Le représentant d'EDF a d'ailleurs insisté que l'entreprise utilisera son expertise pour soutenir une exploitation sûre et fiable à long terme, et a conclu en disant qu'ils s'attendent à ce que le Kazakhstan et la France coopèrent dans ce sens pendant une longue période.

Le débat international entourant le besoin accru de sécurité énergétique non liée à des régimes imprévisibles a été un facteur clé contribuant à l'amélioration des conditions du marché de l'uranium observée ces derniers temps. Il existe désormais des perspectives optimistes pour le secteur de l'énergie nucléaire.

Plusieurs pays, dont certains avaient renoncé à leurs projets nucléaires ou s'étaient engagés à abandonner progressivement l'énergie nucléaire, réévaluent le nucléaire en parallèle avec leur stratégie en matière d'énergies renouvelables. Le Kazakhstan lui-même fait avancer un projet visant à mettre en service sa première centrale nucléaire d'ici une dizaine d'années.

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