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Arménie: liberté de la presse, politique et corruption

1 Novembre 2021 17:12 (UTC+01:00)
Arménie: liberté de la presse, politique et corruption
Arménie: liberté de la presse, politique et corruption

Paris / Lagazetteaz

Le gouvernement arménien, « réputé pour ses engagements démocratiques » comme l’affirme la presse française , est sous le feu des critiques après avoir adopté une loi controversée sur la presse.

La Cour Constitutionnelle arménienne a validé le 9 octobre dernier une loi, adoptée en juillet, qui prévoit notamment l’augmentation substantielle des amendes en cas d’insultes ou de diffamation envers des personnalités publiques. Au maximum, en cas de récidive, l’amende pourrait s’élever à 30 fois le salaire mensuel moyen d’un journaliste arménien.

On ne saurait exclure, hélas, qu’il s’agit d’abord de museler la presse, pour un gouvernement souvent critiqué pour sa susceptibilité envers les critiques. Mais il y a aussi un contexte politique où l’opposition, à savoir les partis qui ont contrôlé le pays jusqu’à la révolution de velours du printemps 2018, majoritairement ultra-nationalisre, est extrêmement puissante, financièrement et possède la plupart des médias.

Ces organes de presse mènent de véritables campagnes politiques, qui ont souvent peu à voir avec le souci de l’information. Le Premier ministre Nikol Pachinian a été récemment qualifié de « traître », depuis la défaite dans la guerre du Haut-Karabagh, il y a un an.

Qu’elles soient arméniennes ou internationales, les ONG, comme Reporters sans frontières (RSF), dénoncent « une menace sérieuse pour la liberté de la presse ». Elles voient dans la criminalisation de l'insulte une mesure qui va intimider les journalistes et les inciter à l’autocensure.

RSF insiste aussi sur le caractère contraire au droit international de ces mesures, notamment aux règles éditées par le Comité des droits de l'homme de l'ONU et à la jurisprudence de la CEDH, la Cour européenne des Droits de l’Homme. Les mesures visant à criminaliser l’insulte, en général, sont très vagues et laissent aux autorités le loisir d’interpréter la notion à leur guise.

Le gouvernement de Nikol Pachinian, qui lui-même est un ancien journaliste d’opposition, use d’une rhétorique violente à l’encontre des journalistes qui eux-mêmes, il est vrai, du moins ceux financés par les oligarques proches des anciens présidents Robert Kotcharian et Serge Sarkissian, usent des mêmes procédés à l’encontre de l’équipe dirigeante, appelant à la renverser, et à reprendre les armes pour récupérer les territoires azerbaïdjanais occupés pendant 30 ans et perdu a l’issue de la « guerre de 44jours ». Cela au nom de la « grande Armenie « .

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