14 JUILLET : LE PREMIER MINISTRE INDIEN MODI INVITÉ D'HONNEUR AU DÉFILÉ EN FRANCE
Paris / La Gazette
Le Premier ministre indien Narendra Modi est arrivé en France pour une visite de deux jours, alors que New Delhi a signalé qu'il approuverait les projets d'achat d'avions à réaction et de sous-marins français.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a eu droit à l'une des accolades les plus spectaculaires de la France en tant qu'invité d'honneur du défilé militaire de la fête de la Bastille, dans le cadre d'une visite qui a scellé des accords de défense très médiatisés.
M. Modi et le président Emmanuel Macron ont regardé vendredi des soldats français et indiens défiler sur l'avenue bordée d'arbres des Champs-Élysées à Paris, tandis que les avions de combat Rafale fabriqués en France et achetés par l'Inde en 2015 ont participé à un défilé aérien au-dessus de l'Arc de Triomphe.
La fête de la Bastille commémore le jour où, en 1789, des citoyens français ont pris d'assaut la forteresse de la Bastille, qui servait à la détention de prisonniers et était devenue un symbole de la dureté du régime monarchique français.
M. Modi a entamé jeudi une visite de deux jours à Paris, au cours de laquelle il a reçu la Légion d'honneur, la plus haute distinction française.
« C'est avec beaucoup d'humilité que j'accepte la Grand-Croix de la Légion d'honneur. C'est un honneur pour les 140 crore [1,4 milliard] d'habitants de l'Inde », a posté le dirigeant indien, âgé de 72 ans, sur Twitter.
« L’Inde est un géant de l’histoire du monde qui aura un rôle déterminant pour notre avenir », a déclaré Emmanuel Macron dans un discours prononcé jeudi en fin de journée. « C’est un pays ami », a ajouté le chef de l'État.
Le ministère indien de la Défense a donné jeudi son accord initial pour l'achat de 26 jets Rafale supplémentaires pour sa marine et de trois sous-marins de classe Scorpène, renforçant ainsi les liens de défense avec Paris à un moment où les deux nations cherchent des alliés dans l'Indo-Pacifique.
La valeur totale des achats devrait s'élever à environ 9,75 milliards de dollars, selon une source au fait des détails, bien que ce montant fasse encore l'objet de négociations, a rapporté l'agence de presse Reuters.
Malgré les divergences concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les pays occidentaux, dont les États-Unis, ont courtisé M. Modi et l'Inde en tant que contrepoids militaire et économique à la Chine.
La France est l'un des partenaires les plus proches de l'Inde en Europe depuis des décennies. Elle a été le seul pays occidental à ne pas imposer de sanctions à New Delhi après les essais nucléaires effectués par l'Inde en 1998.
L'Inde fait confiance aux avions de combat français depuis maintenant quatre décennies. Avant d'acheter le Rafale de Dassault Aviation, l'Inde a acheté des Mirage dans les années 1980, qui constituent toujours deux escadrons de l'armée de l'air.
Le vieillissement de la flotte indienne d'avions de fabrication russe, l'incapacité de Moscou à effectuer les travaux de maintenance et les retards dans les projets indiens de fabrication locale ont conduit à la conclusion de ces deux nouveaux accords de défense.
La visite de M. Modi à Paris a toutefois été critiquée par des organisations de défense des droits de l'homme qui s'inquiètent du caractère de plus en plus autoritaire du parti nationaliste hindou de M. Modi, le Bharatiya Janata Party (BJP), et des accusations de discrimination à l'encontre des minorités, principalement des musulmans.
« Aujourd'hui, Emmanuel Macron déroule le tapis rouge pour Narendra Modi », a écrit la Ligue des droits de l'homme (LDH) sur Twitter. « La LDH, préoccupée par le tournant autoritaire de l'Inde, dénonce cette invitation qui envoie un signal désastreux, négateur de nos valeurs démocratiques. »
À la veille de la visite de M. Modi, Human Rights Watch a estimé qu'il était « profondément préoccupant » que la France célèbre l'idée d'égalité et de liberté avec « un dirigeant que beaucoup critiquent pour avoir sapé la démocratie en Inde ».
Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le gouvernement de M. Modi a été accusé d'adopter des lois et de mettre en œuvre des politiques antimusulmanes. Cela inclut une loi sur la citoyenneté et la fin du statut spécial du Cachemire sous administration indienne, la seule région indienne à majorité musulmane, en 2019.
