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QATARGATE, EU-GATE, MOROCCOGATE... À QUI LE TOUR ?

31 Janvier 2023 20:07 (UTC+01:00)

Paris / La Gazette

L’ampleur de ce qu’on appelait encore il y a quelques semaines le Qatargate est peut-être sous-évaluée. On voit déjà poindre le nom d’autres pays qui auraient profité d’un système bien huilé au cœur de la démocratie européenne.

La démocratie a pris du plomb dans l’aile au Parlement européen depuis quelques semaines. Pier Antonio Panzeri, suspecté d’être le chef d’orchestre de tout un réseau obscur de corruption au Parlement européen, désormais « repenti », est passé en partie aux aveux contre un allègement de peine. Mais l’ampleur de ce qu’on appelait encore il y a quelques semaines le Qatargate doit encore être évalué précisément. Dans cette affaire encore en cours d’instruction, l’on n’a toujours pas d’informations complètes sur l’ensemble des acteurs, les États impliqués, les montages financiers mis en place. Mais on voit déjà poindre le nom d’autres pays qui auraient profité d’un système bien huilé au cœur de la démocratie européenne. Un article récent du journal allemand Spiegel parle déjà de « copycats »

L’Europe, cette jeune fille influençable

Les députés européens sont avant tout des élus du peuple et représentants d’un des aires géopolitiques les plus modernes et les plus avancées en termes de droits humains. L’une des plus jeunes et des plus avancées. Malheureusement depuis des années, le système passoire du Parlement européen dépourvu de réelles règles claires en matière de lobbying a facilité les dérives de corruption des élus. Or, la toile d’influence de Panzeri commence à apparaître clairement pour voir bien plus qu’un simple Qatar pointé du doigt depuis le début de l’affaire : désormais ce sont des pays comme le Maroc, le Kazakhstan, ou encore la Mauritanie qui sont pointés du doigt. Le rôle de « Fighting impunity » : redorer le blason de ces pays dans certains domaines sensibles contre rémunération des députés qui en auraient accepté la mission hasardeuse. D’autres révélations viendront encore.

Les suspicions se multiplient depuis plus d’un mois autour des « clients » de Panzeri. Pamir eux, le Maroc qui est un acteur stratégique important pour l’Europe. Un accord commercial important a cours entre les deux. Il l’est sans doute plus dans certains domaines que d’autres : il est à lui seul le mur faisant barrage à l’immigration de masse subsaharienne vers l’Europe. Mais le plus gros dossier est, sans nul doute, l’enjeu du Sahara. Alors que l’ancien président américain avait soutenu Rabat sur sa politique à l’égard du Sahara, le Maroc a plus de difficultés à faire entendre sa voix au sein de l’Europe. D’où de potentielles dérives pour faire changer le cours des choses au sein de l’Union. Combien d’individus et de pays ont pu se laisser séduire par les offensives de Panzeri and co ?

Panzeri serait-il le seul mouton noir ?

Pier Antonio Panzeri, toujours considéré comme le principal acteur de cet EUGate en cours, a signé un mémorandum avec la justice belge qui compte bien sur lui pour décortiquer le système de corruption mis en place et en connaître davantage sur les acteurs. Il est naif de penser que seulement ces quelques pays sont impliqués dans ces affaires si l’on considère certains autres « ennemis » de l’Europe qui peinent à se faire entendre mais qui ont besoin d’elle économiquement : Russie, Chine, Emirats arabes unis, Arabie Saoudite, sont très proactifs aussi en matière de lobbying.

D’ailleurs, l’article déjà cité du journal allemand Der Spiegel, détailles les suppositions, sur la base de centaines de documents qu’il aurait obtenu de la justice belge. Ce qui en soit peut poser problème vu que l’instruction est toujours en cours, mais qui montre l’étendue de la corruption révélée: « Nombreux sont ceux qui ont du mal à croire que le réseau Panzeri soit le seul du genre à Bruxelles. "Il y a un certain nombre de pays qui ont systématiquement acheté de l'influence sur une longue période", déclare la députée écologiste Viola von Cramon. En plus du Qatar et du Maroc, dit-elle, le groupe comprend le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et la Russie. "Cela doit faire l'objet d'une enquête approfondie", dit-elle. "Il n'y a pas moins en jeu que la crédibilité de la démocratie européenne." Preuve que nous n’en sommes bien qu’au début de l’affaire.

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