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AZERBAÏDJAN : LE PRÉSIDENT ALIYEV RÉPOND AUX QUESTIONS DES EXPERTS INTERNATIONAUX

5 Mai 2023 20:58 (UTC+01:00)
AZERBAÏDJAN : LE PRÉSIDENT ALIYEV RÉPOND AUX QUESTIONS DES EXPERTS INTERNATIONAUX
AZERBAÏDJAN : LE PRÉSIDENT ALIYEV RÉPOND AUX QUESTIONS DES EXPERTS INTERNATIONAUX

Paris / La Gazette

Le 3 mai 2023, plus de 60 experts de la géopolitique étaient venus du monde entier pour participer à la conférence « Façonner la géopolitique de la Grande Eurasie : du passé au présent et au futur », organisée par l'Université ADA à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Heydar Aliyev, le fondateur de l’Azerbaïdjan moderne.

C’est à Choucha que le président de la République d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, est venu à la rencontre de ces experts et a longuement répondu à leurs questions, dans un contexte international tendu, et au moment les pays du Caucase et de l’Asie centrale tentent de trouver les solutions pour que soit pacifiée une région cruciale, aussi bien dans le domaine de l’énergie, du commerce, que de l’équilibre mondial.

Choucha, un symbole de l’intégrité retrouvée du territoire azerbaïdjanais

Après avoir rendu hommage à Heydar Aliyev, et à son action pour la préservation de l’identité azerbaïdjanaise, le Président de la République a insisté sur la valeur symbolique que représentait le fait d’organiser à Choucha cette conférence internationale.

L’année dernière était le 270e anniversaire de la fondation de la ville par le Khan du Karabakh Panah Ali. « Choucha a toujours été une ville azerbaïdjanaise » a insisté Ilham Aliyev. « Ce n'est qu'à l'époque de l'occupation, pendant plus de 28 ans, que Choucha s’est trouvée sous domination étrangère. Je sais que vous ferez un tour de ville après notre rencontre, et vous verrez par vous-mêmes que Choucha a été presque totalement détruite pendant l'occupation. Cela démontre une fois encore que Choucha n'a jamais appartenu Arméniens.

Si c'était le cas, ils ne l’auraient pas détruite. Ils l'auraient développée. Vous l’ avez vu ou vous le verrez, les bâtiments ont été soit rénovés au cours des deux dernières années et demie, soit construits à partir de zéro. Le plus grand rêve de Heydar Aliyev était de voir Choucha libre, et nous avons réalisé son rêve. Nous en sommes fiers. Nous en sommes heureux. Tous les Azerbaïdjanais, non seulement les citoyens azerbaïdjanais mais tous les Azerbaïdjanais du monde, sont fiers de notre victoire. C'était une victoire de la justice, de la justice historique, une victoire du droit international. »

A travers les questions des participants, le président Ilham Aliyev a pu dresser un panorama complet de la situation géopolitique de la région et, naturellement du conflit qui oppose son pays à son voisin arménien.

Pour que la raison l’emporte

« Ainsi que je l’ai rappelé à plusieurs reprises. Si l'Arménie ne veut pas la paix, il n'y aura pas de paix. Et cela ne serait bon ni pour l'Arménie, ni pour la région et, bien sûr, pas pour l'Azerbaïdjan. Par conséquent, nous espérons toujours qu'ils seront raisonnables.

Nous espérons aussi qu’ils ne reproduiront pas les mêmes tactiques que celles qu'ils ont utilisées à l'époque de l'occupation et du groupe de Minsk, qui pendant 28 ans, n'a d'ailleurs obtenu aucun résultat concret. Et principalement parce que l'Arménie ne voulait pas libérer les territoires. Oui, le groupe de Minsk n'était pas très populaire en Azerbaïdjan à l'époque de l'occupation. On ne va pas trop insister là-dessus puisqu’il n’est plus dans la course, mais la principale raison pour laquelle nous n'avons pas pu trouver un règlement pacifique du conflit était que l'Arménie n'en voulait pas. Ils ont utilisé ces tactiques pour faire traîner les choses, faire un pas en avant, deux ou trois, peut-être cinq pas en arrière. Ils ont voulu bloquer, la figer. Ils pensaient pouvoir légitimer l'occupation. Ils pensaient que nous accepterions un compromis sur notre intégrité territoriale. Ils pensaient que leurs soutiens internationaux se tiendraient toujours derrière eux et se battraient pour eux. Mais tout cela s’est avéré un mauvais calcul. Ils avaient tort.

Alors, maintenant, que peut-il arriver ? Ils peuvent tenter de poursuivre la même stratégie. Ils peuvent faire traîner les choses, vouloir renégocier ce qui a été précédemment accepté, non pour trouver un accord, mais afin de faire en sorte que les discussions s’éternisent, attendant un retournement de situation, un miracle. Je pense qu’en faisant cela, ils passent à côté de formidables opportunités. Car presque trente ans d'occupation ne leur ont rien apporté. Au contraire, ils ont été isolés du développement régional. Ils ont perdu la chance de devenir un pays vraiment indépendant, pas en théorie, mais dans les faits. Ils sont maintenant à la recherche d’un nouveau, ou de nouveaux maîtres. Mais à ce propos, ils devraient tirer la leçon de l'histoire récente. Donc, nous espérons qu'ils le comprendront.

Dans mes entretiens avec mon homologue arménien, j'ai essayé d'expliquer qu'un traité de paix est dans leur intérêt, et que l'ouverture des voies de communication est dans leur intérêt. Cela leur permettra d’avoir accès à de nouveaux marchés. Et, bien sûr, cela nous sera bénéfique car nous voulons que ce chapitre soit clos. Et si vous suivez la chronologie des déclarations et des événements, vous constaterez que c’est l’Azerbaïdjan qui a proposé d’entamer un processus de paix

Lorsque la Seconde Guerre du Karabakh a pris fin, peu d'acteurs internationaux avaient une idée de ce qui se passerait ensuite. Parce que la déclaration trilatérale, ce n'est pas un accord de cessez-le-feu, mais ce n'est pas non plus un traité de paix. Ce qui devait arriver ensuite était un grand point d'interrogation.

C'est donc nous qui avons pris l'initiative. Nous avons présenté une vision pour le futur, pour un Caucase du Sud intégré, pour la coopération régionale et la normalisation des relations. Nous avons pris l'initiative d'entamer des pourparlers de paix, et il y eut un silence de toutes parts. Puis au bout d'un certain temps, nous avons mis en avant ces fameux cinq principes, qui sont tout à fait conformes aux normes et principes du droit international. L'Arménie devait formellement soit la rejeter, soit l'accepter. Le rejeter aurait démontré une fois de plus qu'ils n'étaient pas constructifs car il n'y avait rien de contraire au droit international dans ces principes. L'accepter était probablement difficile pour eux du seul point de vue psychologique. Alors, nous avons dû subir une nouvelle pause en raison de la réticence arménienne à s'engager dans des négociations sérieuses.

Nous leur avons envoyé quatre exemplaires, quatre nouvelles variantes d'un projet d'accord de paix, afin qu’ils renvoient leurs commentaires. Nous avons attendu plus de 40 jours qu’ils nous adressent ces commentaires, que nous avons reçus il y a à peine une semaine, juste avant la réunion de Washington, simplement parce qu'ils savaient que la réunion de Washington serait absolument inutile sans cela. Mais nous avons à nouveau vu dans ces commentaires des revendications territoriales contre l'Azerbaïdjan.

Ce commentaires ne me rendent pas optimiste. Près de 95% des commentaires sont les mêmes que les précédents : encore une fois, les tentatives de remettre en question l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, de nouveau les tentatives d'incorporer d'une manière ou d'une autre, le soi-disant Haut-Karabakh dans l'accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, de nouveau les tentatives d’évitement lorsque nous proposons de combattre ensemble l’extrémisme, le radicalisme et le séparatisme. Cela signifie donc qu'ils encourageront à nouveau le séparatisme en Azerbaïdjan.

Mais nous verrons bien. Cette session de négociations est différente des précédentes. Elle durera déjà quelques jours et durera peut-être quelques jours de plus. Notre idée est qu'ils devront arriver avec un résultat, sinon, ce sera une grosse déception. En même temps, je pense que la meilleure façon de parvenir à un accord est une négociation directe entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie sans aucun médiateur et sans aucun facilitateur. Avant la guerre russo-ukrainienne, nous avons vu les tentatives des anciens coprésidents du groupe de Minsk de se réengager. Nous étions activement opposés à cela. Parce que notre position était que le groupe de Minsk a échoué, et de 1992 jusqu'en 2020, n'a produit aucun résultat.
Parce que nous avons clairement compris à la fin des soi-disant négociations, pendant la période d'occupation, que les coprésidents du groupe de Minsk voulaient juste que la situation reste inchangée. En d'autres termes, maintenir le statu quo, ce qui était très confortable pour eux et pour l'Arménie, mais pas confortable du tout pour nous.
Par conséquent, nous avons changé le statu quo. Ainsi, ils prévoyaient de se joindre aux efforts et persuader l'Azerbaïdjan que le groupe de Minsk devait, sous une forme ou une autre, continuer à exister. En réponse, j'ai dit que le conflit du Karabakh était résolu et que la majorité absolue des principes, appelés principes de Madrid, avaient été mis en œuvre par l'Azerbaïdjan.

Par conséquent, ai-je dit, si vous voulez aider, concentrez-vous sur un accord de paix et persuadez l'Arménie d'être constructive. Si l'un de ces pays, je veux parler naturellement des États-Unis et de la Russie, car après que la France a pris une position pro-arménienne unilatérale, elle s'est en fait privée de toute forme de médiation. C'est absolument clair. Et non seulement, soit dit en passant, les soi-disant reconnaissances du séparatisme au Karabakh, mais aussi d'autres déclarations et actions anti-azerbaïdjanaises très ouvertes aux Nations Unies, dans la Francophonie, dans d'autres formats ainsi que les déclarations publiques d'hommes politiques français, ont fait disqualifié la France pour rester médiateur. Parce qu’un médiateur doit au minimum faire semblant d'être neutre. Si vous n'êtes pas neutre dans votre âme, vous devez au moins faire semblant de l’être.

Et les Français n'ont même pas essayé de le faire. Donc, maintenant que nous constatons les efforts des États-Unis, de la Russie, il est probable que le prochain cycle de négociations aura lieu ce mois-ci en Russie entre les ministres des deux pays – Arménie et Azerbaïdjan. Il existe également le format européen du président Charles Michel, qui convoque à plusieurs reprises des réunions au niveau des dirigeants des pays. Donc, je pense que cela peut continuer, mais encore une fois, je pense que des négociations directes entre deux pays seront plus utiles et utiles. Je pense qu'il faut aller dans cette direction. Bien sûr, si l'Arménie aussi est prête à le faire.

Il est par ailleurs clair, pour l'Arménie et les acteurs internationaux, à travers mes nombreuses communications avec les responsables américains et européens, qu'il devrait y avoir une approche à deux voies. L'une est la normalisation arméno-azerbaïdjanaise, l’autre est la relation entre les autorités azerbaïdjanaises et la communauté arménienne du Karabakh. Par conséquent, toute tentative d'inclure la soi-disant République du Haut-Karabakh, qui n'existe pas, dans le texte du traité de paix, est contre-productive.

Nous espérons donc qu'ils seront constructifs. Dans le cas contraire, nous n'envisageons pas d'entreprendre d'autres mesures que diplomatiques. Nous en avons assez. Par conséquent, il n'y aura tout simplement pas de paix, pas de communication. Ils seront à nouveau isolés. Et ils devront leur trouver une place dans cette nouvelle configuration géopolitique. Parce que toutes les situations géopolitiques, non seulement dans la région mais dans le monde, ont changé. Nous y avons notre place, qui est très stable et qui devient de plus en plus solide. Mais pour eux, ce sera un grand défi. J'espère donc que les négociations de Washington produiront - sinon des résultats, mais au moins des signes de progrès. »

L’intégrité territoriale : le « deux poids et deux mesures », de la France notamment

Une question, posée notamment par Mme Brenda Shaffer, professeur à Naval Postgraduate School, États-Unis, concernait le « deux poids et deux mesures » concernant la notion d’intégrité territoriale, appliqué par certains pays, dont les États-Unis et la France qui semblent la défendre pour l’Ukraine et la négliger pour l’Azerbaïdjan.

« Combien de fois ai-je posé cette question à nos partenaires américains ? » s’interroge en réponse le président azerbaïdjanais. « Pourquoi? Et je n'a jamais eu de réponse car il était évident qu'il y avait une grande injustice envers l'Azerbaïdjan et une sorte de tentative de, encore une fois, mettre une ligne de partage dans l'approche méthodologique des questions liées à l'intégrité territoriale des pays de l'ex-Union soviétique. Et toujours, nous avons entendu dans les déclarations officielles, dans les lettres des présidents américains aux dirigeants de la Géorgie, de la Moldavie et de l'Ukraine, des formulations très claires sur le soutien de l'intégrité territoriale. Et plus quand il s'agit de l'Azerbaïdjan. Pendant les périodes d'occupation, c'était encore plus injuste et, bien sûr, nous étions beaucoup plus sensibles à cela. Maintenant, nous sommes moins sensibles parce que nous avons fait ce que la communauté internationale était censée faire, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU étaient censés faire : mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.
Ce qui devait être fait, nous l'avons fait nous-mêmes. Par conséquent, comme je l'ai dit, nous ne prêtons plus beaucoup d'attention à cela. Mais bien sûr, nous pensons que cette injustice doit être levée et qu'une approche standard unique doit être appliquée non seulement aux pays de l'ex-Union soviétique mais à tous les autres pays. Et il ne peut y avoir aucune justification pour les préférences politiques, en fonction de la proximité ou non d’un pays par rapport à un autre.

D’ailleurs je considère que les références au lobby arménien sont trop exagérées. C'est une très bonne excuse pour ceux, aux Etats-Unis et en France, qui veulent éviter d'adopter une position franche. Pire encore. Les deux chambres du Parlement français ont reconnu la soi-disant république du Haut-Karabakh, ce qu'aucun pays au monde, y compris l'Arménie, n'a reconnu.

Pourquoi cela arrive-t-il ? Nous devons obtenir une réponse. Mais encore une fois, j'aimerais dire que cette réponse n'a en réalité plus l’importance qu’elle pouvait avoir auparavant.

Vous vous souvenez très bien à quel point nous, en Azerbaïdjan, étions sensibles au tristement célèbre amendement 907 à la loi sur le soutien à la liberté. Rappelons d’ailleurs ce qu’était l’amendement 907 : Le Congrès américain a adopté le Freedom Support Act après l'effondrement de l'Union soviétique pour soutenir les républiques nouvellement émergées. Le lobby pro-arménien au Congrès a alors fait adopter un amendement - l'amendement 907 - qui privait l'Azerbaïdjan de ce droit de recevoir une aide directe des États-Unis. Pourquoi ? parce que, selon eux l'Azerbaïdjan bloquait l'Arménie ! Pouvez-vous imaginer le niveau de la manipulation ? L'Arménie a occupé les terres de l'Azerbaïdjan et les territoires adjacents à la frontière arménienne - Kalbadjar, Lachin, Gubadli et Zangilan - étaient tous sous occupation. Comment pourrions-nous bloquer l'Arménie si notre territoire était sous occupation ? C'est pourquoi nous étions frustrés de ne pas pouvoir expliquer comme cela était injuste.

Alors que je n'étais pas président, mais au titre de mes fonctions précédentes, je me suis donc rendu à Washington au moins deux fois par an. L'ambassadeur Pashayev, à l'époque, se souvient également très bien du nombre de portes auxquelles nous avons frappé à la Maison Blanche, au Conseil de sécurité, au Sénat, au Congrès, pour demander la levée de cet amendement. Cela ne s'est pas produit.

Cela dit, je crois que personne ne se souvient de l'amendement 907 en Azerbaïdjan parce que nous n'avons plus besoin de cette aide. Ensuite le président Clinton y a renoncé, ainsi que les présidents qui lui ont succédé. La question a donc été résolue

En ce qui concerne l'articulation formelle du soutien direct de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan par les pays occidentaux, je pense que le moment viendra. Ce commence d’ailleurs déjà à venir. Et ce qui est important, c'est que l'Arménie reconnait elle-même cette intégrité, plus ouvertement d’ailleurs que certains amis de l'Arménie en Occident. Les Arméniens la reconnaissent de facto parce qu'ils ont signé la déclaration de Prague en octobre dernier et la déclaration de Sotchi en octobre dernier, où ils ont convenu que la déclaration d'Almaty de 1991 devait servir de base à la normalisation. La déclaration d'Almaty trace les frontières administratives des anciennes républiques soviétiques et les considère comme leurs frontières officielles. Cela signifie qu'ils ont déjà convenu que le Karabakh est l'Azerbaïdjan. Et j'ai dit récemment qu'ils n'avaient qu'à dire le dernier mot. Ils ont dit A. Ils doivent dire B. Ils doivent dire ce que j'ai dit : le Karabakh c’est l'Azerbaïdjan. J'attends cela . J'espère que le moment viendra. »

L’Azerbaïdjan, clé de la sécurité énergétique de l’Europe

A la suite de l’invasion de l’Ukraine et des sanctions adoptées contre la Russie, l’Europe s’est trouvée face à une potentielle crise énergétique. Elle s’est alors tournée vers des fournisseurs fiable, et au premier rang d’entre eux, l’Azerbaïdjan.

« Concernant la sécurité énergétique » rappelle M. Iham Aliyev, « L'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan a une capacité de 50 millions de tonnes. Maintenant, nous avons du pétrole d'Asie centrale, du pétrole de Russie, et davantage de pétrole viendra de ces sources. Nous avons du condensat de Shahdeniz. Espérons que nous aurons du condensat d'Absheron cette année et de nombreux autres champs. D'ailleurs, pour notre future production et transport de gaz, plusieurs nouveaux gisements seront activés prochainement. : Comme je l'ai dit, Absheron, avec une capacité de 300 milliards de mètres cubes, Deep Gas d'ACG avec au minimum la même quantité - déjà les travaux ont commencé et plusieurs autres. Donc, il y aura plus de condensat dans le pipeline que nous ne l'avions même prévu. Et un jour, l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan pourra fonctionner à pleine capacité avec du pétrole d'Azerbaïdjan, du condensat d'Azerbaïdjan et du pétrole d'Asie centrale. Il en était de même avec le gaz naturel, et vous savez que les diamètres du TANAP (Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline ) et du TAP (Trans Adriatic Pipeline ) sont différents. Et c'est encore parce que, dans TAP, nous n'avions pas la majorité. Nous n'avons que 20% dans TAP. Par conséquent nous ne pourrions pas dicter aux partenaires que nous devons avoir une plus grande capacité. Dans TANAP, nous avons une part majoritaire. Donc, TANAP c’est un débit de 16 milliards de mètres cubes par an, et TAP c’est un débit de 10. Donc, nous essayons de nous développer deux fois parce qu'il y a une demande importante et que le gaz est là.

Ceux qui disaient ,il y a de nombreuses années, que l'Azerbaïdjan n'avait pas de pétrole disent aujourd'hui que l'Azerbaïdjan n'a pas de gaz. Et récemment, j'ai été informé que la commissaire européenne à l'énergie, Madame Simson, a qualifié l'Azerbaïdjan de fournisseur paneuropéen de gaz, ce qui est vrai. Plus récemment, j'ai déclaré que nous fournirions du gaz, dans quelques années au maximum, à 10 pays, dont huit pays européens. Donc, cela démontre que nous devons non seulement planifier le projet d'un point de vue commercial mais aussi d'un point de vue stratégique et devons poursuivre cette combinaison. Parce que les entreprises, qui investissent, et les banques, qui prêtent de l'argent, bien sûr, regardent votre potentiel aujourd'hui et certaines perspectives d'avenir, et cela passe par le diamètre et la capacité. Mais nous avons une vision stratégique. Nous ferions mieux d'avoir la capacité, et de ne pas l'avoir pleinement engagée, plutôt que d'avoir des ressources et de ne pas être en mesure de transporter. Donc, il en sera de même, j'en suis sûr, avec nos projets d'énergies renouvelables. Un objectif initial pour le câble de la mer Noire était d'un gigawatt. Mais lorsque l'Azerbaïdjan a rejoint le projet, nous l'avons porté à quatre gigawatts car nous avions déjà signé des contrats et des protocoles d'accord avec des entreprises internationales pour produire 25 gigawatts d'énergie solaire et éolienne en Azerbaïdjan. Ainsi, un protocole d'accord avec ces entreprises, des entreprises de premier plan, signifie en fait un contrat. Ainsi, 25 gigawatts seront disponibles ici dans la Caspienne et à terre, et nous devons avoir la capacité ; nous avons besoin de transmission. Donc, si tout le monde avait écouté ce que nous avons défendu aujourd'hui, la sécurité énergétique européenne aurait été bien mieux protégée ».

Quelle politique extérieure de l’Azerbaïdjan après la guerre Russie-Ukraine ?

L'Azerbaïdjan fait depuis longtemps partie de la sécurité européenne grâce à son adhésion à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Mais la sécurité européenne évolue. La guerre de la Russie contre l'Ukraine change la donne. L’OTAN voit dans la Russie une menace pour la sécurité européenne. L'Azerbaïdjan devra-t-elle ajuster certaines de ses politiques extérieures dans ce nouvel environnement ?

« Il est difficile de prédire quelle sera la fin de l'impasse, quand et comment la guerre russo-ukrainienne se terminera et quelle sera la situation géopolitique après cette guerre », reconnait Ilham Aliyev. « Car tôt ou tard, la guerre prendra fin. Cependant, nous ne pouvons pas exclure que la conduite de la guerre puisse être modifiée. Mais encore une fois, il est prématuré d'en parler. Donc, tout dépendra de cela, mais il est clair que le monde ne sera plus jamais le même qu'avant la guerre russo-ukrainienne. Il est clair également pour de nombreux pays européens, membres de l'OTAN, qu'ils ont dû prendre des mesures plus sérieuses concernant les capacités de sécurité et de défense car leurs dirigeants admettent eux-mêmes qu'ils n'ont pas fait assez pour fournir à leurs militaires des armes modernes et munitions. Ils ont probablement découvert que certaines de leurs statistiques de possession devaient être corrigées. Ainsi, ce nouveau changement géopolitique conduira à la militarisation de l'Europe, du monde. D’un côté, cela peut être un déclencheur dangereux. D'un autre côté, cela pourrait aussi être un facteur de dissuasion.

En Azerbaïdjan, nous avons réalisé il y a de nombreuses années que personne ne nous aiderait, et toutes nos illusions sur la prévalence du droit international ont disparu. Pas tout de suite mais tout au long des temps de négociations. Ainsi, nous avons réalisé que si nous n'avons pas une armée forte et si nous n'élevons pas une jeune génération prête à se battre pour leur dignité, et pas seulement pour la terre, nous serons toujours occupés et nous nous plaindrons. Nous en avions assez de nous plaindre. Laissons maintenant les autres se plaindre de nous. Et l'exemple de l'Azerbaïdjan est un modèle. Je sais que la façon dont nous nous sommes conduits sur le champ de bataille, en particulier lors de la libération de Choucha, est enseignée dans les académies militaires internationales.

Vous avez tous vus, à l’approche de Choucha, les rochers et les falaises. C’est une forteresse naturelle très difficile à conquérir. Choucha a été occupée à cause de la trahison de beaucoup de ceux qui étaient au pouvoir en Azerbaïdjan ou qui essayaient d'accéder au pouvoir. Ainsi, la libération de Choucha est une démonstration de notre détermination. Faire des changements géopolitiques, non pas un problème mais une opportunité, ne dépend que de vous, de votre stratégie, de votre bonne analyse de la situation et de votre politique principale. Si un pays cherche à manœuvrer, comme, par exemple, ce que nous voyons maintenant en Arménie, qui essaie de s’asseoir non pas même entre deux chaises, mais entre quatre chaises ou plus, on n’arrive à rien. En ce qui concerne l'Azerbaïdjan, qu'il s'agisse de notre politique de développement régional ou des affaires internationales, les questions liées à l'intégrité territoriale des pays sont claires et ne dépendent pas de la situation actuelle. Et l'Azerbaïdjan sortira encore plus fort du changement géopolitique. Nous le voyons déjà, notamment par la façon dont l'Arménie se rapproche non seulement de la compréhension mais aussi de la reconnaissance publique du Karabakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, et cela en partie en raison du changement géopolitique, et en partie à cause de l'effondrement de l’espoir illusoire que quelqu'un viendrait se battre pour eux. Ainsi, bien sûr, les ressources énergétiques de l'Azerbaïdjan sont aujourd'hui plus que jamais nécessaires pour renforcer la sécurité énergétique européenne. Donc, je ne suis pas pessimiste quant aux perspectives de notre pays, mais un peu plus optimiste, tout en essayant de rester toujours réaliste. »

La question iranienne

La presse occidentale a beaucoup parlé de la tension croissante entre l'Azerbaïdjan et l'Iran et même d'une suggestion d'une sorte d'axe entre l'Arménie, la Russie et l'Iran, d'un côté, et la Turquie, l'Azerbaïdjan et Israël, de l'autre.

« Nous avons toujours essayé de développer les relations et en tant que président, pendant près de 20 ans je me suis rendu plusieurs fois en Iran pour des visites officielles et les anciens présidents iraniens se sont rendus à plusieurs reprises en Azerbaïdjan. » rappelle M. Aliyev ? « Nous avions donc des relations commerciales très actives. Nous avons travaillé activement sur les questions liées au transport, en particulier le Corridor de transport Nord-Sud. Et nous avons vu que ces relations étaient essentielles car il est important d'avoir de bonnes relations avec son voisin, surtout quand on a une longue histoire commune.

Mais, bien sûr, pendant les périodes d'occupation, nous attendions plus de l'Iran en ce qui concerne le soutien de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Certes, ils ont toujours soutenu l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan et ont voté pour l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan aux Nations Unies, à l'Organisation de coopération islamique. Nous devons donc être absolument justes à ce sujet. Toutefois, les Azerbaïdjanais ont regretté la nature des relations irano-arméniennes. Mais en tant qu'hommes politiques, nous avons compris que chaque pays avait ses propres priorités en matière de politique étrangère. L'Iran et l'Arménie sont voisins. Beaucoup de gens en Azerbaïdjan s'attendaient à la même attitude que la Turquie, que l'Arabie saoudite, que le Pakistan pendant les périodes d'occupation. En réalité, ces trois pays n'avaient même pas de relations diplomatiques avec l'Arménie. Mais ici, les gens pensaient qu'il était naturel que l'Iran fasse preuve de solidarité à l’égard de l’Azerbaïdjan, comme l’ont fait ces pays et ont déploré l'utilisation active du territoire iranien par l'Arménie en matière de transport, y compris le transport de munitions et d'équipements militaires.

Nos relations sont toutefois restées très solides. Nous nous sommes mis d'accord, avec d'autres États riverains de la Caspienne, sur la convention de la mer Caspienne. Ce n'était pas facile. Il a fallu près de 30 ans pour que les pays se mettent d'accord et surmontent leurs diffrends. Je ne veux pas entrer dans les détails. Mais finalement, à Aktau, au Kazakhstan, nous avons signé la convention. Il était important que nous parvenions ainsi à un accord sur la répartition des frontières et des ressources de la mer Caspienne. Mais malheureusement, après la deuxième guerre du Karabakh, plusieurs étapes ont conduit à une néfaste escalade, si vous regardez la chronologie de ces étapes, vous verrez que l'Azerbaïdjan n'en était pas l'instigateur. Et pourquoi devrions-nous être des initiateurs ? Nous avons devant nous un défi et une tâche si énormes - la reconstruction du Karabakh et de l'est de Zangezour. Nous n'avons pas besoin d'e nous créer des problèmes avec un pays, surtout avec un pays voisin. Mais tout s'est passé après que nous ayons mis des caméras sur la route entre Lachin et Khankendi qui ont détecté des mouvements réguliers de camions iraniens vers le Karabakh. C’était absolument illégal. Puisque l'Iran reconnaît l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, il ne devrait pas agir de cette façon.

Nous avons commencé à surveiller le terrain. Nous avons pensé que c'était peut-être juste une sorte d'accident, peut-être que les chauffeurs qui sont venus d'Iran en Arménie se sont perdus, se sont trompés de route, et que, par accident, ils sont arrivés au Karabakh. Tout peut arriver… Mais nous avons très vite vu que cela devenait une habitude. Nous avons donc invité l'ambassadeur d'Iran pour une réunion privée, au cours de laquelle nous avons demandé que cette situation cesse. Parce que ce n'est pas bon pour nos relations et ce n'est pas bon à tous points de vue. Nous nous attendions véritablement à ce que cela s'arrête. Mais malheureusement, ce trafic a continué, l'accès illégal à l'Azerbaïdjan depuis l'Iran s’est poursuivi. Ensuite, nous avons dû faire une démarche officielle. Nous avons émis une note diplomatique et l'ambassadeur iranien a été invité à notre ministère des Affaires étrangères et nous avons rendu public notre mécontentement à ce sujet. C'est d’ailleurs une procédure diplomatique habituelle, qui n’a rien de particulier. Nous pensions que ce serait le genre de message auquel on répondrait. Mais malheureusement, non seulement ça ne s'est pas arrêté, mais ce trafic est devenu plus intensif, et tout est parfaitement documenté car nous avons des caméras sur place. Ils mettaient de fausses plaques arméniennes mais gardaient les camions tels qu'ils étaient avec des inscriptions en alphabet arabe. Alors, il a fallu arrêter tout cela. Ainsi, deux de ces camions ont été confisqués et les chauffeurs ont été arrêtés. Dans les documents de trafic, nous avons vu que la cargaison était envoyée depuis l'une des villes iraniennes avec pour destination « Stepanakert, Arménie. » Pouvez-vous imaginer cela ? Premièrement, l’endroit ne s’appelle pas Stepanakert, mais Khankendi. Deuxièmement, ce n'est pas l'Arménie. Et cela a créé beaucoup de vagues dans une partie de l'establishment iranien - accusations, menaces, etc.

Mais nous pensons que nous avons fait ce qu'il fallait. Ces chauffeurs ont bien sûr été libérés ensuite, et de nouveau, nous avons pensé que cela s’arrêterait, et c’est ce qui s’est produit. Vous voyez donc que nous avons dû utiliser ce genre de mesures afin de protéger notre intégrité territoriale.

Cela a déclenché un flot d'attaques médiatiques. Beaucoup de déclarations d'hommes politiques, de parlementaires. Nous n’y avons pas prêté beaucoup d'attention car il arrive parfois que quelqu'un qui est malheureux veuille manifester son malheur. Ce n’est pas quelque chose de tangible. Même lorsqu'ils ont commencé à organiser des exercices militaires à notre frontière, nous avons traité cela aussi comme une sorte de geste émotionnel. Bien sûr, c'était difficile à comprendre parce qu'à l'époque des occupations, il n'y avait jamais eu d'exercices militaires dans cette région. Ces deux exercices militaires ont également été accompagnés d'une campagne médiatique très hostile, de déclarations, d'insultes, d'accusations, de menaces, etc. Alors, comme toujours, nous avons répondu et nous avons procédé nous aussi à deux exercices militaires à leur frontière. L’un, par nos forces spéciales, ceux qui ont libéré Choucha, soit dit en passant. Et l’autre en collaboration avec notre allié, la Turquie, avec des F16 turcs et des forces spéciales turques. Ce n’était pas démonstration de force, mais simplement un message que nous pouvions nous défendre.

Malgré tout, nous avons persisté à chercher une solution diplomatique à tout type de désaccord. J'ai eu quelques rencontres avec mon collègue iranien lors de certains événements internationaux, non pas à Bakou ni à Téhéran, mais au Turkménistan et au Kazakhstan. Et il m'a semblé que nous avions tout clarifié, et que ce malentendu appartenait au passé. Malheureusement, alors que nous étions très près de faire un bon pas dans la reconstruction de nos relations, soit dit en passant, la visite du vice-Premier ministre azerbaïdjanais, le coprésident de la commission économique mixte était déjà prévue à Téhéran, parce que en Iran, il y a eu un changement de coprésident, alors que nous avions décidé d'envoyer notre coprésident pour le rencontrer et parce que nous avons beaucoup de choses à l'ordre du jour - cet acte terroriste sur notre ambassade a été commis et cela a presque tout gâché.
Je ne veux pas entrer dans trop de détails, mais tout le monde peut voir, sur la séquence vidéo qui a été diffusée, de quel genre d'acte de terreur il s'agissait. C'était un acte délibéré et organisé dans le but de tuer nos diplomates et les membres de leurs familles. Parce que dans ce bâtiment, non seulement nous avons une ambassade, mais aussi des appartements et des vies de famille. Nous avons des agents de sécurité dans plusieurs pays, mais ici seulement en Iran, ils n'étaient pas autorisés à porter des armes. Donc, nos agents de sécurité étaient désarmés, alors que la personne qui est entrée par effraction avait une Kalachnikov. Il a commencé à tirer immédiatement, a immédiatement tué et blessé deux d'entre eux. Un officier courageux a réussi à le désarmer et le repousser à mains nues. Pendant 40 minutes, aucune force de police n’était présente, pas d'agents de sécurité, rien. Pendant 40 minutes, il a essayé de revenir, il a tiré de nouveau avec une Kalachnikov, puis a brisé la porte avec un marteau vec Kalachnikov, il a utilisé le marteau. Il est venu avec un marteau, et d'ailleurs, il est venu avec un cocktail Molotov et il a cassé la porte avec un marteau et est entré à nouveau dans le bâtiment avec un cocktail Molotov. Et encore une fois le même officier, pourtant blessé, l'a désarmé et l'a repoussé. Ensuite, les caméras le montrent s’approcher de la police, et poser tranquillement as Kalachnikov. Comment croire alors que cela n’était pas organisé ? Et d'ailleurs, le même jour, cette personne est apparue dans les médias. Il accorde une interview. Pouvez-vous imaginer que la personne qui a fait irruption dans une ambassade d'un autre pays et en a tué un et en a blessé deux donne une interview en disant qu'il l'a fait pour d'autres raisons. Et deux jours après en Iran, il a été déclaré handicapé mental afin d'éviter toute forme de procédure judiciaire. Comment cela peut-il arriver ? Le handicap mental ne peut pas être examiné et testé en deux jours.
Mais ce n'était pas la fin de l'histoire. Nous avons rapatrié notre personnel et vidé notre ambassade à Téhéran. Elle est maintenant fermée. C'était ma décision, car pour moi, la sécurité et la vie de notre peuple sont plus importantes que ce qu'on en pensera en Iran. Mais ce n'était malheureusement toujours pas la fin de l'histoire. Un membre du parlement azerbaïdjanais a été victime d’un acte terroriste, et ce n'est que par hasard qu'il n'a pas été tué. Le Dieu lui a sauvé la vie. Encore une fois, une rafale de Kalachnikov à seulement deux mètres de distance. Il a reçu six balles et a été grièvement blessé.

Et après quelques jours, les membres du groupe terroriste ont été arrêtés. Nos structures d'application de la loi ont fonctionné très efficacement. Ils avoué où ils cachaient leurs armes, lesquelles ont été découvertes, et tout le réseau a été démantelé. Ils ont témoigné avoir reçu des ordres de l'Iran. On peut dire que la ligne rouge a été franchie. Nous avons la certitude que cette terreur a été organisée au niveau gouvernemental et qu’il ne s’agit pas d’un acte isolé. Non. Par conséquent, nous exigeons d'abord l'extradition de certains terroristes azerbaïdjanais qui ont trouvé refuge en Iran. Et, nous exigeons une enquête transparente sur l'attaque terroriste contre notre ambassade. Vous pouvez imaginer dès lors que les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Iran sont maintenant au plus bas. Il est très difficile de prédire l’évolution de nos relations. Nous avons reçu des communications de responsables iraniens, des appels téléphoniques, des propositions de normalisation de nos relations, mais nos demandes préalables sont absolument légitimes et justifiées. Si ces demandes sont satisfaites, alors on peut parler de normalisation. Sinon, alors non. Encore une fois, nous ne sommes pas responsables de cette situation ? ce n'était pas notre choix. Mais tout le monde en Iran, tous les segments de l'establishment devraient enfin comprendre que le langage des menaces et de la terreur ne fonctionnera pas avec l'Azerbaïdjan. Plus vite ils le comprendront, plus vite nous pourrons voir des signes de normalisation. »

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