SAUVÉE PAR UN "DON DE DIEU", L'EUROPE "N'A PAS ENCORE CONNU LE PIRE" EN MATIÈRE DE PÉNURIE D'ÉNERGIE

Paris / La Gazette
Le pire est à venir pour les pénuries de pétrole et de gaz en Europe, a averti mardi le ministre de l'Énergie du Qatar, soulignant qu'un hiver chaud avait permis d'éviter des difficultés plus importantes au cours des derniers mois.
Saad Sherida Al-Kaabi et son homologue saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman, ont déclaré qu'un manque d'investissement dans le pétrole et le gaz, alors que le monde tente de passer à des carburants plus propres pour prévenir le réchauffement climatique, risquait de provoquer une pénurie d'énergie.
« La seule chose qui a sauvé l'humanité et l'Europe cette année a été un hiver chaud et le ralentissement de l'économi », a estimé M. Al-Kaabi au Forum économique du Qatar.
« Si l'économie repart à la hausse en (2024) et que vous avez un hiver normal, je pense que le pire reste à venir ».
Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a déclenché une crise de l'approvisionnement énergétique, l'Europe a évité de graves problèmes l'hiver dernier, en grande partie grâce à des températures plus douces que prévu.
Toutefois, M. Al-Kaabi et le prince Abdulaziz d'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, ont tous deux déclaré lors de la conférence que d'autres problèmes se profilaient à l'horizon.
« Si (les dirigeants européens) ont un plan approprié et s'assoient avec les producteurs, et si les compagnies pétrolières et gazières ne sont pas diabolisées, la réalité s'imposera et nous aurons une solution sensée », a souligné M. Al-Kaabi.
Le Qatar a annoncé une série d'accords majeurs de fourniture de gaz et s'est engagé à développer le North Field, qui contient les plus grands gisements de gaz naturel au monde, afin de porter sa production à 126 millions de tonnes par an d'ici à 2027.
La demande est si forte que toute la production accrue des champs North Field East et North Field South pourrait faire l'objet d'accords à long terme d'ici la fin de l'année, a précisé M. Al-Kaabi.
« Il est possible que nous n'ayons plus de gaz provenant du NFE et du NFS d'ici la fin de l'année, en ce qui concerne les contrats à long terme », a-t-il ajouté. « Il s'agit évidemment d'une demande très importante ».
Le prince Abdulaziz a également évoqué que l'Europe avait été « sauvée par un don de Dieu » l'hiver dernier et que la sécurité énergétique mondiale était menacée par les « politiques de la fuite en avant ».
« La sécurité énergétique est entravée. Nous manquons de capacité, car les pays n'investissent pas dans le pétrole et le gaz », a-t-il déploré, se moquant de la promotion de carburants plus propres, notamment l'hydrogène vert, qui est produit à partir d'énergies renouvelables.
« Les gens parlent d'hydrogène bleu, vert, violet, rose, mais en fin de compte, qui sera le fournisseur ?
Quel serait le prix de l'hydrogène ? Nous ne parlons pas de pétrole, ni de gaz. Nous parlons du soi-disant carburant le plus propre et le plus vert de l'avenir. Et pourtant, il n'y a pas d'acheteurs », s'est-il ricané.