Pour les téléspectateurs de Netflix, "Emily in Paris" fait son retour
Paris / La Gazette
Pour les téléspectateurs de Netflix, elle fait partie des figures françaises les plus célèbres du moment, apparaissant dans trois succès : « Call My Agent », « The Crown » et « Emily in Paris », qui revient demain pour une troisième saison.
C'est un sacré retournement de situation pour Philippine Leroy-Beaulieu, 59 ans, qui ne s'attendait pas à ce niveau de notoriété internationale. Elle attribue à Cédric Klapisch, un réalisateur de « Call My Agent », le mérite de l'avoir tirée « du cercueil » après que sa carrière se soit arrêtée à la quarantaine.
Mais c'est son rôle de Sylvie Grateau, patronne d'une agence de marketing de luxe qui accepte à contrecœur d'engager une jeune Américaine naïve, Emily, qui a fait de Leroy-Beaulieu une star mondiale.
Elle se délecte de ce rôle caustique.
« Il y a une Amérique qui, comme Emily, veut conquérir le monde et sait faire tout mieux que le monde mais elle se heurte à quelqu’un comme moi qui lui dit: «Je suis Astérix et je ne te laisserai pas entrer sur mon territoire », a déclaré Leroy-Beaulieu en souriant, évoquant la star française de la bande dessinée qui combat l'Empire romain.
La carrière de Mme Leroy-Beaulieu a commencé en force dans les années 1980, avec une nomination pour le film « Trois Hommes et un Couffin » (remodelé par Hollywood sous le titre « Three Men and a Baby »).
Mais elle ne s'attendait pas à devenir l'incarnation du style parisien pour le public étranger, ayant eu du mal à s'intégrer dans la ville après être arrivée d'Italie lorsqu'elle était enfant.
Son personnage dans « Emily à Paris » est un personnage infusé de clichés américains sur la Parisienne: chic, mince, dédaigneuse, juchée sur des talons interminables, cigarette à la bouche. Pourtant, selon Mme Leroy-Beaulieu, le spectacle remet en question les stéréotypes tout en s'amusant avec eux.
« Ces personnages disent qu’il faut briser certaines étiquettes, que les gens sont multifacettes, on n’a pas à les juger », a-t-elle ajouté.
Il y a eu des moments dans la saison deux où la façade dure de Grateau a été brisée, comme lorsqu'elle a été prise pour la mère de son jeune amant dans un restaurant.
« Dans la saison 3, on va voir davantage sa vulnérabilité », a dit l’actrice.
La vie sexuelle des femmes autour de la cinquantaine a été un sujet brûlant cette année, notamment dans « Good Luck to You, Leo Grande » avec Emma Thompson, et dans le film français « La Passagere », dont l'actrice principale Cécile de France a récemment appelé les réalisateurs qu’« on arrête de ne montrer que des femmes jeunes comme objets de désir », confiait Cécile de France récemment au magazine « Elle ».
Mme Leroy-Beaulieu est prudente quant à l'idée que les femmes françaises sont plus libres: « En comparaison avec les femmes américaines qui sont plus prisonnières de certains codes, nous avons cette réputation… qui n’est pas forcément vraie», dit-elle », a-t-elle estimé.
Cliché ou pas, son personnage a captivé Yvonne Hazelton, autrice américaine qui a vécu à Paris et a écrit sur la ville et sur la série.
« Le personnage de Sylvie est le plus fascinant; elle est inspirante », dit-elle à l’AFP. Outre son sens du chic, « elle est compétente et maîtrise chaque situation même face aux problèmes ».
Si « les Américaines sont généralement plus conservatrices, il est correct de dire que beaucoup de femmes quinqua se comportent » comme Sylvie en termes de relations amoureuses. « Pour une femme qui comme moi a divorcé au début de sa cinquantaine, le sentiment de liberté qu’on ressent est énorme », a encore précisé l’autrice.
