FRANCE : POUR UN ÉTUDIANT SUR CINQ, LE RESTE À VIVRE MENSUEL EST INFÉRIEUR À 50 EUROS

Paris / La Gazette
Selon une étude de l'Ifop réalisée lors de la rentrée 2023, pour un étudiant sur cinq, le reste à vivre après avoir payé le loyer et les charges est inférieur à 50 euros. Et d’après une autre étude de l'Unef, le coût de la vie étudiante a augmenté de 5,24% par rapport à l'année dernière dans la ville d’Amiens.
Cette étude révèle que 36% des étudiants déclarent avoir déjà sauté un repas par manque d'argent. Un chiffre qui grimpe à 42% chez les étudiants boursiers. ils se contentent des produits les moins chers : riz, pâtes, légumes... ils n'achètent plus de viande ni de poisson : trop chers.
Cette année, l'Unef Amiens Picardie estime que le coût de la vie étudiante a augmenté de 5,24% dans la capitale picarde. Si le loyer moyen étudiant reste inférieur à la moyenne nationale, il augmente légèrement cette année. Mais l'association pointe du doigt le coût des transports en commun, qui a grimpé de 8%. Elle revendique la gratuité pour tous les jeunes.
Miel Ysmal, étudiante à l'université Picardie-Jules Verne, confie avoir du mal à joindre les deux bouts. Elle subit l'inflation de plein fouet. Sa bourse et les APL lui permettent tout juste de payer son loyer. Sa famille l'aide aussi un peu chaque mois. "Pour le même plein de courses qu'en septembre dernier, je paye 20 euros de plus aujourd'hui. C'est effrayant ! À la fin de cette année, combien je vais le payer ?", souffle Miel Ysmal.
Miel évoque également les effets sur la santé. "Certains ne mangent pas, et tombent malades. Ça n'est pas vivable. (...) Ça a forcément des répercussions physiques : il y a la fatigue, et certains développent des troubles alimentaires parce qu'ils ne mangent plus, ou au contraire, dès qu'ils ont de la nourriture, ils font de l'hyperphagie, car ils n'ont pas mangé pendant longtemps et n'ont plus la sensation de satiété. Ça a des conséquences absolument terribles sur notre santé physique et mentale."
Un phénomène d'autant plus inquiétant lorsqu'on le met en perspective avec l'étude réalisée en 2022 par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) qui indique que 40% des étudiants renoncent aux soins, principalement pour des raisons financières, contre environ 12% il y a dix ans.
En conséquence de quoi, certains étudiants n'ont d'autre choix que d'avoir un job étudiant, le plus souvent dans la restauration, le commerce ou la garde d'enfants — près d'un étudiant sur deux d'après les chiffres les plus récents. Sauf que d'après une étude de l'Observatoire de la vie étudiante réalisée en 2020, près de la moitié des étudiants qui exercent une activité rémunérée pendant l'année universitaire estime que celle-ci a un impact négatif sur leurs études ou leur bien-être.
Bien entourée, Miel partage ses craintes et ses appréhensions avec sa famille et ses amis. Une chance que tous les étudiants n'ont pas : 45% d'entre eux déclarent se sentir "toujours ou souvent seul".