LA RUSSIE NE RENOUVELLERA PAS L'ACCORD SUR LES CÉRÉALES UKRAINIENNES TANT QUE SES EXIGENCES NE SERONT PAS SATISFAITES, DIT POUTINE À ERDOGAN
Paris / La Gazette
Le président russe Vladimir Poutine a réitéré sa position en faveur du rétablissement d'un accord conclu sous l'égide des Nations Unies pour transporter en toute sécurité des céréales ukrainiennes à travers la mer Noire, à condition que l'Occident réponde aux exigences de Moscou en matière d'exportations agricoles.
Le président russe a tenu ces propos lundi à l'issue d'une réunion avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan dans la ville de Sotchi, sur la mer Noire, dans l'espoir de relancer l'accord considéré comme vital pour l'approvisionnement alimentaire mondial, en particulier en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
La Russie a refusé d'étendre l'accord en juillet, se plaignant qu'un accord parallèle promettant de lever les obstacles aux exportations russes de denrées alimentaires et d'engrais n'avait pas été respecté. Elle a déclaré que les restrictions en matière de transport et d'assurance entravaient son commerce agricole, bien qu'elle ait expédié des quantités record de blé depuis l'année dernière.
M. Poutine a réitéré ces plaintes et a insisté que les corridors de la mer Noire ne devaient pas être utilisés à des fins militaires. Il a indiqué aux journalistes que si ces engagements étaient respectés, la Russie pourrait revenir à l'accord « dans les jours qui viennent ».
M. Erdogan a également exprimé l'espoir d'une avancée rapide. Il a déclaré que la Turquie et les Nations Unies, qui ont toutes deux négocié l'accord initial, ont élaboré un nouveau paquet de propositions visant à débloquer la situation.
« Nous pensons que l'initiative doit se poursuivre en corrigeant les lacunes », a exhorté le président turc, qui a assumé le rôle de médiateur entre l'Ukraine et la Russie. Il s'agissait de la première rencontre entre les deux dirigeants depuis la réélection de M. Erdogan pour un troisième mandat en mai.
Les États-Unis et l'Union européenne ont rejeté les plaintes de Moscou, estimant qu'elles n'étaient pas fondées et que leurs sanctions ne visaient pas les céréales et les engrais russes.
Selon les experts, l'échec de la relance de l'accord aura des « conséquences dramatiques » dans plusieurs pays africains qui dépendent fortement des céréales ukrainiennes et russes.
Pour tenter de remédier à cette situation, M. Poutine a précisé à la presse à Sotchi que Moscou était à quelques semaines de fournir gratuitement des céréales à six pays africains.
« Nous sommes sur le point de conclure des accords avec six États africains, où nous avons l'intention de fournir des denrées alimentaires gratuitement et même d'assurer la livraison et la logistique gratuitement », a assuré le chef du Kremlin.
« Les livraisons commenceront dans les deux prochaines semaines », a-t-il promis.
Le dirigeant russe a affirmé qu'une grande partie des céréales exportées dans le cadre de l'accord de la mer Noire était destinée à l'Occident et non aux pays pauvres.
M. Erdogan a entretenu des liens étroits avec M. Poutine pendant les 18 mois de guerre en Ukraine. La Turquie ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie à la suite de son invasion à grande échelle, devenant ainsi un partenaire commercial majeur et une plaque tournante logistique pour le commerce extérieur de la Russie.
Cependant, la Turquie, membre de l'OTAN, a également soutenu l'Ukraine en lui envoyant des armes, en rencontrant le président ukrainien Volodymyr Zelensky et en soutenant la candidature de Kiev à l'adhésion à l'alliance.
