« TRAJECTOIRES ET ORIGINES 2 » : LA NOUVELLE ENQUÊTE L'INSEE QUI DESSINE LE NOUVEAU VISAGE DE L’IMMIGRATION EN FRANCE

Paris / La Gazette
L’enquête « Trajectoires et Origines 2 » (TeO2) est une enquête statistique réalisée conjointement par l’Ined et l’Insee. C’est la deuxième édition d’une enquête, effectuée en 2008-2009, qui a permis d’établir des statistiques nationales sur la diversité des populations en France métropolitaine et d’étudier comment les origines migratoires influencent le devenir des personnes.
Fin avril, après une première enquête menée il y a 10 ans, l’INSEE a dévoilé sa nouvelle et deuxième Enquête « Trajectoires et origines 2 ». Profil, parcours scolaires et professionnels, conditions de vie, santé, religiosité etc. : de nombreux indicateurs sur l’état de l’immigration en France qui n’avaient jamais été pris en compte par la statistique publique. Les données ont été collectées entre juillet 2019 à novembre 2020, sur 26 500 répondants entre 18 et 59 ans « vivant en logement ordinaire ».
Selon cette nouvelle enquête, entre 1968 et 2021, le nombre d’immigrés en France a été multiplié par 2,2, tandis que la population française générale l’a été par 1,4. Or, si en 2021, la France comptait 7 millions d'immigrés vivant sur son territoire, soit 10,3 % de sa population totale, la nouvelle enquête « Trajectoires et origines » montre, qu’en dix ans, l'immigration a changé de visage. Les pays de provenance se sont diversifiés. Ainsi, 48 % des immigrés en 2021 sont originaires d'Afrique, 22 % d’Europe, et 15 % d’Asie. Les migrations en provenance de Chine, ainsi que des pays du Moyen-Orient, se sont particulièrement accrues au cours des dix dernières années, note l’INSEE.
Plusieurs profils sociodémographiques ressortent de cette nouvelle immigration, mais le plus prégnant est celui d’une immigration jeune, féminine et qualifiée ou en voie de qualification. Les femmes représentent en 2021 plus de la moitié (52 %) du flux migratoire, contre 44 % en 1968. Elles sont particulièrement nombreuses au sein des immigrations venues des pays d’Asie du Sud-Est (elles constituent ainsi 64 % de l'ensemble des arrivants en provenance de cette région), de Chine (61 %), d’Amérique et d’Océanie (56 %). Si les femmes rejoignaient autrefois leur conjoint dans le cadre du regroupement familial, elles migrent désormais de plus en plus souvent pour d’autres raisons (étudier, trouver un emploi en adéquation avec leur diplôme, etc.).
La moitié des immigrés arrivés en France en 2019 ont moins de 26 ans, une dynamique portée par les individus originaires d’Europe du Sud ou d’Afrique hors Maghreb. Et en ce qui concerne les pays hors Union européenne, ces jeunes viennent la plupart du temps pour étudier. En effet, en 2021, l’immigration étudiante représente pour la première fois le premier motif de venue en France pour les ressortissants de pays tiers, précisent les chercheurs. En conséquence, l’immigration actuelle tend à être plus qualifiée, puisque 43 % des immigrés âgés de 15 ans ou plus sont diplômés de l’enseignement supérieur.