LE DIRECTEUR DE L'AIE MET EN GARDE CONTRE UN RESSERREMENT DE L'OFFRE ÉNERGÉTIQUE L'HIVER PROCHAIN
Paris / La Gazette
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, a mis en garde contre d'éventuelles pénuries d'énergie l'hiver prochain, car relativement peu de nouveau gaz naturel liquéfié (GNL) arrive sur le marché, alors que la consommation de la Chine devrait augmenter cette année.
Les gouvernements européens ont pris de nombreuses décisions correctes au cours de l'année dernière pour assurer l'approvisionnement en énergie, comme la construction de plus de terminaux GNL pour remplacer les livraisons de gaz russe par gazoduc, a indiqué M. Birol à Reuters en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité le 18 février.
Mais ils ont aussi eu de la chance, a-t-il ajouté, avec un hiver doux qui a freiné la demande alors que la faiblesse économique de la Chine a entraîné la première baisse de la consommation dans ce pays depuis 40 ans.
« Pour cet hiver, il est juste de dire que nous sommes tirés d'affaire. S'il n'y a pas de surprises de dernière minute, nous devrions nous en sortir... peut-être avec quelques bleus ici et là », a souligné M. Birol. « Mais la question est de savoir... ce qui se passera l'hiver prochain ».
Un supplément de 23 milliards de mètres cubes (mmc) de GNL est attendu cette année, a prévu le directeur de l'AIE, ajoutant que même avec seulement une petite augmentation de la production économique avec l'allègement des restrictions liées à la pandémie, la Chine avalerait probablement 80 pour cent du gaz supplémentaire.
« Même si nous disposons d'un nombre suffisant de terminaux d'importation de GNL, il se peut qu'il n'y ait pas assez de gaz à importer et, par conséquent, l'hiver prochain ne sera pas facile pour l'Europe », a-t-il insisté, notant que cela entraînerait probablement une nouvelle hausse des prix.
« Ce n'est pas le moment d'être relaxé, ce n'est pas le moment de se réjouir ».
Même si l'on redouble d'efforts pour exploiter de nouveaux gisements de gaz, il faudra des années avant qu'ils ne soient mis en service, a-t-il encore estimé.
Selon lui, les ménages et les entreprises doivent donc poursuivre leurs efforts pour réduire leur consommation de gaz, tandis que la production d'énergie renouvelable doit augmenter plus rapidement.
M. Birol a mis en garde les pays qui avaient décidé d'abandonner progressivement l'énergie nucléaire de reconsidérer si c'était le meilleur moment pour le faire, en disant que la prolongation temporaire des dernières centrales nucléaires allemandes jusqu'en avril par exemple était un pas dans la bonne direction.
« Nous avons besoin de toutes les sources d'énergie pour nous aider à affronter le prochain hiver », a-t-il poursuivi.
