INVASION RUSSE : LES ALLIÉS PROMETTENT DES MILLIARDS POUR LA RECONSTRUCTION DE L'UKRAINE ET RECHERCHENT DE GROS INVESTISSEMENTS
Paris / La Gazette
L'Ukraine a reçu mercredi des engagements substantiels de plusieurs milliards de dollars d'aide financière de la part de ses alliés pour la reconstruction d'après-guerre, la lutte contre la corruption et l'avancement de son chemin vers l'adhésion à l'Union européenne.
Soulignant l'ampleur de la tâche, les diplomates et les dirigeants politiques présents à la conférence sur le redressement de l'Ukraine à Londres ont exhorté les entreprises du secteur privé à investir et à relancer une économie mise à mal par près d'un an et demi de guerre.
Des délégués de plus de 60 pays ont assisté à la conférence, qui constitue un forum de collecte de fonds et un message à la Russie selon lequel les alliés de l'Ukraine sont engagés sur le long terme.
La Banque mondiale a estimé le coût de la reconstruction à plus de 400 milliards de dollars, un chiffre qui augmente chaque jour avec le nombre de victimes de l'invasion russe. Les responsables politiques européens et américains ont juré que la Russie serait un jour amenée à payer pour les destructions subies, même si les autorités reconnaissent que ce jour est encore loin.
Le secrétaire d'État Antony Blinken a assuré que les États-Unis allaient accorder une nouvelle aide de plus de 1,3 milliard de dollars, dont plus de 500 millions de dollars pour restaurer et améliorer le réseau énergétique ukrainien mis à mal.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une aide de 50 milliards d'euros (55 milliards de dollars) jusqu'en 2027, tandis que la Grande-Bretagne a promis 240 millions de livres (305 millions de dollars) d'aide et 3 milliards de livres (3,8 milliards de dollars) de garanties de prêt de la Banque mondiale pour l'Ukraine.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s'est adressé aux délégués par vidéo et a clamé que son pays avait besoin d'actions, et pas seulement de promesses.
« Nous devons passer d'une vision à des accords et d'accords à des projets concrets », a-t-il martelé.
M. Zelensky, qui prône l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne, a exhorté les dirigeants occidentaux à avoir le « courage » de reconnaître que son pays est déjà un élément clé de leurs alliances économiques et de défense.
« Nous n'attendons que le courage des dirigeants de l'alliance pour reconnaître cette réalité, politiquement », a-t-il dit.
Mme Von der Leyen a déclaré : « Je ne doute pas que l'Ukraine fera partie de notre union », mais elle a souligné qu'elle devait encore remplir certaines conditions avant d'entamer les négociations d'adhésion, notamment réduire la corruption et réformer le système judiciaire.
« Malgré la guerre, l'Ukraine a accéléré son programme de réformes avec une rapidité et une détermination impressionnantes », a estimé Mme von der Leyen. Elle a ajouté que de telles réformes enverraient « un message fort » aux investisseurs, leur garantissant « la transparence, l'équité et le bon fonctionnement des institutions dont ils ont besoin pour investir en Ukraine ».
« L'objectif est de reconstruire une Ukraine adaptée à l'UE », a évoqué pour sa part la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dont le pays accueillera une autre conférence sur le redressement l'année prochaine.
La conférence vise à mobiliser les investissements du secteur privé. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a précisé que BT, Virgin, Philips et Hyundai Engineering figuraient parmi les 400 entreprises de 38 pays qui se sont engagées à investir en Ukraine.
M. Sunak a fait remarquer que l'Ukraine représentait une "énorme opportunité d'investissement" malgré les destructions croissantes causées par les attaques russes.
Le Royaume-Uni espère également que la conférence permettra de progresser dans la mise en place d'une assurance contre les risques de guerre pour les entreprises qui investissent en Ukraine, bien que l'on ne sache pas exactement à quel point les projets sont avancés.
Lors de la conférence sur le redressement qui s'est tenue l'année dernière en Suisse, l'Ukraine a demandé que les milliards d'actifs russes gelés par les pays occidentaux depuis l'invasion soient utilisés pour le redressement de l'Ukraine.
Cette idée est encore en phase de discussion dans plusieurs pays, mais la Grande-Bretagne a fait un pas dans cette direction cette semaine, en étendant les sanctions à l'encontre de la Russie afin que les fonds puissent être gelés jusqu'à ce que l'Ukraine obtienne une compensation pour l'invasion.
