LA BULGARIE SIGNALE UNE BAISSE DE L'IMMIGRATION CLANDESTINE À SA FRONTIÈRE AVEC LA TURQUIE
Paris / La Gazette
Alors que la Turquie est aux prises avec l'immigration clandestine, la Bulgarie enregistre une baisse du nombre de personnes.
Le gouvernement de Sofia a annoncé que le nombre de franchissements irréguliers de la frontière extérieure de l'UE entre la Bulgarie et la Turquie avait considérablement diminué depuis le début de l'année. "Il n'y a pas de pression migratoire accrue sur la Bulgarie, mais plutôt une tendance permanente à la réduction", a déclaré le ministre de l'intérieur par intérim, Kalin Stoyanov, au Parlement mercredi. Depuis le début de l'année, 5 200 tentatives de "franchissement illégal" de la frontière bulgaro-turque ont été empêchées. Au cours de la même période l'année dernière, le chiffre était de 15 600, a évoqué M. Stoyanov. Depuis le début de l'année, 260 migrants ont été détenus à l'intérieur du pays. Au cours de la même période en 2023, 1 260 migrants avaient été détenus, a-t-il poursuivi.
Les réfugiés des régions en crise et les migrants traversent souvent la frontière terrestre bulgaro-turque de 259 kilomètres de manière irrégulière avec l'aide de passeurs. Ils contournent ainsi les postes-frontières où ils devraient être enregistrés. De nombreux migrants poursuivent ensuite leur voyage vers l'Europe centrale et occidentale en passant par la Serbie, car ils ne souhaitent généralement pas rester en Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'UE.
L'agence européenne de protection des frontières Frontex souhaite tripler le nombre de ses agents aux frontières extérieures de la Bulgarie avec la Turquie et la Serbie à partir du 20 mars. Jusqu'à 600 agents supplémentaires de Frontex seront alors déployés en Bulgarie. Le pays des Balkans doit rejoindre l'espace Schengen à la fin du mois de mars, mais pour l'instant, uniquement aux frontières aériennes et maritimes. Sofia fait pression pour que les contrôles à ses frontières terrestres soient bientôt levés.
À l'autre frontière nord-ouest de la Turquie, avec la Grèce, les autorités ont fait état le mois dernier d'une baisse de plus de 95 % de l'activité des migrants irréguliers cette année. La Turquie est la principale destination des réfugiés qui tentent de passer en Europe, en particulier depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011. Chaque année, des centaines de milliers de migrants fuient les conflits civils ou les difficultés économiques de leur pays d'origine dans l'espoir d'atteindre l'Europe. Certains migrants parviennent à effectuer des voyages dangereux sur terre ou en mer avec l'aide de passeurs, qui les abandonnent souvent, surtout pendant les voyages en mer, après avoir reçu des milliers de dollars de chaque migrant. D'autres sont arrêtés par les forces de sécurité turques avant de franchir la frontière européenne.
Dans certains cas, la Grèce voisine est accusée de repousser les migrants, une pratique controversée. Dans la mer Égée, les bateaux des garde-côtes grecs repoussent souvent les embarcations de migrants qui s'approchent vers les îles grecques. À Edirne, où se trouve le point de passage entre la Turquie et la Grèce, plusieurs cas de "refoulement" similaires ont été documentés au cours des dernières années. Dans certains cas, les migrants ont été retrouvés nus et couverts d'ecchymoses après avoir été battus, selon eux, par des agents des services frontaliers grecs qui les ont déshabillés et forcés à retourner du côté turc. Sur la rivière Maritsa qui sépare les deux pays, les migrants ont été forcés par le passé de ramer jusqu'à la frontière turque après que leurs bateaux aient été refoulés par les forces grecques.
Les dernières statistiques, portant sur la période 2010-2023, montrent que la Turquie a secouru 184 175 migrants irréguliers dans ses mers après qu'ils aient mis leur vie en danger dans l'espoir d'atteindre l'Europe. Au cours de la même période, quelque 923 migrants ont trouvé la mort au cours de périlleux voyages, tandis que 503 personnes sont toujours portées disparues après le naufrage de leur embarcation. Rien que l'année dernière, 20 personnes sont mortes alors qu'elles se rendaient sur les îles grecques voisines depuis la côte turque. Onze ont été portées disparues alors qu'elles s'efforçaient d'atteindre les îles de la mer Égée, tandis que les garde-côtes turcs ont sauvé 23 977 migrants clandestins d'une mort certaine.
