L'UE CHERCHE À COMBLER L'ÉCART DE PRODUCTION AVEC LA CHINE ET LES ÉTATS-UNIS
Paris / La Gazette
Les dirigeants de l'Union européenne ont débattu d'un nouveau "pacte européen de compétitivité" visant à aider les 27 États membres à combler le fossé qui les sépare de leurs rivaux chinois et américains en matière de production économique, alors qu'ils craignent que les industries de la région ne soient définitivement laissées pour compte.
Dans un paysage géopolitique instable, redéfini par la guerre entre la Russie et l'Ukraine et les tensions croissantes au Moyen-Orient qui créent de nouveaux défis économiques, les dirigeants de l'UE estiment qu'il est urgent d'agir.
La Chine, les États-Unis et l'Union européenne sont les trois plus grandes économies du monde, mais la part de l'UE a diminué au cours des 30 dernières années. L'Europe subit aujourd'hui des pressions dans le cadre des efforts déployés par les États-Unis et la Chine pour soutenir les investissements dans la production nationale au moyen de subventions et d'allègements fiscaux, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables et des technologies vertes.
Les dirigeants ont pris connaissance d'une proposition visant à subventionner les entreprises industrielles à l'échelle de l'UE, en réponse au soutien apporté par l'administration Biden aux investissements dans les technologies respectueuses de l'environnement par le biais de la loi sur la réduction de l'inflation, et aux subventions accordées par la Chine aux voitures électriques et aux panneaux solaires.
Ces propositions, contenues dans un rapport de l'ancien premier ministre italien Enrico Letta, répondent à l'inquiétude générale selon laquelle les subventions américaines, qui favorisent la production nationale aux États-Unis, attirent les investissements européens et menacent de faire disparaître des emplois industriels sur le continent.
"Nous risquons de perdre le contact. Il n'y a pas de temps à perdre. L'écart entre l'Union européenne et les États-Unis en termes de performances économiques ne cesse de se creuser", a estimé M. Letta.
Selon son rapport, le produit intérieur brut par habitant aux États-Unis a augmenté de près de 60 % entre 1993 et 2022, alors qu'en Europe, l'augmentation a été inférieure à 30 %.
Les règles de l'UE limitent l'aide des gouvernements membres aux entreprises afin d'éviter de fausser la concurrence dans la zone de libre-échange des 27 membres de l'Union.
M. Letta propose d'exiger des pays qu'ils consacrent une partie de ces aides à des projets à l'échelle de l'Union européenne plutôt qu'à des projets purement nationaux.
Le rapport préconise également une meilleure intégration des marchés financiers de l'Union, afin que les entreprises puissent lever des fonds pour de nouveaux projets d'énergie renouvelable auprès d'investisseurs en actions, en obligations et en capital-risque, au lieu de dépendre essentiellement des prêts bancaires.
Il s'agit d'une idée de longue date qui n'a progressé que lentement. Les idées de M. Letta ne seront mises en œuvre qu'après les élections européennes de cette année et la nomination d'une nouvelle commission exécutive.
