MAHSA AMINI HONORÉE PAR LE PLUS GRAND PRIX DES DROITS DE L'HOMME DE L'UE
Paris / La Gazette
Mahsa Amini, la jeune femme kurde iranienne de 22 ans dont la mort en garde à vue a déclenché une vague de protestations en faveur des droits des femmes en Iran, a reçu le prix le plus prestigieux de l'Union européenne en matière de droits de l'homme.
Mme Amini, ainsi que le mouvement iranien "Femmes, vie et liberté", né d'une campagne de protestation de plusieurs mois dans les rues après sa mort, ont reçu le prix Sakharov de l'UE pour la liberté de l'esprit, a annoncé jeudi la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, qui les a récompensés pour leur défense des "droits de l'homme et des libertés fondamentales".
En annonçant le prix, Mme Metsola a déclaré que Mme Amini avait déclenché un mouvement "historique" dirigé par des femmes dans le pays et a espéré que le prix "servirait d'hommage aux femmes, aux hommes et aux jeunes courageux et défiants d'Iran" qui font pression pour le changement.
"Le monde a entendu les chants 'Femmes, vie, liberté'. Trois mots qui sont devenus un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l'égalité, la dignité et la liberté en Iran", s'est souvenue Mme Metsola.
Appartenant à la minorité kurde d'Iran, Mme Amini avait été arrêtée à Téhéran l'année dernière par la "police des mœurs" parce qu'elle n'aurait pas respecté les règles du hijab en vigueur dans le pays. Elle est décédée en garde à vue trois jours plus tard.
La famille de Mme Amini a insisté qu'elle était en parfaite santé avant son arrestation et des témoins oculaires ont affirmé l'avoir vue se faire battre alors qu'elle entrait dans un fourgon de police. Les autorités iraniennes ont nié toute responsabilité, attribuant la mort d'Amini à une crise cardiaque.
Sa mort a déclenché de vastes manifestations dans tout l'Iran pendant près de trois mois en 2022, certaines participantes défiant les règles strictes sur le port du foulard et d'autres scandant des slogans antigouvernementaux. Des manifestations de solidarité ont eu lieu dans le monde entier, notamment à Paris, Berlin, Beyrouth, Istanbul et dans d'autres grandes villes.
Les autorités iraniennes ont violemment réprimé le mouvement de protestation, tuant 500 personnes et en arrêtant 22 000, selon les groupes de défense des droits. Téhéran a rejeté les appels à l'ouverture d'une enquête indépendante sur la répression.
