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PROTECTION ANTIAÉRIENNE :  LA POLOGNE DÉCLINE L’AIDE MILITAIRE ALLEMANDE

2 Décembre 2022 10:48 (UTC+01:00)
PROTECTION ANTIAÉRIENNE :  LA POLOGNE DÉCLINE L’AIDE MILITAIRE ALLEMANDE
PROTECTION ANTIAÉRIENNE :  LA POLOGNE DÉCLINE L’AIDE MILITAIRE ALLEMANDE

Paris / La Gazette

À la suite de l’incident provoqué par les missiles ukrainiens S-300, survenu le 15 novembre dans le village de Przewodow, à proximité de la frontière avec l’Ukraine, Berlin a proposé de sécuriser l’espace aérien de la Pologne avec ses avions de chasse Eurofighter et ses systèmes de défense aérienne Patriot. Or, en dépit des besoins mis en avant par ces explosions qui ont couté la vie à deux polonais, la rhétorique antiallemande du parti au pouvoir a pris le dessus en Pologne.

La ministre de la défense allemande, Christine Lambrecht, venait à peine de proposer, à Varsovie, la mise à disposition de deux batteries de défense antimissile Patriot. Au sein de l’OTAN, ce système de production américaine est considéré comme le « joyau » de la défense antiaérienne. À la suite de cette offre généreuse, le ministre de la défense polonais, Mariusz Blaszczak, a fait savoir qu’il « accepte avec satisfaction » la proposition allemande. Un geste de solidarité d’autant mieux accueilli dans les milieux militaires que la défense aérienne du pays repose encore largement sur des systèmes hérités de l’époque soviétique. Deux batteries Patriot étaient donc en cours de mise en route et devraient être opérationnelles à l’horizon 2024. L’acquisition de six autres unités, indispensables à une couverture optimale du territoire, est quant à elle en phase de négociation.

Cependant, c’était mal connaître le sentiment antiallemand du parti au pouvoir en Pologne. à la stupéfaction générale, M. Blaszczak a informé son homologue allemand d’un revirement de la position polonaise, mercredi soir sur les réseaux sociaux. « A la suite des nouvelles attaques de missiles russes [en Ukraine], j’ai demandé à la partie allemande que les batteries Patriot proposées à la Pologne soient transmises à l’Ukraine et disposées à sa frontière occidentale. Cela permettra à l’Ukraine de se défendre (…) et augmentera la sécurité de notre frontière orientale. ». Une manière à peine voilée de décliner l’offre de Berlin.

La nouvelle a provoqué une consternation généralisée, jusque dans les couloirs du palais présidentiel. Le président Andrzej Duda, pourtant commandant des forces armées, n’a pas été consulté. Les experts se sont empressés de souligner le caractère irréaliste de la proposition, car la transmission d’un arsenal aussi sensible nécessiterait l’accord du gouvernement américain qui a, jusqu’à présent, refusé de donner son feu vert à la livraison de ce type d’armement. Ceci impliquerait également une présence prolongée de soldats allemands sur le territoire ukrainien à des fins de formation et de maintenance, ce qui constitue une autre ligne rouge de l’Alliance atlantique.

Seulement, il ne s’agit que d’un vœu pieux, étant donné que l’interception éventuelle d’un missile russe par une batterie Patriot allemand au-dessus du territoire ukrainien marquerait une implication de l’Otan dans le conflit. Quant aux capacités polonaises de défense aérienne, celles-ci ont été renforcées par deux batteries Patriot PAC-3 déployées par les forces américaines en mars dernier. Et, alors qu’elle accueille l’un des deux sites anti-missiles AEGIS ASHORE de l’Otan à Redzikowo, la Pologne attend la livraison de quatre systèmes Patriot dans le cadre de son programme Wisla et prévoit d’en commander six autres exemplaires.

PHOTO : Les ministres des affaires étrangères allemand et polonais, Annalena Baerbock et Zbigniew Rau, lors d’une conférence de presse conjointe en octobre 2022.

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