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La Croatie et l'Azerbaïdjan ont un grand potentiel de coopération dans le domaine des énergies renouvelables (Interview)

29 Juillet 2021 06:58 (UTC+01:00)
La Croatie et l'Azerbaïdjan ont un grand potentiel de coopération dans le domaine des énergies renouvelables (Interview)
La Croatie et l'Azerbaïdjan ont un grand potentiel de coopération dans le domaine des énergies renouvelables (Interview)

Paris / Lagazetteaz

Entretien exclusif avec le ministre des Affaires étrangères et européennes de la République de Croatie, Gordan Grlić Radman

Question : Comment la pandémie de COVID-19 a-t-elle affecté le chiffre d'affaires commercial croato-azerbaïdjanais depuis la fermeture des frontières ?

Réponse : Nous sommes heureux de dire que la pandémie de COVID-19 et la fermeture des frontières n'ont pas eu d'impact négatif sur le commerce des marchandises entre la Croatie et l'Azerbaïdjan, car en 2020, les exportations croates vers l'Azerbaïdjan et les importations croates en provenance d'Azerbaïdjan ont augmenté.

Selon le Bureau croate des statistiques, les exportations croates vers l'Azerbaïdjan ont augmenté de 5% (de 1,37 à 1,44 million d'euros ou de 1,63 à 1,71 million d'USD) et les importations croates en provenance d'Azerbaïdjan de 10% (de 339,78 à 440,57 euros ou d'environ 476 à 524 millions d'USD), ce qui signifie que le volume total des échanges a augmenté d'environ 10%.

La Croatie fait partie des 5 premiers importateurs de produits azerbaïdjanais dans le monde et se classe au 3e rang des États membres de l'UE.

Bien que les exportations de biens de la Croatie vers l'Azerbaïdjan aient été modestes, sauf en 2012 où la Croatie a exporté deux ferries vers l'Azerbaïdjan, une augmentation chiffrée des services fournis par les entreprises informatiques croates aux clients azerbaïdjanais a été enregistrée en 2020. C'est le résultat de la présence des entreprises informatiques croates en Azerbaïdjan et de leur participation aux Salons annuels Bakutel depuis près d'une décennie.

Les produits croates les plus exportés vers l'Azerbaïdjan sont les cosmétiques. Il est important de souligner que la Croatie peut offrir à l'Azerbaïdjan un certain nombre de produits, notamment ceux de haute technologie de l'industrie pharmaceutique. Des négociations sont en cours sur de nouveaux projets dans plusieurs secteurs (informatique, machines de déminage et énergie). Si un accord est conclu, il permettra d'atténuer partiellement l'important déséquilibre commercial.

Q. : Quel a été le rôle de l'ouverture de l'Ambassade croate à Bakou dans le renforcement des relations ?

R. : L'année dernière, la Croatie et l'Azerbaïdjan ont célébré le 25e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Je dois dire, avec grand plaisir, que notre relation est une relation d'amitié et de partenariat. La Croatie considère l'Azerbaïdjan comme un partenaire stratégique important. En 2013, nous avions signé la Déclaration sur le partenariat stratégique dans le but d'encourager des échanges plus intensifs entre nos organes étatiques, nos entreprises, nos organisations à but non lucratif et nos citoyens. L'ouverture de l'Ambassade de la République de Croatie à Bakou, en 2018, était la prochaine étape logique. La présence diplomatique la plus élevée, réalisée par l'Ambassade, contribue sans aucun doute à un échange de vues plus actif et régulier sur les questions de politique étrangère et les défis mondiaux, mais surtout, elle renforce l'interaction bilatérale. En diplomatie, comme vous le savez, être représenté « sur le terrain » est le meilleur moyen de travailler ensemble dans l'intérêt de nos deux pays et de nos deux peuples. L'ouverture de l'Ambassade a en outre contribué à la coopération politique, économique et culturelle déjà fructueuse entre la Croatie et l'Azerbaïdjan. Dans le même but, l'Azerbaïdjan a ouvert son Ambassade à Zagreb en 2011. Donc, pour répondre à votre question, nos relations ont une dynamique positive croissante, notamment dans les domaines du commerce et de l'économie, et l'ouverture de l'Ambassade croate à Bakou y a certainement contribué.

Q. : Comment évaluez-vous le travail de la Commission intergouvernementale mixte sur la coopération économique pour le développement des liens bilatéraux dans divers domaines de l'économie ?

R. : La poursuite de l'expansion de la coopération actuelle est dans l'intérêt de nos deux pays et le travail de la Commission intergouvernementale mixte sur la coopération économique est inestimable, car il donne une forte impulsion au développement des relations bilatérales. Lors de sa première session en 2017, la Commission avait échangé des perspectives sur la coopération économique, notamment dans les domaines de l'industrie, de l'énergie, des transports, des communications, de l'informatique, de la culture, du tourisme, de la jeunesse, du sport, de la santé, de l'agriculture, ainsi que dans l'élaboration du cadre juridique de la coopération bilatérale. Il s'agit donc d'une excellente plateforme pour fixer des objectifs communs, suivre les progrès de leur réalisation et définir de nouvelles étapes dans le renforcement de la coopération économique. La Commission mixte contribue à l'établissement de contacts directs entre les entreprises et autres entités juridiques en vue d'encourager les investissements et de promouvoir l'échange d'informations dans les domaines économiques. J'ai été informé récemment que notre Ambassade à Bakou avait accéléré la procédure de convocation de la 2e session de la Commission mixte, qui devrait avoir lieu fin septembre ou début octobre de cette année à Zagreb.

Q. : La Croatie et l'Azerbaïdjan sont liés par un projet aussi prometteur que le gazoduc Ionien-Adriatique (Ionian Adriatic Pipeline - IAP), qui permettra à la Croatie d'accéder au gaz azerbaïdjanais via le Corridor gazier Sud . Quel est l'état d'avancement de la mise en œuvre du projet IAP en Croatie ?

R. : Le projet IAP est important pour l'Europe du Sud-Est en tant que nouvelle voie d'approvisionnement en gaz, qui, en plus d'améliorer la sécurité de l'approvisionnement, assure également la diversification des sources conformément aux objectifs de l'Union de l'énergie. Le promoteur opérationnel du projet en Croatie est Plinacro, qui a préparé une documentation complète pour la création de la société du projet IAP et de son siège à Dugopolje, en Croatie. Compte tenu de la situation liée à la pandémie de COVID-19, ces activités ont été ralenties. Toutefois, Plinacro a appliqué le projet pour la 5e liste PCI [Projects of Common Interest] qui doit être adoptée d'ici la fin de 2021. De plus, le projet est mis en avant dans les documents d'élargissement de l'UE et est particulièrement important en raison de la gazéification du Monténégro et de l'ouverture d'une nouvelle voie d'approvisionnement pour la Bosnie-Herzégovine. Nous sommes particulièrement reconnaissants à la compagnie azerbaïdjanaise SOCAR et au Gouvernement de l'Azerbaïdjan pour leur soutien continu et important dans la préparation du projet.

Q. : Comment évaluez-vous le rôle du Corridor gazier Sud pour assurer la sécurité énergétique de l'Europe, et en particulier de la Croatie ?

R. : Le Corridor gazier Sud est extrêmement important pour l'Europe du Sud-Est (ESE) ainsi que pour l'ensemble de l'Europe, car il aborde deux questions cruciales liées à la politique énergétique de l'UE : d'une part, il contribue à la diversification des sources de gaz naturel pour l'UE et, d'autre part, il garantit la sécurité de l'approvisionnement. Cet aspect est particulièrement important car la production d'électricité est encore en partie liée au charbon dans cette région. La sécurisation d'une nouvelle voie d'approvisionnement en gaz permet donc aux pays d'Europe du Sud-Est de passer à une source d'énergie bien meilleure. Le Corridor gazier Sud contribue aussi grandement à la stabilité énergétique de l'ESE et au-delà.

Q. : Dans quels domaines l'Azerbaïdjan et la Croatie ont-ils encore un potentiel inexploité et de grandes perspectives de développement de la coopération bilatérale ?

R. : Il existe un grand potentiel dans la coopération énergétique, notamment dans le domaine des sources d'énergie renouvelables, compte tenu de notre expérience en matière de centrales hydroélectriques. Cela est particulièrement intéressant dans le contexte de la reconstruction des infrastructures en Azerbaïdjan, dans une région qui a récemment été au centre d'un conflit. Nous voyons également un grand potentiel dans le secteur des technologies de l'information, compte tenu du nombre considérable d'entreprises croates spécialisées dans ce domaine, qui disposent d'équipements de pointe et ont acquis une grande expérience à l'étranger. Enfin, et surtout, je peux mentionner des entreprises croates de renommée mondiale dans le domaine du déminage – des entreprises qui produisent l'une des meilleures machines de déminage, ainsi que celles qui effectuent le travail de déminage sur le terrain.

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Propos recueillis par Leman Zeynalova

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