LE CHEF DE L'ONU ET D'AUTRES S'INQUIÈTENT DE LA SUSPENSION DE L'ACCORD SUR LES CÉRÉALES UKRAINIENNES PAR LA RUSSIE
Paris / La Gazette
Le secrétaire général des Nations Unies, l'Union européenne, les États-Unis et l'Allemagne ont exprimé leur inquiétude après que la Russie a annoncé son retrait de l'initiative sur les céréales de la mer Noire, affirmant qu'« aucune des demandes de Moscou n'a été satisfaite ».
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a regretté la décision de Moscou.
« La décision prise aujourd'hui par la Fédération de Russie portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde », a déclaré M. Guterres à la presse.
« Des centaines de millions de personnes souffrent de la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils en paieront le prix », a-t-il ajouté.
M. Guterres a indiqué que les Nations Unies continueraient à essayer de faciliter l'accès aux marchés mondiaux pour les denrées alimentaires et les engrais en provenance d'Ukraine et de Russie.
Le haut diplomate de l'Union européenne, Josep Borrell, a reproché à la Russie de s'être retirée de l'accord international autorisant les exportations de céréales en provenance de l'Ukraine déchirée par la guerre.
« Je dois blâmer la Russie pour cette décision », a estimé M. Borrell, qui a qualifié cette décision de « totalement injustifiée », en marge d'un sommet de l'UE avec les dirigeants des Caraïbes et de l'Amérique latine.
« Il s'agit de quelque chose de très grave qui créera beaucoup de [problèmes] pour de nombreuses personnes dans le monde », s'est-il inquiété.
Le chef de la politique étrangère de l'UE a également qualifié de « non-sens » les allégations répétées de la Russie selon lesquelles les sanctions de l'UE empêchent les exportations agricoles.
La Maison Blanche a déclaré que la suspension par la Russie d'un pacte permettant l'exportation de céréales d'Ukraine vers la mer Noire « aggravera la sécurité alimentaire et portera préjudice à des millions de personnes ».
« Nous exhortons instamment le gouvernement russe à revenir immédiatement sur sa décision », a insisté Adam Hodge, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, dans un communiqué.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a également fait valoir que le refus de la Russie de prolonger l'accord qui permet à l'Ukraine d'exporter des céréales depuis ses ports de la mer Noire depuis un an « envoie un mauvais message » au reste du monde.
« Le fait que la Russie ne veuille pas prolonger l'accord sur les céréales envoie un mauvais message au reste du monde », a souligné M. Scholz lors d'un sommet UE-CELAC de deux jours à Bruxelles.
« Mais tout le monde comprendra ce qui se cache derrière, à savoir une action qui a beaucoup à voir avec le fait que la Russie ne se sent pas responsable de la bonne coexistence dans le monde », a-t-il ajouté.
La Russie a refusé de renouveler l'accord sur les céréales au-delà du 17 juillet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ayant déclaré : « Malheureusement, la partie concernant la Russie dans cet accord sur la mer Noire n'a pas été mise en œuvre jusqu'à présent ».
La Russie cherchait à lever les obstacles à ses exportations d'engrais afin d'accepter une nouvelle extension de l'accord sur les céréales, y compris l'inclusion de sa banque agricole publique, la Russian Agricultural Bank, dans le système de paiement international SWIFT.
Il y a un an, la Turquie, l'ONU, la Russie et l'Ukraine ont signé un accord à Istanbul pour reprendre les exportations de céréales à partir de trois ports ukrainiens de la mer Noire, qui avaient été interrompues après le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine en février 2021.
L'accord a été renouvelé à plusieurs reprises depuis lors et a été prolongé de deux mois le 18 mai.
Moscou a également retiré les garanties de sécurité russes pour la navigation dans la partie nord-ouest de la mer Noire.
Selon les Nations Unies, l'accord a permis d'acheminer en toute sécurité plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires à partir des ports ukrainiens.
Le Programme alimentaire mondial a expédié plus de 725 000 tonnes pour soutenir les opérations humanitaires et soulager la faim dans certaines des régions du monde les plus durement touchées, notamment l'Afghanistan, la Corne de l'Afrique et le Yémen.
