BELGIQUE : DE L'ANTISÉMITISME À L'ANTI-AZERBAÏDJANAISME
Paris / La Gazette
L’exposition Flowers of Bakou, Traces d’Art Nouveau en Azerbaïdjan, consacrée à l'art nouveau dans la ville de Bakou devait être inaugurée le 18 octobre aux Halles Saint-Géry, le centre d’exposition placé sous l’égide de la Région Bruxelles-Capitale.
L’événement, pourtant annoncé depuis des semaines, a été annulé in extremis.
La raison ? Les menaces que la communauté arménienne a proféré contre l’organisation de cet événement, et surtout, le souhait de la secrétaire d’État bruxelloise chargée du Patrimoine et des Relations internationales, Ans Persoons (Vooruit), de ne pas froisser cette communauté qui pèse d’une influence considérable, comme elle le fait en France, sur la politique locale.
Le journal de droite La libre Belgique titre aussitôt : « En pleine guerre du Haut-Karabakh, l’ambassade d’Azerbaïdjan finançait une exposition prévue aux Halles Saint-Géry », et dénonce « une propagande du régime azéri sous couvert de culture […], alors que ce 5 octobre, le Parlement européen a dénoncé un nettoyage ethnique en cours, condamnant l’agression des forces azerbaïdjanaises contre les populations arméniennes du Nagorny Karabakh. »
En somme, libérer son territoire d’une occupation jugée illégale par l’ensemble des organisations internationales, et même par l’Arménie elle-même, et donner le choix à la population de rester ou de partir sans contrainte ni violence, est une agression. Le journal poursuit d’ailleurs en reprenant la légende de la « diplomatie du caviar » qui serait pratiquée par l’Azerbaïdjan (ceux qui ont déjà goûté au buffet d’une soirée à l’Ambassade savent qu’il s’agirait plutôt d’une « diplomatie de la cacahuète » ! )
Par ailleurs, le fait qu'une ambassade finance une exposition n'a rien que de très habituel : Les ambassade de Suisse, de Roumanie, de Slovénie et du Japon ont déjà financé une exposition à Bruxelles avec l’aval de la Région. Non, ce que l'on accepte pas, c'est que l'Azerbaïdjan le fasse.
Le commissaire de l’exposition, Frank Depaifve, a eu beau plaider que l’Azerbaïdjan était l’un des pays les plus tolérants du monde, et même « le seul pays au monde où il n’y avait pas la moindre trace d’antisémitisme », selon les termes de l’ambassadeur d’Israël. Rien y a fait. Il n’est pas question d’organiser une exposition qui ne présenterait pas les Azerbaïdjanais comme des araignées suceuses de sang.
Cette métaphore est celle qui fut utilisée en 1941 lors de l’exposition « Le juif et la France ». Organisée par l’occupant allemand, elle promettait de révéler aux visiteurs , à travers une galerie de caricatures grotesques, « Comment reconnaître le juif », et faisait un parallèle entre les oeuvres des artistes juifs et la « destruction de nos traditions ».
Le journal belge Les Echos titrait en 2022 : « La Belgique, le pays le moins amical envers les juifs sur 12 États européens », et précisait : « Antisémitisme croissant, sentiment d'insécurité, action jugée trop faible des autorités... Les juifs de Belgique estiment que leur "qualité de vie" est la pire parmi 12 pays européens. C'est ce qui ressort d'une étude menée au cours des deux dernières années par l'Association juive européenne (EJA), en collaboration avec le British Institute of Jewish Policy Research. »
Pourquoi alors ne pas suggérer aux autorités Belges d’organiser à la Halle Saint-Géry, une exposition sur « L’Azerbaïdjanais et la Belgique » ou « Le Turc et la Belgique », puisque l’un et l’autre sont volontairement confondus par la propagande turcophobe et islamophobe ?
Décidément, l’ombre de Léon Degrelle plane toujours sur Bruxelles, celle de Gareguine Njdeh, nazi arménien dont l'immense statue trône à Erevan, aussi...
