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« ANKARA ET EREVAN ONT SURMONTE UNE BARRIERE PSYCHOLOGIQUE DANS LEURS RELATIONS » — ANALYSES D’EXPERTS

9 Novembre 2025 11:19 (UTC+01:00)
« ANKARA ET EREVAN ONT SURMONTE UNE BARRIERE PSYCHOLOGIQUE DANS LEURS RELATIONS » — ANALYSES D’EXPERTS
« ANKARA ET EREVAN ONT SURMONTE UNE BARRIERE PSYCHOLOGIQUE DANS LEURS RELATIONS » — ANALYSES D’EXPERTS

Paris / La Gazette

Les relations entre la Turquie et l’Arménie semblent entrer dans une phase plus apaisée. Récemment, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a déclaré que son pays maintenait une communication institutionnelle et régulière avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, ajoutant que les relations arméno-turques étaient désormais « sur la bonne voie ».

Il a également révélé avoir invité le Président turc Recep Tayyip Erdoğan à participer au sommet de la "Communauté Politique Européenne", prévu en mai 2026 à Erevan, exprimant l’espoir que cette invitation soit acceptée.

Mais comment Ankara perçoit-elle ces propos ? Le Président Erdoğan se rendra-t-il effectivement à Erevan ? Le portail caliber.az a interrogé plusieurs experts pour décrypter les signaux envoyés des deux côtés.

Un processus fondé sur le réalisme et la coopération

Selon Göktuğ Çalışkan, spécialiste des relations internationales au Centre d’études de crise et de politique d’Ankara (ANKASAM), les récents développements sur le dossier arméno-turc montrent que le dialogue entre les deux pays repose désormais sur des bases plus rationnelles et constructives qu’auparavant.

« L’établissement d’une communication directe entre le Président Erdoğan et le Premier ministre N. Pachinian a donné au processus de normalisation une dimension stratégique, dépassant les simples questions techniques », explique-t-il.

Pour l’expert, cette évolution démontre la volonté d’Ankara de contribuer activement à la paix régionale. L’invitation adressée au Président Erdoğan pour le sommet européen à Erevan offrirait, selon lui, une plateforme multilatérale inédite de dialogue et de coopération dans le Caucase du Sud.

« Pour la Turquie, il est essentiel que ce processus débouche sur des résultats concrets renforçant la stabilité régionale », souligne G. Çalışkan.

Vers une levée progressive des barrières psychologiques

L’analyste estime que la Turquie soutient toute initiative visant à consolider la paix durable dans la région. Les déclarations récentes de N. Pachinian — notamment sur une possible ouverture prochaine de la frontière — témoignent selon lui du fait que les deux parties ont surmonté une barrière psychologique historique.

« L’approche de la Turquie reste guidée par l’objectif d’une normalisation complète des relations avec l’Arménie, dans le respect de la souveraineté et des frontières mutuelles », rappelle-t-il.

Le rythme de cette normalisation dépendra en grande partie des avancées dans le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, étroitement lié à la dynamique Ankara-Erevan.

Sur le plan technique, des progrès tangibles ont déjà été réalisés : ouverture de la frontière terrestre aux ressortissants de pays tiers, reprise du transport de marchandises et projets de rétablissement des liaisons ferroviaires.

Quant à la participation du Président Erdoğan au sommet de 2026 à Erevan, elle dépendra selon G. Çalışkan de l’évolution politique et sécuritaire sur le terrain.

« Si la confiance mutuelle s’approfondit et que des mesures concrètes sont mises en œuvre, la restauration complète des relations diplomatiques deviendra possible. Ankara considère cette démarche non seulement comme un progrès bilatéral, mais aussi comme un élément clé de l’intégration régionale », conclut-il.

Une dynamique régionale favorable

Pour Serikzhan Mambetalin, homme politique turco-kazakh et fondateur de la Fondation “Union du Grand Touran”, rien ne semble aujourd’hui s’opposer à une réponse positive de la Turquie à l’invitation de N. Pachinian.

« D’ici mai 2026, des avancées significatives dans la mise en œuvre du corridor de Zanguezour auront probablement eu lieu, ce qui influencera positivement la position d’Ankara », estime-t-il.

Selon S. Mambetalin, la Turquie aborde ses relations avec l’Arménie dans le contexte du dialogue entre Bakou et Erevan. L’atmosphère actuelle, marquée par un discours apaisé, des échanges économiques croissants et l’absence de rhétorique hostile, crée des conditions favorables à une ouverture progressive de la frontière pour le commerce.

« C’est une évolution extrêmement positive, non seulement pour le Caucase du Sud, mais aussi pour l’ensemble de la coopération trans-caspienne », conclut l’expert.

Ainsi, après des décennies de méfiance, Ankara et Erevan semblent avoir franchi un seuil psychologique majeur. Si les conditions politiques et régionales continuent d’évoluer dans le sens du dialogue, le sommet de 2026 à Erevan pourrait bien devenir un tournant symbolique sur la voie d’une normalisation historique entre les deux voisins.

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