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L'UNION EUROPÉENNE ACCORDE 270 MILLIONS D'EUROS À L'ARMENIE

5 Avril 2024 17:58 (UTC+01:00)
L'UNION EUROPÉENNE ACCORDE 270 MILLIONS D'EUROS À L'ARMENIE
L'UNION EUROPÉENNE ACCORDE 270 MILLIONS D'EUROS À L'ARMENIE

Paris / La Gazette

L'Union européenne a promis vendredi une enveloppe financière de 270 millions d'euros (290 millions de dollars) à l'Arménie, alors que Bruxelles et Washington s'efforcent de renforcer les liens avec Erevan et que ses relations avec la Russie s'effritent.

Cette annonce a été faite à l'issue d'entretiens entre le Premier ministre arménien, Nikol Pachinyan, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, qui visaient à renforcer la coopération.

L'Arménie, pays du Caucase, cherche à renforcer le soutien économique de l'Occident alors qu'elle s'éloigne de son allié traditionnel, la Russie.

Mme Von der Leyen a martelé que l'ensemble des subventions financières accordées à l'Arménie pour quatre ans au titre de la "résilience et de la croissance" montrait que l'UE était "aux côtés" d'Erevan.

"L'Europe et l'Arménie partagent une longue histoire commune et le moment est venu d'écrire un nouveau chapitre", a-t-elle déclaré.

M. Pachinyan a estimé que la réunion de vendredi à Bruxelles était la preuve du "partenariat en expansion" de son pays ex-soviétique avec l'UE et les États-Unis.

M. Blinken a indiqué que les États-Unis renforçaient également leur soutien économique à Erevan en le portant à 65 millions de dollars cette année, afin de soutenir les efforts visant à faire de l'Arménie "une nation forte, indépendante et en paix avec ses voisins".

"Nous devons exploiter ce moment de choix pour le peuple arménien et ses dirigeants", a-t-il souligné.

L'Arménie s'est attiré les foudres de la Russie en critiquant son rôle de garant de la sécurité régionale et en lançant même l'idée d'une demande d'adhésion à l'UE.

Avant les discussions de Bruxelles, M. Blinken a appelé le président azerbaïdjanais M. Aliyev mercredi pour tenter d'apaiser les tensions.

M. Pachinyan a martelé lors de la réunion de Bruxelles qu'il restait "attaché à la normalisation des relations avec l'Azerbaïdjan".

La Turquie, principal soutien de l'Azerbaïdjan, a averti que les discussions de l'Arménie avec les États-Unis et l'Union européenne "sapent l'approche neutre qui devrait être la base de la résolution des problèmes complexes de la région".

"À un moment où la réussite d'une opportunité historique est si proche, il est encore plus important que les tiers, en particulier les acteurs extérieurs à la région, adoptent une approche juste et impartiale du processus et évitent soigneusement de lui nuire", lit-on dans un communiqué publié par le ministère turc des Affaires étrangères le 4 avril.

La réunion trilatérale excluant l'Azerbaïdjan, selon le communiqué, saperait l'approche neutre nécessaire à la résolution des problèmes complexes de la région.

"Cette initiative, qui exclut l'Azerbaïdjan, ouvrira la voie pour que le Sud-Caucase devienne une zone de conflit géopolitique, au lieu de servir la paix", poursuit le communiqué.

Ankara a réitéré son appel aux pays tiers pour qu'ils prennent en compte les paramètres de la région et qu'ils abordent les parties en conflit avec la même distance.

Les relations entre les deux anciennes républiques soviétiques sont tendues depuis 1991, date à laquelle l'armée arménienne a occupé le Karabakh, territoire internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, et sept régions adjacentes.

L'Azerbaïdjan a libéré la majeure partie de la région au cours d'une guerre de 44 jours à l'automne 2020, qui s'est achevée par un accord de paix conclu sous l'égide de la Russie, ouvrant la voie à une normalisation.

En septembre dernier, l'armée azerbaïdjanaise a lancé une opération "antiterroriste" au Karabakh afin de rétablir l'ordre constitutionnel, après quoi les forces séparatistes illégales de la région se sont rendues.

En décembre, les voisins du Sud-Caucase ont publié une déclaration commune indiquant qu'ils souhaitaient parvenir à un accord de paix. Depuis, ils ont tenu de nombreux pourparlers, dont deux jours de négociations à Berlin en février, mais Bakou déplore souvent le "parti pris occidental" dans les négociations, notamment de la part de pays pro-arméniens comme la France et l'Allemagne.

L'Arménie chrétienne et l'Azerbaïdjan majoritairement musulman sont entrés en guerre à deux reprises au sujet de la région du Karabakh, occupée par la majorité arménienne depuis les années 1990, bien qu'elle soit internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

Les deux parties se sont affrontées pour la première fois en 1988, puis à nouveau à l'automne 2020, avant de conclure un accord de paix sous l'égide de la Russie, qui a également ouvert la voie à une normalisation.

La démarcation des frontières et la mise en place de corridors de transport régionaux traversant les territoires respectifs sont des éléments clés de la conclusion d'un traité de paix entre les deux répuliques post-soviétiques.

L'Arménie a également soulevé la question du contrôle des enclaves ethniques de part et d'autre de la frontière. L'Azerbaïdjan veut que son voisin lui rende quatre villages qu'il dit être occupés par Erevan.

M. Pachinyan a laissé entendre à plusieurs reprises ces dernières semaines qu'il était prêt à restituer ces villages à l'Azerbaïdjan. Ces villages sont importants pour Erevan, car ils contrôlent sa principale route vers le nord, jusqu'à la frontière avec la Géorgie.

L'Azerbaïdjan a estimé que la restitution de ses terres était une condition préalable à un accord de paix visant à mettre fin à trois décennies de conflit au sujet du Karabakh.

Alors que le Premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais affirment qu'un accord de paix plus large est à leur portée, les différends territoriaux persistants font planer la menace d'une reprise de la guerre.

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