LA TUNISIE ET L'UE CONCLUENT UN ACCORD SUR LES MIGRATIONS
Paris / La Gazette
L'Union européenne et la Tunisie ont signé un mémorandum d'entente en vue d'un « partenariat stratégique et global » visant à lutter contre l'immigration clandestine et à renforcer les liens économiques entre l'Union européenne et ce pays d'Afrique du Nord, qui se trouve sur l'un des principaux itinéraires empruntés par les migrants et les réfugiés à destination de l'Europe.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, se sont de nouveau entretenus avec le président tunisien, Kaïs Saïed, dimanche, alors que le nombre de migrants et de réfugiés quittant la Tunisie pour tenter de rejoindre l'Europe a considérablement augmenté ces derniers mois.
S'exprimant au palais présidentiel tunisien, Mme Von der Leyen a salué l'accord comme un investissement dans « la prospérité et la stabilité partagées ».
« La Tunisie et l'Union européenne sont liées par notre histoire et notre géographie communes, et nous partageons des intérêts stratégiques », a-t-elle estimé.
M. Saïed a déclaré qu'il était absolument nécessaire de conclure un accord collectif sur ce qu'il a appelé la « migration inhumaine », dont il a imputé la responsabilité aux réseaux criminels.
« Ce mémorandum devrait être couplé dès que possible à une série d'accords contraignants émanant de ses principes », a-t-il exhorté.
M. Rutte a espéré que l'accord contribuerait à lutter contre les trafiquants d'êtres humains.
« Il contient des accords sur la perturbation du modèle commercial des passeurs et des trafiquants d'êtres humains, sur le renforcement des contrôles aux frontières et sur l'amélioration de l'enregistrement et du retour. Toutes ces mesures sont essentielles pour renforcer les efforts visant à mettre fin à la migration irrégulière », a écrit M. Rutte sur Twitter.
Mme Meloni a salué « une nouvelle étape importante dans la gestion de la crise migratoire » et a invité M. Saïed à participer à une conférence internationale sur la migration le 23 juillet.
Le mois dernier, les trois dirigeants se sont rendus en Tunisie, et la Commission européenne a annoncé à l'époque qu'elle envisageait de soutenir la Tunisie avec un programme d'aide pouvant atteindre 900 millions d'euros (1 010 millions de dollars), alors que le pays est en proie à des difficultés économiques et à un nombre croissant de migrants et de réfugiés qui le traversent pour tenter d'atteindre l'Europe.
Parmi les aides spécifiques annoncées dimanche par Mme von der Leyen figurent un programme de 10 millions d'euros (11 millions de dollars) visant à stimuler les échanges d'étudiants et un financement européen de 65 millions d'euros (73 millions de dollars) destiné à moderniser les écoles tunisiennes.
L'UE travaillera avec la Tunisie sur un partenariat de lutte contre la contrebande, renforcera la coordination des opérations de recherche et de sauvetage et les deux parties ont également convenu de coopérer en matière de gestion des frontières, a précisé Mme Von der Leyen. Elle a promis de consacrer 100 millions d'euros (112 millions de dollars) à ces efforts, chiffre qu'elle avait déjà annoncé lors de la précédente visite des dirigeants.
Vendredi, le ministère italien de l'Intérieur avait dénombré plus de 75 000 migrants arrivés par bateau sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre environ 31 900 au cours de la même période l'année dernière.
L'Italie est une destination courante pour les réfugiés et les migrants qui ont fui des régions d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie.
Le port de Sfax, deuxième ville de Tunisie, est le point de départ de nombreux migrants subsahariens originaires de pays pauvres et déchirés par la violence, qui cherchent une vie meilleure en Europe en effectuant la périlleuse traversée de la Méditerranée, souvent à bord d'embarcations de fortune.
