L'ITALIE DÉCLARE L'ÉTAT D'URGENCE FACE À UN AFFLUX MASSIF DE MIGRANTS
Paris / La Gazette
Le gouvernement italien de droite a déclaré mardi l'état d'urgence national pour une durée de six mois afin de faire face à l'afflux de migrants arrivant sur les côtes méridionales du pays.
La télévision d'État a annoncé qu'un commissaire spécial devrait être nommé. Un financement initial de 5 millions d'euros (près de 5,5 millions de dollars) a également été approuvé dans le cadre de la mesure approuvée par la Première ministre Giorgia Meloni et son cabinet.
Dans un communiqué publié à l'issue du conseil des ministres, le gouvernement a indiqué que l'état d'urgence avait été jugé nécessaire « pour mettre en œuvre d'urgence des mesures extraordinaires visant à désengorger » un centre d'accueil pour migrants situé sur une petite île italienne de la Méditerranée et qui est débordé.
Il est également nécessaire de mettre en place « de nouvelles structures, adaptées à la fois à l'hébergement, au traitement et au rapatriement des migrants qui n'ont pas les conditions requises pour rester » en Italie, selon le communiqué du gouvernement.
Lors de la pandémie de COVID-19, les coalitions au pouvoir en Italie ont également imposé l'état d'urgence, ce qui a permis au gouvernement d'imposer de nombreuses mesures d'adaptation par décret, en contournant temporairement le processus parlementaire habituellement long pour le financement et les réglementations.
« Soyons clairs, cela ne résout pas le problème, dont la solution est liée à une intervention réfléchie et responsable de l'Union européenne », a insisté le ministre de la Protection civile et des Politiques maritimes, Nello Musumeci, cité par l'agence de presse italienne ANSA.
En grande partie sans succès, le gouvernement de Mme Meloni, comme plusieurs autres avant elle, a fait pression pour obtenir davantage de solidarité de la part des autres pays de l'UE, qui souvent ne tiennent pas leurs promesses d'accepter certains des demandeurs d'asile qui espèrent trouver de la famille ou du travail en Europe du Nord.
Depuis le début de l'année, quelque 31 000 migrants, secourus par des bateaux militaires italiens ou des navires de bienfaisance ou arrivés en Italie sans assistance, ont débarqué, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. C'est près de quatre fois plus que les quelque 8 000 migrants débarqués au cours de la même période les deux années précédentes.
Les arrivées de migrants, qui partent à bord d'embarcations impropres à la navigation mises à l'eau par des passeurs depuis les côtes d'Afrique du Nord, semblent destinées à s'intensifier. Tôt dans la journée de mercredi, un bateau de passeurs, chargé de quelque 700 passagers, devait entrer dans le port de Catane, une grande ville de l'est de la Sicile.
Les garde-côtes italiens escortaient le bateau de pêche en détresse vers la côte lorsqu'une panne l'a contraint à se faire remorquer, ce qui a ralenti sa progression. Les garde-côtes avaient déjà transféré une centaine de passagers lorsque la mer agitée a rendu cette opération trop risquée, et la décision a été prise de laisser le reste des migrants à bord jusqu'à ce que le navire puisse atteindre le port.
Au cours d'une seule journée récente, 26 bateaux de migrants, dont beaucoup n'avaient pas besoin d'être secourus, ont atteint Lampedusa, une minuscule île italienne située au sud de la Sicile. L'installation de Lampedusa qui abrite les migrants afin qu'ils puissent être provisoirement identifiés, première étape vers une demande d'asile, a été ébranlée par le flot incessant d'arrivées.
Le refuge est censé accueillir entre 350 et 400 personnes, mais ces derniers jours, il y en avait 3 000. L'Italie a affrété des ferries commerciaux vides pour transférer des centaines d'entre eux vers la Sicile ou le continent.
Mardi, quelque 1 600 migrants étaient hébergés dans la structure de Lampedusa, et les autorités espéraient que les conditions météorologiques s'amélioreraient afin que, dans la soirée, quelque 400 d'entre eux puissent être transférés par ferry hors de l'île.
« Il y a beaucoup de femmes avec des enfants en bas âge, ainsi que des mineurs non accompagnés », a déploré Lorena Tortorici, directrice du Centre pour migrants, à la chaîne de télévision italienne Sky TG24. « Nous sommes dans une situation d'urgence. Le personnel essaie de faire ce qu'il peut ».
Le plus grand nombre de migrants arrivés depuis le début de l'année sont originaires de Côte d'Ivoire, suivis par des personnes originaires de Guinée, du Pakistan, d'Égypte, de Tunisie et du Bangladesh, selon le décompte du ministre de l'Intérieur.
Pendant des années, la plupart des bateaux de passeurs empruntant la dangereuse route de la Méditerranée centrale partaient de l'ouest de la Libye. Mais depuis quelques mois, de nombreux voyages partent de l'est de la Libye ou de la Tunisie.
