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JANVIER NOIR : IL Y A 33 ANS, LES TROUPES SOVIÉTIQUES ASSASSINAIENT DES CIVILS EN AZERBAÏDJAN

19 Janvier 2023 23:23 (UTC+01:00)
JANVIER NOIR : IL Y A 33 ANS, LES TROUPES SOVIÉTIQUES ASSASSINAIENT DES CIVILS EN AZERBAÏDJAN
JANVIER NOIR : IL Y A 33 ANS, LES TROUPES SOVIÉTIQUES ASSASSINAIENT DES CIVILS EN AZERBAÏDJAN

Paris / La Gazette

Le 20 janvier 1990, des unités de l'armée soviétique et des forces spéciales entrèrent dans les villes de Bakou, Sumgayit, Lankaran et Neftchala et massacrèrent 150 civils, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées, et 744 autres furent blessés.

Ce massacre fut commis sur l’ordre de Mikhaël Gorbatchev, après avoir décrété l’état d’urgence dans la région.

Que s’est-t-il passé ? Bien que l’Union Soviétique fût déjà entré dans son processus de déliquescence, le gouvernement central continuait à s’accrocher à son pouvoir, notamment dans les républiques du Caucase du Sud. En Azerbaïdjan, des manifestations de masse eurent lieu pour réclamer l’indépendance du pays. Les manifestants protestaient également contre la politique discriminatoire des dirigeants soviétiques à l'égard du peuple azerbaïdjanais. En effet, dans le but de consolider sa mainmise sur l’Azerbaïdjan, dont les ressources étaient considérées comme essentielles par le pouvoir soviétique, celui-ci avait choisi de s’appuyer sur son rival arménien. En échange de leur soutien, les soviétiques avaient laissé les Arméniens déporter hors du pays les 250 000 Azéris qui y vivaient depuis toujours, et fermé les yeux sur leurs revendications territoriales sur le Karabakh.

Le Secrétaire général du Parti communiste soviétique Mikhail Gorbachev et le ministre de la Défense Dmitry Yazov prétendirent, par un renversement des responsabilités, que la loi martiale était « nécessaire afin d'arrêter la violence contre la population arménienne et contrer les efforts du mouvement pour l'indépendance de l'Azerbaïdjan pour renverser le gouvernement soviétique d'Azerbaïdjan ».

La répression fut d’une violence inouïe, et conduisit à l’un des plus grands massacres de l’histoire de la région. Celui-ci, appelé par les Azerbaïdjanais « Qara Yanvar », « Janvier noir », fut finalement l’un des actes fondateurs de l’identité nationale de l’Azerbaïdjan, et un tournant dans le recouvrement de l'indépendance de l'Azerbaïdjan.

Dans une résolution du 22 Janvier 1990, le Soviet suprême de la RSS d'Azerbaïdjan déclarait que le décret du Présidium de l'URSS du 19 Janvier, qui imposait l'état d'urgence à Bakou et le déploiement militaire, constituait un acte d’agression.
Plus tard, en 1995, Gorbatchev présentait ses excuses à l'Azerbaïdjan en confessant : « La déclaration de état d'urgence Bakou a été la plus grosse erreur de ma carrière politique ».

Le 20 janvier de chaque année, l’Azerbaïdjan commémore désormais cette tragédie, notamment à Bakou où la population défile sur l’Allée des martyrs (Şəhidlər Xiyabanı), où sont alignées 15 000 tombes, où reposent également les victimes des deux guerres du Karabakh. En hommage, la station de métro de l’« Armée rouge » a été rebaptisée et a pris le nom de station du « 20 janvier ». L’Allée des Martyrs est parée d’œillets, fleur particulièrement cultivée à Bakou, qui est devenue, depuis, un signe de deuil.

A Paris, une soirée de commémoration sera organisée au Centre culturel de l’Azerbaïdjan.

Photo © Maya Baghirova

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