Pourquoi le projet de Corridor gazier Sud est-il si important pour l'Europe ?
Paris / Lagazetteaz
Le projet de Corridor gazier Sud est bien accueilli par l'UE, a déclaré dans un communiqué Francis Perrin, chercheur principal au Centre de politique du Nouveau Sud (PCNS, Rabat) et à l'Institut français des relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris).
Il a souligné que l'Union européenne et certains autres pays européens (en particulier la Turquie) ont besoin de gaz naturel pour couvrir une partie de leurs besoins énergétiques à moyen et long terme.
« En même temps, ils veulent diversifier les sources de leurs importations de gaz. La Russie est le principal exportateur de gaz vers l'Europe et ce pays est également un important fournisseur d'énergie (pétrole brut, produits raffinés et charbon) pour les pays européens. La relation entre la Russie et l'UE n'est pas très facile aujourd'hui, et c'est le cas depuis plusieurs années. En outre, le gaz exporté par la Russie signifie principalement du gaz exporté par Gazprom, une entreprise énergétique d'État. Pour toutes ces raisons, l'UE veut accroître la diversification de ses approvisionnements en gaz, ce qui signifie d'autres pays d'origine, d'autres routes du gaz et d'autres acteurs industriels.
Le Corridor gazier Sud est bien accueilli par l'UE. Il implique un nouveau fournisseur, l'Azerbaïdjan ; il ouvre la voie à une nouvelle province gazière (la région de la mer Caspienne) ; c'est un nouvel itinéraire ; et Gazprom n'est pas en charge. Ce corridor a donc été logiquement soutenu par l'UE et par les États-Unis, qui exercent de fortes pressions sur leurs alliés européens afin qu'ils ne deviennent pas trop dépendants de la Russie. La forte opposition des États-Unis au gazoduc Nord Stream 2 (Russie/mer Baltique/Allemagne) est très claire à cet égard.
Il existe un potentiel d'expansion, soit grâce à de nouvelles sources de gaz provenant d'Azerbaïdjan, soit de certains autres pays de la mer Caspienne, du Turkménistan et du Kazakhstan. Le Turkménistan possède d'énormes réserves de gaz (les quatrièmes au monde). Cela nécessiterait la construction d'un gazoduc transcaspien entre le Turkménistan et l'Azerbaïdjan », a estimé M. Perrin.
Le Corridor gazier Sud, qui comprend Shah Deniz 2, l'extension du gazoduc du Caucase du Sud, le gazoduc transanatolien (TANAP) et le gazoduc transadriatique (TAP), est devenu pleinement opérationnel le 31 décembre 2020.
Le gazoduc transadriatique (Trans Adriatic Pipeline – TAP) AG a confirmé le 31 décembre dernier le début des flux de gaz en provenance d'Azerbaïdjan. Le premier gaz a atteint la Grèce et la Bulgarie, via le point d'interconnexion de Nea Mesimvria avec DESFA (Compagnie nationale grecque de gaz – unité d'infrastructure), ainsi que l'Italie, via le point d'interconnexion de Melendugno avec SNAM Rete Gas (L'opérateur italien de transport de gaz naturel).
Le TAP transporte le gaz naturel extrait à partir du champ géant « Shah Deniz », dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne, vers l'Europe. Le gazoduc de 878 km de long se connecte au gazoduc transanatolien (TANAP) à la frontière turco-grecque à Kipoi, traverse la Grèce et l'Albanie et la mer Adriatique, avant d'atteindre le sud de l'Italie.
Texte par Leman Zeynalova
