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L'INTERDICTION IMPOSÉE AUX FEMMES AFGHANES REND LA RECONNAISSANCE DES TALIBANS PRESQUE "IMPOSSIBLE", INSISTE L'ONU

22 Juin 2023 17:04 (UTC+01:00)
L'INTERDICTION IMPOSÉE AUX FEMMES AFGHANES REND LA RECONNAISSANCE DES TALIBANS PRESQUE "IMPOSSIBLE", INSISTE L'ONU
L'INTERDICTION IMPOSÉE AUX FEMMES AFGHANES REND LA RECONNAISSANCE DES TALIBANS PRESQUE "IMPOSSIBLE", INSISTE L'ONU

Paris / La Gazette

Il sera « pratiquement impossible » pour la communauté internationale de reconnaître le gouvernement taliban tant que les restrictions imposées aux femmes et aux filles resteront en vigueur en Afghanistan, a déclaré l'envoyée des Nations unies dans le pays et chef de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA).

Roza Otunbayeva a déclaré mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies que les talibans avaient demandé à être reconnus par l'ONU et ses États membres, « mais qu'en même temps, ils agissaient contre les valeurs essentielles exprimées dans la Charte des Nations unies ».

« Lors de mes discussions régulières avec les autorités de facto, je ne cache pas les obstacles qu'elles se sont créés par les décrets et les restrictions qu'elles ont promulgués, en particulier à l'encontre des femmes et des jeunes filles », a évoqué Mme Otunbayeva devant le Conseil de sécurité.

« Nous leur avons fait savoir que tant que ces décrets seront en vigueur, il sera pratiquement impossible que leur gouvernement soit reconnu par les membres de la communauté internationale », a ajouté Mme Otunbayeva.

Le gouvernement taliban d'Afghanistan n'est officiellement reconnu par aucun pays étranger ni aucune organisation internationale depuis qu'il a pris le pouvoir en août 2021, alors que les forces des États-Unis et de l'OTAN en étaient aux dernières semaines de leur retrait du pays après deux décennies de guerre.

Les talibans avaient initialement promis un régime plus modéré que lors de leur premier passage au pouvoir de 1996 à 2001, mais ils ont depuis commencé à appliquer des restrictions aux femmes et aux filles, notamment en leur interdisant l'accès à la plupart des emplois et des lieux publics tels que les parcs, les bains et les salles de sport. Les filles sont également interdites d'éducation au-delà de la sixième année.

Les talibans ont également réintroduit leur interprétation stricte de la loi islamique, y compris les exécutions publiques.

Malgré les appels lancés aux talibans, Mme Otunbayeva n'a signalé aucun changement dans les restrictions imposées aux femmes et aux jeunes filles, y compris l'interdiction faite en avril aux Afghanes de travailler pour les Nations unies.

Mme Otunbayeva a précisé que les talibans ne lui avaient donné aucune explication concernant cette interdiction, « et aucune assurance qu'elle serait levée », selon le site d'information de l'ONU.

« Il est également évident que ces décrets sont très impopulaires au sein de la population afghane. Ils coûtent aux talibans leur légitimité nationale et internationale, tout en infligeant des souffrances à la moitié de la population et en nuisant à l'économie », a estimé Mme Otunbayeva, selon le site UN News.

L'ONU reste « ferme » sur le fait que le personnel national féminin ne sera pas remplacé par du personnel masculin « comme certaines autorités talibanes l'ont suggéré », a-t-elle clamé.

Fin avril, le Conseil de sécurité a approuvé à l'unanimité une résolution appelant les talibans à revenir rapidement sur les contraintes de plus en plus sévères imposées aux femmes et aux jeunes filles et a condamné l'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler pour les Nations unies, la qualifiant de « sans précédent dans l'histoire des Nations unies ».

Dans son évaluation politique franche, l'envoyée de l'ONU a également indiqué aux membres du Conseil que le régime taliban « reste insulaire et autocratique », avec « une autorité centrale qui n'a pas de comptes à rendre » et un gouvernement exclusivement masculin presque entièrement issu de sa base pachtoune et rurale.

Si l'économie du pays est actuellement stable en termes d'inflation et de taux de change, ce qui, selon l'envoyée de l'ONU, est dû en partie à une réduction de la corruption, la grande pauvreté des ménages est préoccupante, 58 % de la population « luttant pour satisfaire ses besoins de base », a rapporté l'agence UN News.

En conclusion de son discours au Conseil, Mme Otunbayeva a insisté que les Nations unies en Afghanistan continueraient à s'engager auprès des dirigeants talibans du pays, mais a fait remarquer que l'on pourrait faire beaucoup plus si les restrictions imposées aux femmes étaient levées.

« Nous pourrions faire beaucoup plus, cependant, si les Talibans annulaient les restrictions punitives qu'ils imposent à leur population féminine », a-t-elle poursuivi, selon UN News.

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