L'expert français Francis Perrin : « L'OPEP + ne doit pas cesser d'augmenter sa production de pétrole »
Paris / Lagazetteaz
L'OPEP+ ne doit pas cesser d'augmenter la production de pétrole, a déclaré à Lagazetteaz Francis Perrin, chercheur principal au Centre de politique du Nouveau Sud (PCNS, Rabat) et à l'Institut français des relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris).
« L'OPEP+ (23 pays producteurs et exportateurs de pétrole, dont 13 sont membres de l'OPEP) doit s'en tenir aux décisions prises lors de la dernière réunion ministérielle du 18 juillet. Les pays producteurs doivent donc continuer à augmenter leur production de pétrole de 400 000 barils par jour chaque mois. Cette décision sera réexaminée tous les mois, ce qui est très judicieux dans un monde en mutation rapide et très incertain, mais il est trop tôt pour changer le sens de l'action du navire OPEP+. Bien sûr, la souche "Delta" de la pandémie de COVID-19 et son impact sur l'économie mondiale suscitent des inquiétudes. Cette situation doit être suivie de près par les pays producteurs de pétrole. Mais jusqu'à présent, la croissance économique mondiale reste très forte ; les prix du pétrole sont à des niveaux confortables (73 $/b pour le Brent de la mer du Nord et 68,50 $/b pour le West Texas Intermediate en fin de journée hier pour les contrats d'octobre) ; la production de pétrole dans le golfe du Mexique a chuté à cause de la tempête tropicale Ida et nous aurons besoin d'un certain temps pour évaluer l'impact d'Ida sur la production de pétrole et les raffineries américaines », a indiqué M. Perrin.
Il a évoqué que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du américain, avait récemment noté que l'OPEP+ n'en faisait pas assez à un moment critique pour la reprise économique mondiale.
« Selon l'Administration Biden, l'OPEP+ devrait faire davantage. Compte tenu de ces pressions au lendemain de la tempête Ida, il ne serait pas judicieux que l'OPEP+ cesse d'augmenter la production de pétrole dans ce contexte. Cela ne signifie pas que l'OPEP+ devrait immédiatement produire plus que prévu en raison des exigences de la Maison Blanche, mais sur le plan économique et politique, l'accord du 18 juillet devrait être réaffirmé pour le moment.
Le dernier argument est que les décisions prises le 18 juillet n'ont pas été faciles à atteindre au sein de l'OPEP+. La précédente réunion ministérielle, début juillet, n'a pas abouti en raison de désaccords internes, notamment l'opposition des Émirats arabes unis. Il serait risqué pour l'OPEP+ de ne pas appliquer cet accord immédiatement après le 1er septembre. Il est trop tôt pour renégocier cet accord », a opiné l'expert français.
Pour rappel, lors de la 19e réunion ministérielle de l'OPEP et des non-OPEP, il a été décidé de prolonger jusqu'à fin 2022 la « Déclaration de coopération », qui prévoit une augmentation de la production quotidienne de pétrole brut de 400 000 barils chaque mois d'août à décembre 2021 et un ajustement partiel de la production pétrolière de référence à partir de mai prochain.
Texte par Leman Zeynalova
