MACRON AVERTIT QUE « L'EUROPE POURRAIT MOURIR » ET APPELLE À DES DÉFENSES PLUS FORTES ET À DES RÉFORMES
Paris / La Gazette
Le président français Emmanuel Macron a exposé jeudi sa vision d'une Union européenne plus affirmée sur la scène mondiale, avertissant que l'Europe pourrait « mourir » si elle ne parvient pas à construire sa propre défense robuste, ou si elle ne parvient pas à entreprendre des réformes commerciales et économiques majeures pour rivaliser avec la Chine et les États-Unis.
Le président français a exhorté les Européens à devenir plus ambitieux dans un monde en évolution rapide, afin de relever les défis de la guerre, de la concurrence commerciale féroce, de la pénurie d'énergie, du changement climatique et de la montée de l'autoritarisme.
Dans un discours prononcé à l'université de la Sorbonne à Paris, il a déclaré que le continent était divisé et « trop lent et manquait d'ambition » à un moment où l'Union européenne, qui compte 27 membres, doit devenir une superpuissance, défendre ses propres frontières et parler d'une seule voix si elle veut survivre et prospérer.
Emmanuel Macron a également insisté que le continent ne devait pas devenir un vassal des États-Unis.
« Notre Europe est aujourd'hui mortelle », a reconnu le chef de l'État français. « Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix », a-t-il ajouté. Il a appelé les citoyens à faire ces choix maintenant car « c'est aujourd'hui que l'Europe est entre la guerre et la paix ».
L'invasion massive de l'Ukraine par la Russie, qui en est à sa troisième année, constitue une menace existentielle et l'Europe n'est pas suffisamment armée pour se défendre lorsqu'elle est « confrontée à une puissance comme la Russie qui n'a pas d'inhibitions, pas de limites », a déclaré M. Macron.
« Parce que c’est aujourd’hui que se joue la question de la paix et de la guerre sur notre continent et de notre capacité à assurer notre sécurité ou pas », a lancé le président français. « La condition sine qua non de notre sécurité, c’est que la Russie ne gagne pas la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine ».
Dans ce discours de près de deux heures, il a mis en garde contre les pressions militaires, économiques et autres qui pourraient affaiblir et fragmenter l'UE.
Il a appelé à un renforcement de la capacité de cybersécurité de l'Europe, à des liens de défense plus étroits avec la Grande-Bretagne après le Brexit et à la création d'une académie européenne pour former du personnel militaire de haut rang.
Les Européens devraient privilégier l'achat d'équipements militaires européens, a-t-il déclaré.
« L’objectif d’une stratégie européenne industrielle de défense, c’est bien de produire plus vite, davantage, en Européens », a clamé Emmanuel Macron.
Le discours a été bien accueilli par le principal partenaire de M. Macron au sein de l'UE, le chancelier allemand Olaf Scholz, avec lequel il s'est souvent opposé sur les questions de défense et de commerce.
« La France et l'Allemagne veulent que l'Europe soit forte », a déclaré M. Scholz dans un message. « Votre discours contient de bonnes idées sur la manière d'y parvenir ».
Le président français appelle depuis longtemps à une « autonomie stratégique » européenne impliquant une moindre dépendance à l'égard des États-Unis, une position qui a gagné en résonance face à la tentative de Donald Trump de revenir à la Maison-Blanche. M. Trump a souvent accusé l'Europe de profiter de la défense aux dépens des États-Unis.
« Il nous faut continuer d’avoir des partenariats avec les pays tiers, c’est-à-dire bâtir une Europe en capacité de montrer qu’elle n’est jamais le vassal des États-Unis d’Amérique et qu’elle sait aussi parler à toutes les régions du monde, aux émergents, à l’Afrique, à l’Amérique latine. Pas simplement par des accords commerciaux, mais avec des vraies stratégies de partenariat équilibré et réciproque », a martelé Macron.
De nombreux fonctionnaires européens estiment qu'il n'existe actuellement aucune alternative crédible au parapluie militaire américain.
