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Qui profite de l'agitation autour du statut d'Aya Sophia

8 Juillet 2020 07:00 (UTC+01:00)
Qui profite de l'agitation autour du statut d'Aya Sophia
Qui profite de l'agitation autour du statut d'Aya Sophia

Bakou / Lagazetteaz

Le président turc Recep Tayyip Erdogan préfère d'appeler les choses par leur nom et déclare ouvertement ses objectifs. C'est en raison de ces qualités qu'il est un partenaire et un interlocuteur très capricieux pour beaucoup en Occident.

Comme d'autres dirigeants, il défend les intérêts de son pays, mais n'a pas recours à la politique « double fond », qui décourage l'Occident et certains pays du Moyen-Orient.

Les exemples sont nombreux, allant de l'histoire de l'achat des complexes S-400 jusqu'au soutien du gouvernement libyen reconnu par l'ONU. Cela a été reconnu même dans les pays où la Turquie est considérée comme un concurrent et une menace.

Un certain nombre de diplomates français partagent tel opinion que le Président turc Erdogan est la seule personne à jouer le jeu sans cacher ses objectifs géopolitiques, militaires et pétroliers. Cela vaut pour la Méditerranée, la Libye et Chypre, selon un article intitulé « Seule la Turquie joue franc-jeu en Libye » publié dans le Journal satirique français « Le Canard Enchaîné ».

L'Occident a l'habitude d'atteindre ses objectifs d'une manière différente. Comment ? Rappelons la chronologie des événements qui se sont déroulés en Libye en 2011 et le sort du colonel Kadhafi.

Ainsi, en Occident, beaucoup de gens sont agacés par ce qu'ils trouvent être une politique étrangère "agressive" de la Turquie.

Du coup, ils aimeraient que cette politique turque soit contrôlée comme la leur, et c'est le principal obstacle qu'ils voient à bien des égards dans la personnalité du Président turc.

Et voici un autre cas pratique : la question du statut d'Aya Sophia - une ancienne église orthodoxe, l'un des plus anciens et des plus grands objets de la religion chrétienne, qui est située sur le territoire de la Turquie et appartient à cet État.

Permettez-moi de vous rappeler que depuis 1935, Aya Sophia a acquis le statut de musée et l'a conservé jusqu'à ce jour. Mais début juin, une association peu connue a fait appel au Conseil d'État de la République de Turquie en demandant de changer le statut de musée de ce temple à mosquée. Ici, le manque de respect pour le monde chrétien est une raison importante pour augmenter encore le degré d'aversion pour la Turquie.

Le piège pour le Président turc, comme le croient ses inventeurs, est conçu de telle manière qu'il subira des pertes à chaque décision. En laissant le statut actuel de ce temple, il risque d'obtenir le mécontentement de ses nombreux opposants politiques à l'intérieur du pays, en particulier des nationalistes d'extrême droite du « Parti du Mouvement nationaliste » (Milliyetçi Hareket Partisi, MHP), ce qui pourrait ébranler la situation politique intérieure en Turquie.

D'autre part, en changeant le statut de musée de ce temple à mosquée, il risque de faire face à une vague d'aliénation du monde chrétien. Il ne fait aucun doute que de futures protestations et une « solidarité chrétienne universelle » contre la Turquie sont déjà en préparation.

Ce n'est pas la première fois que Recep Tayyip Erdogan doit démêler des problèmes complexes. Il sait probablement déjà qui est vraiment derrière de cette demande de changement de statut d'Aya Sophia, et pourquoi ce sujet a été lancé dans la société turque en ce moment.

Il convient de mentionner un autre aspect important : le changement de la politique étrangère turque envers la Russie, qui représente l'une des principales menaces géopolitiques pour l'Occident collectif, qui veut certainement saper les relations entre ces deux pays.

Par ailleurs, le temple d'Aya Sophia est orthodoxe, et la Russie est le plus grand pays orthodoxe à travers le monde.

Si demain, à l'aide d'une technologie éprouvée, les Russes orthodoxes commencent à exprimer leur indignation en masse, alors le Moscou officiel devrait y répondre d'une manière ou d'une autre, car l'inaction des autorités sera présentée à ces Russes orthodoxes comme une faiblesse.

Il s'agit là d'une combinaison à plusieurs sens qui vise à frapper non seulement Erdogan, mais aussi les relations entre ces deux pays.

Même si il existe une solution pour sortir de cette situation : donner au temple d'Aya Sophia le statut de mosquée, mais en même temps ne pas le priver du statut de musée où viendront encore des millions des chrétiens.

Rappelons que l'année dernière, Recep Tayyip Erdogan avait déjà exprimé cette idée.

Azer Ahmadbeyli

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