L'EURASIE CONNAÎT AUJOURD'HUI DES CHANGEMENTS DRASTIQUES EN MATIÈRE DE LOGISTIQUE
Paris / La Gazette
Les nouveaux défis économiques et géopolitiques ont un impact significatif sur le secteur du transport et de la logistique de notre région. D'une part, la crise structurelle de l'économie mondiale ne peut qu'entraîner la déformation et la dégradation des itinéraires de livraison traditionnels. D'autre part, la rupture des liens économiques traditionnels ouvre sans aucun doute une fenêtre d'opportunité pour le développement de nouveaux projets régionaux.
À cet égard, il est à noter que les processus qui se déroulent actuellement dans l'économie sont de grande ampleur. Les décisions prises à ce stade influenceront l'agenda socio-économique et politique des États pour de nombreuses décennies, ce qui s'applique bien sûr aussi au développement des routes logistiques. Dans ce contexte, il est évident que la concurrence dans le domaine de la logistique ne fera qu'augmenter. Il est de la plus haute importance de hiérarchiser correctement les priorités.
Compte tenu de la situation géopolitique actuelle, on peut mentionner deux routes logistiques capables de transporter des biens et des services d'est en ouest à travers l'Eurasie :
- Middle Corridor, également connu sous le nom de corridor transcaspien ou médian, couvrant la région du Caucase du Sud et de l'Asie centrale
- Corridor couvrant vraisemblablement l'Inde, le Moyen-Orient et les régions d'Europe.
Le 10 septembre dernier, lors du sommet du G-20 à New Delhi, les pays membres du projet de corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, y compris ceux qui soutiennent la nouvelle voie de transport, ont signé un mémorandum d'accord.
Cependant, ces dernières semaines, en raison de l'escalade du conflit israélo-palestinien et de l'impossibilité de prévoir le cours des événements, la mise en œuvre du projet susmentionné, sa durée et sa stabilité ont été remises en question. Les événements qui se déroulent actuellement en Israël se produisent dans la partie la plus centrale de ce corridor de transport, qui devrait s'étendre de l'Inde à l'Europe, en contournant l'Eurasie. Avec chaque jour de conflit qui passe, les perspectives de réalisation de ce mégaprojet deviennent de plus en plus floues, alors que le Middle Corridor est censé relier le Caucase et l'Asie centrale à l'immense marché européen.
La région est actuellement l'une des régions en développement du monde en termes de richesse en ressources et, à l'avenir, les relations du Caucase et de l'Asie centrale avec les régions voisines se développeront de plus en plus.
L'analyse du volume et de la structure des flux de marchandises entre l'Asie centrale et l'Union européenne (UE) au cours de la dernière décennie fait apparaître le bilan suivant. Le volume des échanges entre l'Asie centrale et l'UE a augmenté d'environ 39 % en termes monétaires au cours de la dernière décennie, les importations dans l'UE représentant environ deux tiers de ces flux. En termes de structure commerciale, il est à noter que les produits minéraux, les métaux, etc. représentent une part importante de ces importations. En d'autres termes, les matières premières ont constitué la base des exportations de l'Asie centrale vers l'UE pendant toutes ces années. Selon les estimations des experts, l'augmentation du chiffre d'affaires commercial entre ces régions en termes monétaires est principalement due à la croissance de l'inflation. Afin de maintenir la compétitivité de l'industrie européenne, il est nécessaire de trouver de nouveaux marchés pour les biens et les matières premières.
Ces dernières années, la coopération avec la République populaire de Chine a été le principal vecteur commercial de l'UE en Asie, le transport maritime représentant environ 80 % des échanges. Toutefois, il ne fait aucun doute qu'à l'avenir, les complications géopolitiques pourraient avoir un impact plus important sur les volumes de transport maritime. C'est l'une des raisons pour lesquelles la demande de transport régional terrestre et multimodal augmentera.
Si l'on analyse le transport terrestre et multimodal entre l'Europe et l'Asie, il est évident que le Corridor Nord de la RPC à la Pologne en passant par le Kazakhstan, la Russie et le Belarus sera soumis à de fortes pressions en raison de la forte complication des relations entre la Russie et l'Occident. Dans la direction sud, la route afghane comporte des risques géopolitiques, ce qui accroît le rôle du Corridor sud à travers le Kirghizstan et du Middle Corridor transcaspien à travers le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan.
Le Middle Corridor reliant l'Europe et l'Asie est en train de devenir l'une des régions prioritaires du monde en matière de logistique et de transport de marchandises. Ce n'est pas un hasard si Maersk, l'une des plus grandes sociétés de transport au monde, opère le long de ce corridor. Depuis plus d'un an, la société assure le transport ferroviaire et maritime le long de ce corridor afin de répondre aux besoins de ses clients en matière de chaîne d'approvisionnement.
Il y a quelques semaines, Maersk a annoncé une nouvelle solution reliant les producteurs des États-Unis, d'Europe et d'Extrême-Orient aux marchés d'Asie centrale. La société a établi des connexions au dernier kilomètre en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Ouzbékistan et au Kazakhstan afin d'assurer une logistique transparente et fiable. Cette approche stratégique garantit une livraison efficace et sûre jusqu'à la destination finale, minimisant les retards et augmentant la satisfaction des clients.
Les changements tectoniques dans la géopolitique eurasienne conduisent à la création de nouveaux itinéraires de transport. Parallèlement aux changements politiques, l'importance stratégique croissante du Middle Corridor et le lancement d'entreprises logistiques mondiales axées sur cette région montrent que les entreprises transnationales ont choisi ce corridor de transport comme priorité. Les sociétés transnationales évaluent les relations économiques avec les régions du Caucase du Sud et de l'Asie centrale du point de vue des relations de marché et, dans ce processus, ne cherchent pas à obtenir d'autorisations de la part des grands pays du monde.
