LA MOSQUEE GURBAN BEY DE RAMANA : UN JOYAU DE L’ARCHITECTURE EN PIERRE SUR LA PENINSUL D'APSHERON
Paris / La Gazette
Voyage dans le temps
L’architecture de la péninsule d’Absheron se distingue depuis des siècles par son caractère unique, où s’entrelacent l’histoire, le savoir-faire des bâtisseurs et la finesse de l’esthétique orientale. Au détour des ruelles pavées de pierre des anciens villages, s’élèvent des dizaines de mosquées – certaines modestes et rurales, d’autres véritables chefs-d’œuvre de l’architecture sacrée. Parmi ces joyaux, la mosquée Gurban Bey, située dans le village de Ramana, en périphérie de Bakou, occupe une place toute particulière. Alliant spiritualité et élégance architecturale, elle incarne à la perfection l’esprit de l’architecture en pierre d’Apsheron.
Une œuvre harmonieuse née en 1905
Édifiée en 1905, la mosquée Gurban Bey est considérée comme l’un des bâtiments les plus remarquables de Ramana. Selon les experts, elle aurait été conçue par le célèbre architecte Ziverbey Ahmedbeyov, figure emblématique du style architectural bakinois du début du XXe siècle.
Le bâtiment se distingue par une harmonie rigoureuse des proportions et une délicatesse ornementale typique de l’architecture orientale. Son style combine les principes classiques de l’école architecturale Shirvan-Absheron avec des éléments empruntés à la tradition européenne, créant une synthèse unique visible aussi bien dans les détails que dans la composition générale. L’aménagement du parvis et de la place environnante renforce la dynamique visuelle de l’ensemble.
Une façade sculptée dans la pierre
Le point focal de la façade est un grand portail en arc, orné de fines ciselures florales et géométriques, évoquant les formes classiques de l’art islamique. Ce décor transforme l’entrée en un passage symbolique vers le monde spirituel.
Au-dessus du portail, une petite fenêtre arquée accentue la verticalité du bâtiment et apporte une touche d’équilibre à la composition.
La façade conserve également une kitabe, une inscription en arabe gravée dans la pierre, mentionnant la date de construction du monument. Ces inscriptions, fréquentes dans l’architecture musulmane, remplissent à la fois une fonction historique et esthétique, conférant à l’édifice son caractère authentique et son unicité.
Une architecture intérieure empreinte de sérénité
L’espace intérieur de la mosquée s’organise autour d’une salle de prière à trois nefs, soutenue par de robustes colonnes. De hautes fenêtres à arcs semi-circulaires percent les murs massifs en pierre, inondant la salle d’une lumière naturelle douce.
Le décor intérieur, à la fois sobre et raffiné, privilégie les proportions équilibrées et la pureté des lignes, en parfaite harmonie avec les traditions artistiques orientales.
Les couleurs apaisantes, la lumière tamisée et le soin apporté aux moindres détails architecturaux créent une atmosphère propice à la prière et au recueillement.
Résilience et histoire
Construite en pierre calcaire locale, un matériau typique de la région pour sa résistance et sa teinte dorée, la mosquée a su traverser les époques. Durant la période soviétique, elle fut réaffectée à un usage industriel, et une porte fut percée dans un mur pour l’installation de machines, mais la structure principale demeura intacte.
Les habitants se souviennent qu’autrefois, la mosquée était surmontée d’un minaret richement décoré, aujourd’hui disparu, qui accentuait encore la beauté du monument. Les maisons d’habitation voisines et les anciens bains (hammams) rappellent également le passé historique du quartier.
Un symbole vivant du patrimoine d’Apsheron
La mosquée Gurban Bey n’est pas seulement un lieu de culte : elle est un monument architectural majeur du début du XXe siècle, témoin de la rencontre entre tradition et modernité.
Fruit du travail d’artisans profondément ancrés dans la culture locale, elle continue de rayonner par son authenticité et sa grandeur.
Aujourd’hui encore, la mosquée de Ramana demeure un symbole vivant de l’identité architecturale d’Apsheron, un espace où la pierre, la lumière et la foi se conjuguent pour raconter l’histoire d’un peuple et de son génie bâtisseur.