LE KAZAKHSTAN ENVISAGE UNE LOI RECONNAISSANT L'ÉNERGIE NUCLEAIRE COMME UNE SOURCE D'ÉNERGIE ALTERNATIVE
Paris / La Gazette
Le Kazakhstan, la plus grande nation d'Asie centrale, envisage un changement majeur dans sa politique énergétique en reconnaissant l'énergie nucléaire comme une source alternative au niveau législatif.
Cette proposition est détaillée dans le projet de loi « sur l'utilisation des sources d'énergie alternatives », publié mercredi par le ministère kazakh de l'énergie. Le projet de loi est ouvert à la discussion publique jusqu'au 27 juin 2024.
« La législation nationale sur les sources d'énergie alternatives et renouvelables doit être modifiée et actualisée », indique le document.
Le document souligne la nécessité de mettre à jour la législation nationale sur les sources d'énergie alternatives et renouvelables, en identifiant trois problèmes principaux qui entravent leur développement. Actuellement, les sources d'énergie renouvelables (SER) représentent environ 5,9 % de la production totale d'énergie du Kazakhstan. Le deuxième problème est l'absence de conditions favorables au développement de sources d'énergie alternatives non renouvelables. Troisièmement, il y a un manque de réglementation législative pour les activités impliquant des sources d'énergie alternatives au niveau de l'État.
Le ministère de l'énergie souligne l'absence de l'énergie nucléaire dans la définition des sources d'énergie alternatives et le manque de préférences qui en découle.
La loi actuelle, « Sur le soutien à l'utilisation des SER », ne concerne que les sources d'énergie renouvelables. Le ministère affirme que de nouvelles dispositions sont nécessaires pour soutenir le développement d'autres sources d'énergie alternatives. Si l'énergie nucléaire est reconnue sur le plan législatif, une centrale nucléaire pourrait être construite d'ici 2035, sous réserve d'approbation par référendum. Le budget de construction est estimé entre 10 et 15 milliards de dollars. Si le référendum ne passe pas, le Kazakhstan prévoit de développer des centres d'hydrogène d'ici 2029-2030, ce qui ne nécessiterait pas de financement de l'État.
Le gouvernement kazakh discute depuis des années de la construction d'une centrale nucléaire. En 2021, le président Kassym-Jomart Tokayev a souligné l'importance de prendre une décision sur cette question, malgré son impopularité. Il a mis en garde contre une éventuelle pénurie d'électricité d'ici à 2030 et a chargé le gouvernement et le fonds national Samruk-Kazyna d'étudier la faisabilité du développement d'une industrie de l'énergie nucléaire.
Selon les médias, la première centrale nucléaire pourrait être construite près du lac Balkhash, dans la région d'Almaty.
Le Kazakhstan est le plus grand producteur d'uranium au monde, possédant environ 12 % des ressources récupérables d'uranium dans le monde. Bien que le pays n'ait pas utilisé son uranium pour la production d'électricité depuis des décennies, la sécurité nucléaire reste une priorité absolue. Le Kazakhstan a exploité une installation de production d'électricité et de dessalement de l'eau de 1973 à 1999, suite à l'engagement du gouvernement envers le régime mondial de non-prolifération.
Le pays offre des avantages significatifs pour le développement de l'énergie nucléaire, qui est parfois considérée comme une technologie énergétique propre en raison de l'absence d'émissions de carbone. La reconnaissance de l'énergie nucléaire en tant que source alternative pourrait faire du Kazakhstan un leader du développement énergétique durable en Asie centrale.