PLUS DE 900 PERSONNES SE SONT NOYÉES AU LARGE DE LA TUNISIE CETTE ANNÉE
Paris / La Gazette
Les corps d'au moins 901 réfugiés et migrants noyés ont été retrouvés au large des côtes tunisiennes entre le 1er janvier et le 20 juillet de cette année, selon le ministre de l'Intérieur Kamel Feki.
Ces chiffres, révélés par M. Feki mercredi, représentent un nombre sans précédent de victimes au large des côtes du pays.
M. Feki a déclaré au parlement que 36 Tunisiens et 267 étrangers figuraient parmi les corps retrouvés, tandis que l'identité des autres n'était pas connue.
Le pays d'Afrique du Nord est confronté à une vague de migration record cette année et à de fréquentes catastrophes lorsque des bateaux remplis de réfugiés et de migrants coulent en tentant d'atteindre les côtes italiennes.
La Tunisie a remplacé la Libye en tant que principal point de départ de la région pour les personnes fuyant la pauvreté et les conflits dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe.
La plupart des bateaux transportant des migrants partent de la côte de la ville de Sfax, dans le sud du pays.
Ces derniers mois, des milliers de réfugiés et de migrants sans papiers ont afflué vers la ville côtière de Sfax dans le but de partir pour l'Europe à bord d'embarcations gérées par des trafiquants d'êtres humains.
La Méditerranée centrale est devenue la route migratoire la plus dangereuse au monde, faisant plus de 20 000 victimes depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations.
Au début du mois, le ministère italien de l'intérieur a dénombré plus de 75 000 réfugiés et migrants arrivés par bateau sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre environ 31 900 au cours de la même période l'année dernière.
En juillet, l'Union européenne et la Tunisie ont signé un accord de « partenariat stratégique » qui comprend la lutte contre les trafiquants d'êtres humains et le renforcement des frontières maritimes.
Le gouvernement du président tunisien Kaïs Saïed s'est montré sévère à l'égard des réfugiés et des migrants dans le pays. En février, le président a suscité la controverse pour des commentaires jugés racistes, notamment en affirmant qu'il existait un complot visant à effacer l'identité de la Tunisie en la submergeant d'Africains sub-sahariens.
Plus de 21 000 Africains subsahariens vivent en Tunisie, y compris ceux qui ont des visas d'étudiant et d'autres résidences légales, selon le groupe de défense FTDES.
Selon Human Rights Watch, jusqu'à 1 200 Africains noirs subsahariens ont été « expulsés ou transférés de force par les forces de sécurité tunisiennes » vers les régions frontalières avec la Libye et l'Algérie ce mois-ci.
