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LE PARADOXE ZEMMOUR

7 Décembre 2021 20:45 (UTC+01:00)
LE PARADOXE ZEMMOUR
LE PARADOXE ZEMMOUR

Que réserve l'avenir à la cinquième République ? Notre pays sera-t-il dirigé par un polémiste d'extrême droite dont « l'intellectualité » s'est brillamment manifestée lors de sa récente tournée à Marseille ? La France mérite-t-elle ce genre de président ?

Des questions qu’il est temps de se poser, car, après le discours de Villepinte et la houle haineuse de son auditoire, la menace de radicalisation et le déclenchement d'une guerre civile n’appartiennent plus au domaine de l’utopie.

La candidature d'Eric Zemmour à la présidentielle n'est en rien anodine. Sa croissance rapide de sa popularité est le produit de nos propres erreurs, de nos ignorances et de nos peurs.

Naturellement, si Zemmour est devenu un phénomène national, c’est moins non en raison de ses opinions polarisantes, outrancières et haineuses, qu’en raison de la couverture médiatique qui lui a été accordée par la presse française, laquelle n'a jamais averti le lecteur de la menace que cet homme représentait pour l'ordre et la stabilité de la nation et de ses habitants.

Ultime paradoxe, nous voici nous-mêmes amenés à écrire sur le fait que l’on parle trop de lui, lui offrant ainsi, involontairement, une visibilité supplémentaire. Est-il véritablement nécessaire de lui accorder autant d'attention, au nom de la liberté d'une expression qui a été définie à plusieurs reprises par le tribunal de Paris déjà comme une incitation à la haine et à la violence raciale ? Toute la question est là.

Dans un monde où les politiciens n’ont plus à se sentir responsables de ce qu’ils disent, Eric Zemmour peut librement lancer ses anathèmes racoleurs sans se soucier de leurs conséquences mortifères. Son discours est celui, simpliste et éculé, du bouc émissaire, qu’il identifie aux migrants et aux musulmans, responsables imaginaires de nos propres turpitudes.

L'appel au bannissement, que Zemmour a lancé récemment et pour lequel il est actuellement mis en examen par le tribunal de Paris, des mineurs non accompagnés, désignés comme violeurs, voleurs et assassins, témoigne cette obsession, dont l’origine se trouve peut-être dans le paradoxe de sa propre biographie.

Eric Zemmour vient d'une famille qui dut sa célébrité à ses activités criminelles en France dans les années 80. Ce qu'il n'a d’ailleurs jamais nié, mais qu’il convient peut-être de mettre en perspective avec sa proposition d'expulser de France les immigrés ayant un casier judiciaire. Sans parler de ses innombrables amendes et condamnations judiciaires que lui ont valu ses déclarations ouvertement racistes dans la presse. Voilà une double polarité schizophrénique qui explique sans doute la dissonance cognitive de Zemmour.

Les problèmes judiciaires, le candidat Zemmour n’est pas prêt d’en voir la fin.

L'utilisation illégale d'images provenant des ressources audiovisuelles de Gaumont pour illustrer son clip de campagne a déchaîné la fureur des ayant-droits :

"Position également ferme du distributeur de cinéma Gaumont qui dit n'avoir reçu aucune demande de la part des équipes d'Éric Zemmour pour l'utilisation des images des films Un Singe en hiver et Jeanne d'Arc dont la société détient les droits. » Rapportent Paris-Marche et Le Figaro. "Nous allons étudier toutes les options qui s'ouvrent à nous", a ajouté un porte-parole du producteur, UI prépare une action en référé d'heure en heure auprès du tribunal de Grande instance de Paris (TGI) afin de défendre ses droits et ceux de ses ayants droit.

De leur côté, France Télévisions, l'Ina et Radio France ont déclaré conjointement : "il conviendra qu'Éric Zemmour s'acquitte des droits des images reprises comme tout le monde".

"Une telle exploitation constitue une violation des droits de l'AFP et nous vous prions instamment de cesser toute utilisation de ces images dès réception de ce courrier", écrit Phil Chetwynd, le directeur de l'information, avant de brandir la menace de poursuites judiciaires."

Pendant ce temps, les protestations contre la campagne Zemmour se multiplient. Après un passage dans la tourmente à Marseille, l'annulation de la soirée au Royal Institute de Londres, qui expliquait cette mesure par la "due diligence" de Zemmour, qui a été condamné pour incitation à la haine raciale, les innombrables protestations des groupes de défense des droits ainsi que des politiciens de gauche, de droite et du centre, le nouveau coup est venu da la maire de Genève.

Frédérique Perler, qui occupe pour un an la tête de l'exécutif local, s'est opposée à la venue du polémiste d'extrême droite dans une salle municipale, au nom des valeurs humanistes de la ville.

Mais qu’importe, puisque l’outrance galvanise ses troupes, et lui donne la stature de la victime que l’on veut bâillonner.

Quant à Emmanuel Macron, sa position semble bien ambigüe. Même s’il a ironisé sur le discours de Zemmour à propos des prénoms, on voit qu’il ne souhaite pas se priver de ses électeurs, qui pourraient un jour être les siens.

Macron s'est entretenu avec Eric Zemmour à plusieurs reprises au cours de son mandat et s’est trouvé en phase avec lui sur de nombreux sujets, dont celui de l'islamisation de la France.

Dans leur livre " Chérie, j'ai rétréci la droite ! ", Nathalie Schuck et Olivier Beaumont révèlent qu’Emmanuel Macron aurait dit, en 2019 : " Zemmour, je l'aime bien ".

Macron aime-t-il Zemmour, car il lui assurerait la victoire en cas de confrontation au second tour, ou bien parce que les deux hommes voient vraiment beaucoup de choses du même œil. Dieu - ou Allah - seul le sait !

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