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La France durcit l'octroi des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et la Tunisie

28 Septembre 2021 23:42 (UTC+01:00)
La France durcit l'octroi des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et la Tunisie
La France durcit l'octroi des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et la Tunisie

Paris / Lagazetteaz

Paris a décidé de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie qui « refusent » de délivrer les laisser-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

« C'est une décision drastique, c'est une décision inédite, mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », a-t-il justifié sur Europe 1. Il a ainsi confirmé une information de la radio qui évoquait une baisse à venir de 50% du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l'Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie.

L'attitude de ces pays « freine l'efficacité des reconduites effectives » à la frontière une fois les obligations de quitter le territoire français (OQTF) délivrées, a déploré M. Attal.

Face à cela, « il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd'hui on met cette menace à exécution », a-t-il expliqué.

Soulignant les visites sur ce sujet dans ces trois pays du Premier ministre Jean Castex et de membres du gouvernement, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ainsi que des réunions avec les ambassadeurs des pays concernés, il a fait valoir qu'« à un moment quand les choses ne bougent pas, nous faisons appliquer les règles ».

Interrogé sur la durée d'application de cette mesure, temporaire ou pérenne, le porte-parole du gouvernement français a indiqué qu'elle avait été « décidée il y a quelques semaines » et « va être mise à exécution » pour « pousser les pays concernés à changer de politique et accepter de délivrer ces laisser-passer consulaires ».

« On souhaiterait que la réaction soit davantage de coopération avec la France pour qu'on puisse faire appliquer nos règles migratoires », a insisté M. Attal.

Côté diplomatie, cette décision ne va pas arranger les relations, déjà tendues, entre la France et le Maghreb. Au Maroc, la mesure passe mal : « Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse.

Selon le ministère français de l’intérieur, le Maroc n'aurait délivré que 138 de ces documents entre janvier et juillet, avec « un taux de coopération » de 25 %. Faux rétorque Nasser Bourita, « nos canaux consulaires ont délivré près de 400 laissez-passer pour des personnes se trouvant en situation irrégulière durant les huit derniers mois. Le Maroc a toujours réagi de manière pragmatique et stricte avec les personnes qui se trouvent en situation irrégulière. »

On peut tout de même s'interroger sur la coïncidence entre ces mesures et les prémices de la campagne présidentielle . La candidate Marine Le Pen a aussitôt approuvé cette décision, tout en la jugeant trop tardive, tandis que le le président par intérim du Rassemblement National , Jordan Bardella, joue à la fois la convergence et le scepticisme : « on jugera le résultat ».

Cela confirme en tous cas que la droite française a d'ores et déjà réussi à placer la campagne présidentielle sur le terrain de l'immigration. Et il semble que sur cette question, les enchères aient déjà commencé.

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