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LE CHANGEMENT LINGUISTIQUE EN ALGÉRIE ET SES CONSÉQUENCES ÉVENTUELLES POUR LA FRANCE

10 Juillet 2023 08:12 (UTC+01:00)
LE CHANGEMENT LINGUISTIQUE EN ALGÉRIE ET SES CONSÉQUENCES ÉVENTUELLES POUR LA FRANCE
LE CHANGEMENT LINGUISTIQUE EN ALGÉRIE ET SES CONSÉQUENCES ÉVENTUELLES POUR LA FRANCE

Paris / La Gazette

En juillet 2022, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu'à partir de la nouvelle année scolaire, l'anglais serait enseigné comme deuxième langue étrangère dans les écoles primaires d'Algérie, soit environ 20 000 écoles. Lors de son discours, le président a déclaré avoir reçu de nombreux messages d'universitaires et d'étudiants sur la nécessité de développer la langue anglaise dans le pays, et c'est ce qui a influencé la décision du gouvernement.

Par ailleurs, la décision des autorités algériennes confirme indirectement la déclaration du président Emmanuel Macron sur la fin de l'ère de la « Françafrique », qu'il a faite lors de sa visite en Afrique centrale en mars de cette année.

Le président algérien, commentant l'introduction de l'anglais dans les écoles primaires, a souligné que cette mesure ne visait pas à remplacer les liens avec la France, mais à moderniser l'Algérie.

Il convient de noter ici que la position de la langue française en Algérie est assez forte et que sa présence massive est maintenue parmi les citoyens appartenant à l'élite et à la classe moyenne algériennes. Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l'Algérie, avec ses 15 millions de citoyens francophones, est le troisième pays le plus francophone au monde après la France elle-même et la République démocratique du Congo.

Les effets de cette décision se feront sentir progressivement, et nous commencerons à les percevoir lorsque les élèves actuels du primaire, c'est-à-dire la première génération de jeunes Algériens qui parlent anglais, auront 18 ou 20 ans.

Cette mesure présente-t-elle un aspect positif pour la société française ?

Il y a à la fois des Algériens de souche qui vivent en France, et des Algériens eux-mêmes (la grande majorité sont des travailleurs immigrés, mais aussi des hommes d'affaires, des étudiants, etc.) Il y a aussi des binationaux. Enfin, il y a les clandestins, dont le nombre n'est pas exactement connu.

Les Français d'origine algérienne doivent-ils être considérés comme des membres de la diaspora ? Formellement non, mais qui a étudié leur propre attitude ? Les clandestins appartiennent-ils à la diaspora Ces facteurs et d'autres encore font qu'il est difficile de déterminer avec précision la taille de la diaspora algérienne en France.

Selon la partie algérienne, près de 4 millions d'émigrés algériens vivent en France. L'estimation française est plusieurs fois inférieure.

Cependant, quelle que soit la taille réelle de la diaspora algérienne, cela ne diminue en rien l'influence qu'elle exerce sur la vie politique, économique et sociale de la France.

Pour mieux illustrer le rôle de la diaspora algérienne et ses liens avec l'ancienne métropole, il faut savoir qu'aujourd'hui, 90 % des Algériens vivant sur le continent européen sont concentrés en France.
Le monde est plus grand que les frontières des pays francophones. Le gouvernement algérien a dû avoir cette idée en tête, avec son parti pris pour l'apprentissage de l'anglais. Les futurs migrants algériens anglophones pourront explorer de nouvelles régions géographiques, ce qui signifie qu'avec le temps, on peut s'attendre à ce que le nombre d'Algériens migrant vers la France diminue.

Sans un afflux de nouveaux migrants, il est très difficile pour une diaspora de se développer de manière dynamique et son influence sur le pays de résidence commence à s'affaiblir avec le temps. Priver la diaspora algérienne d'une alimentation régulière pourrait conduire à un affaiblissement de sa base économique et sociale en France.

Ce processus pourrait avoir un effet positif sur la France.

En effet, les troisième et quatrième générations d'Algériens nés en France et possédant la nationalité française vivent aujourd'hui en France. La plupart d'entre eux ont adopté les valeurs de la civilisation européenne et sont suffisamment intégrés dans la société française. La nouvelle génération de citoyens français d'origine algérienne ne s'est pas séparée spirituellement des Français de souche.

Mais il y a aussi beaucoup d'Algériens nouvellement installés en France qui n'adhèrent qu'aux traditions de leur religion et de leur culture et qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s'intégrer, ce qui rend extrêmement difficile le maintien de l'unité et de la nature monolithique de la société française.

Dans ces conditions, une diminution du nombre d'immigrés entraînera une diminution du nombre de personnes qui ignorent les règles de vie de la société française.

Un autre problème y est lié dans une certaine mesure, celui de la criminalité. Certains migrants, qui n'ont pas trouvé leur place dans la société française, essaient de gagner leur vie rapidement et sans effort, ce qui les pousse à se livrer au trafic de drogue, au vol et à d'autres infractions pénales.

Par conséquent, une éventuelle réduction du nombre de migrants d'origine algérienne se rendant en France pourrait également avoir un impact positif sur la réduction de la criminalité sur le territoire français à l'avenir. En effet, selon les statistiques, une grande partie des délits commis le sont par des migrants.
Il y a du mauvais dans tout ce qui est bon, et du bon dans tout ce qui est mauvais, dit le vieil adage. L'éloignement progressif de l'Algérie de la France est manifestement un peu des deux.

Un large débat public, associant des représentants des partis politiques et des experts indépendants, pourrait éclairer l'attitude des citoyens français sur cette question.

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