KARABAKH: UN SOLDAT AZERBAÏDJANAIS TUÉ LORS D'UN AFFRONTEMENT À LA FRONTIÈRE ENTRE L'AZERBAÏDJAN ET L'ARMÉNIE
Paris / La Gazette
L'Azerbaïdjan a annoncé jeudi qu'un de ses soldats avait été tué lors d'un affrontement avec l'Arménie le long de leur frontière agitée, à quelques jours des pourparlers organisés par l'UE en vue de résoudre le différend territorial qui dure depuis trois décennies.
« Un soldat de l'armée azerbaïdjanaise a été tué à la suite d'un acte de provocation des forces arméniennes », a rapporté le ministère azerbaïdjanais de la Défense. En revanche, l'Arménie a déclaré que quatre soldats avaient été blessés lors des affrontements.
Les dirigeants des deux pays voisins du Caucase du Sud doivent s'entretenir samedi à Bruxelles dans le cadre d'une initiative visant à normaliser les relations entre les deux pays.
Cette réunion, organisée par l'Union européenne, intervient après que les États-Unis ont déclaré que des « progrès tangibles » avaient été accomplis lors des discussions entre les ministres des Affaires étrangères à Washington la semaine dernière pour mettre fin au différend sur la région du Karabakh.
Mais jeudi, les deux parties se sont accusées mutuellement de tirer le long de leur frontière.
« Les forces azerbaïdjanaises tirent à l'artillerie et au mortier sur les positions arméniennes dans la région de Sotk » à l'est, a déclaré, de son côté, le ministère arménien de la Défense.
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a ajouté que « la partie arménienne a une fois de plus violé l'accord de cessez-le-feu » avec des « armes de gros calibre » et que les tirs de mortier se poursuivaient.
Cet incident survient quelques jours avant que le président du Conseil européen, Charles Michel, n'accueille le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, pour des entretiens à Bruxelles.
Selon l'UE, les deux dirigeants ont également convenu de rencontrer les dirigeants français et allemand en marge d'un sommet européen qui se tiendra en Moldavie le 1er juin.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan étaient toutes deux des républiques de l'Union soviétique qui ont obtenu leur indépendance en 1991, lors de l'éclatement de l'URSS.
Ils se sont fait la guerre à deux reprises au sujet du Karabakh, une région internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan mais occupée par l'Arménie depuis près de trois décennies.
Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées lors des deux guerres concernant la région, la première a duré six ans et s'est achevée en 1994, et la seconde en 2020, s'est terminée par un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie. Cet accord a permis à la Russie de laisser stationner un contingent de "maintien de la paix" le long du corridor de Latchine, la seule route reliant l'Arménie à l'enclave.
Toutefois, un différend concernant l'établissement d'un poste de contrôle par Bakou sur le corridor de Latchine le mois dernier a ravivé de violentes tensions entre les nations rivales. Ces tensions ont fait une demi-douzaine de morts de part et d'autre depuis décembre dernier.
Bakou a martelé que le poste de contrôle frontalier avait été créé en réponse aux menaces sécuritaires de l'Arménie, citant le transfert d'armes et de munitions vers la région du Karabakh. Erevan a nié ces accusations et affirmé que cette mesure violait le cessez-le-feu.
L'Arménie, qui compte sur la Russie pour garantir sa sécurité, est également frustrée par ce qu'elle considère comme l'incapacité du Kremlin à remplir son rôle de maintien de la paix dans le territoire.
