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MACRON REPORTE LA RÉFORME ÉLECTORALE EN NOUVELLE-CALÉDONIE APRÈS DES MANIFESTATIONS

24 Mai 2024 04:30 (UTC+01:00)
MACRON REPORTE LA RÉFORME ÉLECTORALE EN NOUVELLE-CALÉDONIE APRÈS DES MANIFESTATIONS
MACRON REPORTE LA RÉFORME ÉLECTORALE EN NOUVELLE-CALÉDONIE APRÈS DES MANIFESTATIONS

Paris / La Gazette

Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il retarderait une réforme du mode de scrutin en Nouvelle-Calédonie qui, selon le peuple autochtone kanak des îles du Pacifique, diluerait leurs votes et saperait leur lutte pour l'indépendance.

S'exprimant jeudi à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, après avoir rencontré les dirigeants politiques locaux, Emmanuel Macron a déclaré que son objectif ultime était toujours de signer la loi, mais seulement si la paix revenait et si un pacte plus large sur l'avenir de l'île pouvait être forgé.

« Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force », a-t-il martelé devant le bâtiment du Haut-commissariat de la République française.

Il faut dire que la situation sur place est explosive. Les émeutes viennent de faire un septième mort ce vendredi 24 mai, à Dumbéa. Un homme de 48 ans a été "atteint mortellement" par le tir d'un policier, a annoncé le parquet de Nouméa. "Le fonctionnaire aurait fait usage de son arme de service en tirant un coup de feu" après avoir été, avec un autre policier, "pris à partie physiquement par un groupe d'une quinzaine d'individus", selon le procureur.

Auparavant, 6 personnes, dont trois jeunes Kanaks, avaient été tuées et environ 280 personnes ont été arrêtées depuis que des manifestations ont éclaté il y a une semaine et demie pour protester contre ce projet qui permettrait à des milliers de résidents français supplémentaires ayant vécu en Nouvelle-Calédonie pendant 10 ans ou plus de voter.

Paris affirme que cette mesure est nécessaire pour améliorer la démocratie. Près d'un quart de la population s'identifie comme européenne, principalement française. Il s'agit majoritairement des "Caldoches", descendants des premiers colons blanc, et des métropolitains installés sur l'archipel.

Les dirigeants kanaks souhaitent l'annulation de la réforme, craignant qu'elle ne dilue leur vote et ne rende plus difficile l'adoption d'un futur référendum sur l'indépendance.

Le président français, qui est arrivé sur l'île tôt jeudi, pour repartir ce vendredi, a déclaré que sa priorité immédiate était de rétablir le calme, de reconquérir les zones touchées par la violence et le désordre et de contribuer à l'instauration d'un dialogue politique.

Environ 3 000 soldats ont été envoyés de Paris depuis le début des violences et pourraient rester jusqu'aux Jeux olympiques de Paris, qui débutent le 26 juillet, a précisé Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat français a en outre insisté que la réforme du mode de scrutin avait une « légitimité démocratique » après avoir été adoptée par les législateurs à Paris. Il a insisté qu'il n'y avait aucun doute sur la légitimité du référendum de 2021 qui avait montré une majorité écrasante contre l'indépendance. Sauf que la précipitation avec laquelle ce scrutin avait été organisé, avait amené la population kanak à ne pas y participer.

Enfin, depuis le 2 décembre 1986, la Nouvelle-Calédonie, à laquelle la population autochtone préfère le nom de Kanaky, est ré-inscrite chaque année par l’Assemblée générale des Nations Unies sur la liste des territoires à décoloniser.Une liste de 17 pays sur laquelle figure également la Polynésie française.

Ce que redoute l'État français, c'est qu'un processus d'indépendance de la Nouvelle-Calédonie encourage les indépendantistes de Polynésie à suivre le même processus. Le problème du statut des anciennes colonies françaises est loin d'être résolu.

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